Un simple chiffres a suffi à déclencher une tempête politique. Lundi, alors qu’il intervenait devant la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le colonel Haim Mendes a semé le trouble en indiquant que 5 millions de Palestiniens vivent entre la Judée-Samarie et Gaza........Détails........
Le chef adjoint de l’Administration civile, cette composante de l’armée israélienne qui fait office de gouvernement dans les Territoires, semble s’appuyer sur des données qui lui ont été communiquées par l’Autorité palestinienne. Si son estimation est juste, on compte désormais autant d’Arabes que de Juifs sur le territoire qui s’étend entre la Méditerranée et le Jourdain.
La question revêt évidemment une dimension politique centrale. L’État d’Israël, lors de sa fondation en 1948, a d’emblée été défini comme à la fois juif et démocratique.
Mais comment préserver cette double caractéristique si demain les Arabes deviennent majoritaires dans le pays? Les dirigeants israéliens éludent volontiers ce problème épineux en soulignant qu’il n’est pas d’actualité.
Si l’on s’en tient à la population israélienne, la majorité juive (6,5 millions d’habitants) dispose d’une confortable avance sur la minorité arabe (1,8 million). Mais les choses se compliquent si on intègre la population palestinienne de Judée-Samarie (3 millions selon la nouvelle estimation) ainsi que celle de la bande de Gaza (2 millions).
« Il y a le même nombre de Juifs et d’Arabes entre la Méditerranée et le Jourdain. Ce n’est pas une nouveauté, a plaidé lundi le député arabe Ayman Odeh, et c’est la raison pour laquelle nous nous trouvons à un carrefour: soit deux États basés sur les lignes de 1967, soit un État qui pratique l’apartheid, soit encore un État démocratique où chacun a le droit de voter. »
Plusieurs ténors de la droite nationaliste et religieuse, exaspérés, contestent la validité de l’estimation avancée par l’armée et accusent les Palestiniens de « gonfler » leurs statistiques pour mieux appuyer des revendications politiques.
« L’Autorité palestinienne ne comptabilise pas les morts, dénonce le député (Foyer juif) Motti Yogev, si bien qu’à en croire certains documents le nombre d’Arabes nés durant la décennie écoulée est dix fois plus élevé que le nombre de décès. »
Misant sur la forte natalité des familles juives religieuses qui résident en Judée-Samarie, ces élus estiment que le temps joue en faveur d’Israël et assurent qu’il n’existe pas de menace démographique palestinienne.
Aussi longtemps que les Juifs sont majoritaires sur le territoire de la Palestine historique, ajoutent certains d’entre eux, il restera théoriquement possible de donner le droit de vote aux Palestiniens sans que le caractère juif de l’État ne soit menacé.
Rien, de leur point de vue, ne s’oppose donc à ce que le gouvernement annexe la Judée et la Samarie.
Le démographe Sergio Della Pergola, qui enseigne à l’Université hébraïque, reconnaît que les données transmises par Ramallah intègrent à tort quelque 300 000 Palestiniens qui vivent désormais à l’étranger.
Mais, ajoute-t-il, cette imprécision ne change pas grand-chose au fait que la population arabe, plus jeune, est en train de rattraper la population juive. « Il n’y a plus d’espoir pour ceux qui doutent et l’hypothèse selon laquelle les démographes se sont toujours trompés est dépourvue de fondement. »
À l’avenir, ajoute-t-il, les équilibres démographiques joueront un rôle fondamental dans la définition de l’État d’Israël.
« Il faudra choisir entre un territoire plus vaste mais avec moins d’identité juive et une identité juive plus affirmée sur un territoire plus restreint. ».
Source Le Figaro
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