mercredi 30 décembre 2015

Arabes d’Israël : le gouvernement lance un nouveau plan quinquennal


Le Conseil des Ministres discute d’un vaste plan quinquennal de développement économique destiné à réduire les écarts sociaux entre juifs et arabes. Généralement, les décisions prises en conseil des ministres sont courtes : quelques lignes ou, tout au plus, quelques paragraphes...


Cette fois-ci, il a fallu par moins de 26 pages pour élaborer un « programme gouvernemental pour le développement économique de la société arabe dans les années 2016 à 2020 ».
La longueur de la proposition discutée cette semaine en conseil des Ministres est symptomatique de l’étendue des écarts économiques et sociaux qui existent, en Israël, entre juifs et minorités non-juives.

LES PLANS SE SUIVENT ET SE RESSEMBLENT

Ce nouveau plan quinquennal n’est pas le premier : un plan précédent avait déjà été adopté par le gouvernement israélien pour « favoriser l’intégration économique des minorités en Israël » : ce dernier plan couvrait les années 2010 à 2014, mais il ne concernait pas toutes les localités arabes : seulement 13 localités arabes avaient été choisies pour bénéficier d’une aide gouvernementale accélérée.
Si les intentions étaient bonnes, les résultats n’ont pas été à la hauteur de l’espérance. Entretemps, le rapport Trajtenberg (2014) est venu rappeler que les écarts sociaux et la pauvreté concernaient davantage les populations arabes que les juifs.
D’où la nécessité de prolonger le plan antérieur pour cinq années supplémentaires (jusqu’en 2020), tout en réajustant les objectifs et en l’étendant à toutes les communautés non juives, c’est-à-dire, les arabes, les druzes et les circassiens.

QUINZE DOMAINES D’INTERVENTION

À en croire ce nouveau plan d’action, le gouvernement israélien veut « modifier le système de répartition des fonds publics et les changements structurels nécessaires dans l’action gouvernementale pour parvenir à la réduction des écarts sociaux ».
Il est vrai que ce nouveau programme ratisse très large puisqu’il ne détaille pas moins de 15 domaines d’intervention de l’Etat : l’éducation, les infrastructures de transports, l’industrie et le commerce, l’emploi, la sécurité intérieure, la culture, le logement, l’enseignement supérieur, le tourisme, le développement du Néguev et de la Galilée, l’eau et égout, le sport, les activités communautaires, la santé et les services municipaux.
En ce qui concerne les budgets débloqués pour la mise en œuvre de ce nouveau plan quinquennal, la décision du gouvernement israélien reste floue : certaines actions seront financées par le budget courant du ministère concerné (comme l’éducation), d’autres bénéficieront d’une rallonge (comme les transports qui se voient accorder 100 millions de shekels par an). Au total, un budget d’au moins 15 milliards de shekels (ou 3,5 milliards d’euros) étalés sur cinq ans sera nécessaire pour entrevoir des changements d’ici à 2020.

DISCRIMINATION POSITIVE

Dans la plupart des autres secteurs, il s’agira de favoriser une « discrimination positive » en faveur des arabes, et qui appelée ici « priorité nationale ». Les secteurs les plus concernés par cette priorité restent l’emploi et l’enseignement supérieur.
Certes, la société arabe en Israël fait de progrès constants dans de nombreux domaines économiques et sociaux. Reste à savoir si ce nouveau plan quinquennal sera suffisant pour réduire les écarts avec la société juive qui connaît aussi un développement accéléré : rendez-vous en 2020.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley