Responsables et experts iraniens ont rejeté mardi les nouvelles accusations de l'Arabie saoudite selon lesquelles Téhéran fournit des armes aux rebelles du Yémen, ironisant sur les menaces de riposte de Ryad après le dernier tir de missiles des Houthis. Tout en excluant une action militaire saoudienne, des analystes à Téhéran s'inquiètent néanmoins d'éventuelles tentatives de déstabilisation de l'intérieur même du pays, qui seraient coordonnées selon eux par les Etats-Unis.......Détails........
Ryad a une fois de plus accusé lundi l'Iran de fournir des armes aux Houthis, affirmant que sept missiles balistiques tirés dimanche soir par les rebelles yéménites sur le territoire saoudien avaient été fournis par Téhéran.
"Nous nous réservons le droit de riposter contre l'Iran en temps et lieu", a prévenu Turki al-Maliki, porte-parole de la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite qui intervient depuis trois ans au Yémen contre les rebelles, accusés de liens avec Téhéran et maîtres de vastes régions y compris la capitale Sanaa.
Il a accusé l'Iran de faire passer des armes à ces rebelles yéménites via le port de Hodeida et l'aéroport de Sanaa, tous deux sous contrôle des Houthis.
Les Gardiens de la révolution, force d'élite qui relève directement du chef suprême de la République islamique d'Iran l'ayatollah Ali Khamenei, ont rejeté mardi ces nouvelles accusations.
"L'objectif de telles affirmations (...) est de détourner l'opinion publique des atrocités (qu'ils) commettent au Yémen", a répliqué Yadollah Javani, un responsable des Gardiens de la révolution, cité par l'agence de presse conservatrice Tasnim.
Alors que le royaume saoudien accuse l'Iran d'armer les Houthis, Téhéran revendique son soutien aux rebelles mais dément catégoriquement leur procurer des armes.
Il accuse à son tour Ryad de "crimes de guerre" au Yémen.
Mardi, le responsable iranien a affirmé qu'il était impossible de faire parvenir des armes au Yémen en raison du blocus imposé par la coalition.
"La réalité est que la nation yéménite est en train de résister à l'agression saoudienne et elle a réussi à construire des outils de défense en comptant sur ses propres capacités, se dotant notamment de missiles, une chose que l'Arabie saoudite n'aurait jamais pu imaginer", a affirmé M. Javani.
A Téhéran, des experts ont dès lors minimisé les menaces de Ryad en soulignant que le conflit au Yémen avait exposé ses faiblesses.
"Les Saoudiens sont incapables de vaincre l'un des pays les plus pauvres au monde", a raillé Mohammad Reza Marandi, un politologue de l'Université de Téhéran.
"Les gens au Yémen combattent les Saoudiens avec des pantoufles aux pieds. Ils n'ont même pas de bottes. Même avec les centaines de millions de dollars en armement acheté aux Occidentaux (...) les Saoudiens ont complètement échoué", a-t-il jugé.
En Iran, on s'inquiète en revanche d'une coordination grandissante entre les monarchies arabes du Golfe, les Etats-Unis et Israël contre l'Iran.
"Ce qui m'inquiète, ce sont les tentatives des Saoudiens d'unifier tous les éléments anti-iraniens, y compris des acteurs non-étatiques (...), avec le soutien politique et militaire de ses alliés, en particulier les Etats-Unis", affirme Mojtaba Moussavi, un politologue conservateur à Téhéran.
Il évoque un soutien de Ryad à des milices jihadistes anti-iraniennes et aux Moujahidine du peuple, groupe d'opposition en exil considéré comme une organisation "terroriste" par Téhéran.
"Il existe des efforts pour déstabiliser l'Iran en renforçant les milices et en augmentant la pression économique sur la société", poursuit M. Moussavi, écartant l'éventualité d'une guerre directe.
Plusieurs dizaines de villes iraniennes ont été agitées par des troubles ayant fait au moins 25 morts autour du Nouvel An, en marge de manifestations non autorisées contre la situation économique et sociale du pays et le pouvoir. Et la grogne sociale ne s'apaise pas, sur fond de chute record de la monnaie nationale.
Le président américain Donald Trump menace de faire voler en éclats l'accord sur le nucléaire --conclu entre l'Iran et les grandes puissances en 2015 et qui doit être renouvelé en mai- et de réintroduire des sanctions, plombant ainsi la relance économique en Iran.
Selon M. Moussavi, la pression économique sur l'Iran vise "à pousser le gouvernement et le peuple iraniens à réduire le rôle des Gardiens de la révolution et leurs capacités militaires, comme le programme balistique."
Rien de cela n'est nouveau, a-t-il affirmé, mais "la nouveauté serait une coalition des Etats-Unis, d'Israël et de pays arabes".
La nomination de John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale prouve que le président Trump "veut donner des gages aux sionistes (Israël) et à l'Arabie saoudite", a estimé samedi un responsable parlementaire iranien.
Source RTL
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