jeudi 2 juin 2016

Le concours Miss Trans Israël, un exemple de coexistence





En Israël, il est toujours question de paix (l’histoire du verre à moitié plein). La paix inespérée, signée, sabotée ou brisée. La paix, rêve impossible ou réalité fragile. Mais la paix. Et, nous en conviendrons, vu sous cet angle la paix est d’abord un état d’esprit. Aussi le premier message de la fraîchement sacrée première reine de beauté transgenre israélienne ne peut que redonner confiance en un avenir pacifié...







« Notre pays m’a permis de mettre fin à la guerre entre mon âme et mon corps, a déclaré la jeune Talleen, émue, aux journalistes. Et s’il est parvenu à faire la paix en moi, c’est bien un pays de paix. »
Talleen Abu Hanna, Arabe chrétienne de Nazareth, représentera Israël aux deux compétitions Trans internationales, à Barcelone et Bangkok. Elle a reçu sa couronne en robe de mariée des mains de Vanessa Lopez, vainqueur l’année dernière du titre Trans mondial.
Du nord au sud d’Israël, des centaines de transsexuelles, chrétiennes, juives, musulmanes, ont souhaité participer à la première édition de Miss Trans Israël. Il a fallu trois auditions, qui se sont tenues au mois de mars, pour choisir les douze finalistes, selon des critères de beauté, bien sûr, mais aussi de tolérance et de diversité.
« Car la coexistence est le début de la paix », affirme Israela Stephanie Lev, à l’initiative du projet, financé en partie par la mairie de Tel Aviv. Vendredi 27 mai enfin, pour le dernier volet de la compétition, les plus chanceuses ont défilé sur la scène d’HaBima.
Le théâtre national. Un honneur ? Un symbole. Parmi elles se trouvaient trois Arabes, dont deux musulmanes, et une Juive orthodoxe.
Les organisatrices se sont félicitées de l’écho favorable qu’a rencontré le concours, au-delà des frontières, même dans certains médias arabes, dont Al Jazeera et Al Arabia.
C’est qu’ailleurs au Moyen-Orient les homosexuels doivent se cacher pour rester libres, voire pour survivre. Inutile d’ajouter qu’une telle compétition y est à ce jour impensable. « Israël est le seul pays de la région où l’on peut vivre en tant que gay ou transsexuel sans être jeté d’un toit ou massacré », a affirmé à l’occasion Israela Stephanie Lev.
Mais Rome, nous le savons, ne s’est pas faite en un jour. Il fut aussi en Israël des heures difficiles à vivre pour les transsexuels. « Dans les années 1960, quinze ans après l’Holocauste, les gens étaient occupés à construire le pays. La transsexualité n’était pas à l’ordre du jour », se souvient Efrat Tilma, soixante-dix ans et première trans israélienne.
Elle-même, avant de pouvoir devenir femme à 100 %, se marier, avoir une famille, a été battue et violée… Aujourd’hui, « il y a des juges transsexuels, des avocats, des médecins et des personnes travaillant dans la haute technologie », salue la doyenne des trans tout en notant que demeurent certains progrès à faire : la société israélienne serait dans son ensemble trop ignorante en la matière.
Malgré la tolérance ambiante dont témoigne Efrat Tilma, la plupart des finalistes, entre vingt et trente ans, ont traversé des crises, certaines même couru des dangers, avant de se libérer.
Aylin Ben-Zaken, par exemple, a grandi à Jérusalem dans une famille juive orthodoxe. Elle ressemblait à un rabbin, raconte-t-elle avec humour, lorsqu’elle s’est sauvée de chez elle. Elle avait tout juste quinze ans. Elle en a vingt-sept aujourd’hui.
Depuis les choses se sont tassées et sa famille a fini par accepter son choix. Elle se réjouit de pouvoir à nouveau le vendredi soir s’asseoir près de sa mère à la table du shabbat.
Quant à Carolin Khoury, originaire de Tamra ville arabe du Nord d’Israël, après que sa famille a tenté de l’assassiner, elle a été sauvée par la police israélienne. Sa participation à la compétition était une démarche politique, a-t-elle tenu à affirmer. Elle voulait « non pas vaincre mais envoyer un message de tolérance à la communauté arabe d’Israël et d’ailleurs ».
Même si la société israélienne dans son ensemble se montre de plus en plus ouverte à l’égard des homosexuels et des transsexuels, des foyers de rejet subsistent.
Ainsi, à Jérusalem, un religieux forcené, Yishai Schlissel, a poignardé l’année passée six personnes pendant la Gay Pride. L’une d’elle, Shira Banki, une jeune fille de seize ans, a succombé à ses blessures.
Gageons que ça n’empêchera pas la communauté gay de manifester sa fierté, vendredi à Tel Aviv, où des milliers de personnes venues du monde entier sont attendues pour la Gay Pride, édition 2016.


Source Opinion Internationale