Il n’est pas courant en Israël de voir des manifestations d’agriculteurs; pourtant, la colère gronde dans un secteur handicapé par des coûts élevés. Depuis quelques jours, les agriculteurs manifestent dans les grandes villes israéliennes au cri “Sauvons l’agriculture israélienne” : routes barrées, déversement de fruits dans les rues, défilés de protestation, rassemblements devant le ministère de l’Agriculture à Tel Aviv et devant la Knesset à Jérusalem, etc...Details...
Toutes les confédérations d’agriculteurs et de paysans participent à cette mobilisation exceptionnelle, y compris les mouvements des kibboutzim et mochavim.
QUELLES SONT LES REVENDICATIONS ?
Les agriculteurs israéliens se plaignent des coûts croissants qui ne leur permettent plus de gagner leur vie correctement. Notamment, ils protestent contre la taxe de 10% qui leur est imposée pour l’emploi de chaque travailleur immigré.
De même, ils réclament du gouvernement une baisse des tarifs de l’eau. Quant aux importations agricoles, ils en réclament un meilleur contrôle afin de ne pas être affrontés à une concurrence déloyale.
UN CONTEXTE DÉFAVORABLE
Les contraintes administratives s’ajoutent aux difficultés liées à la conjoncture internationale.
La Russie, qui absorbait une grande part de la production de certains produits agricoles, n’est plus capable de payer les factures en raison de la chute du rouble. De même, le cours de l’euro n’est pas toujours favorable aux exportations israéliennes.
Résultats : beaucoup d’exploitants israéliens, qui écoulaient la majeure partie de leur production sur les marchés russes est européens, sont menacés de faillite.
SOLIDARITÉ DES CHAMBRES DE COMMERCE
Les agriculteurs israéliens viennent de recevoir un soutien inattendu des Chambres de commerce. Selon Ouriel Line, le président de la Fédération des Chambres de commerce, « la taxe que les agriculteurs doivent acquitter pour embaucher un travailleur immigré est scandaleuse et ridicule.
Il est évident que la main d’œuvre locale n’est pas suffisante pour travailler dans l’agriculture, et l’imposition d’une taxe supplémentaire ne contribue pas à résoudre le problème, si ce n’est d’alourdir la charge sur l’agriculteur ».
AIDES PUBLIQUES À LA RECONVERSION
À Jérusalem, le ministre de l’Agriculture reconnaît que « en raison de la crise exceptionnelle des termes d’échanges entre Israël et l’Europe occidentale et la Russie, il existe un danger d’effondrement des exploitations agricoles basées sur l’exportation ».
C’est pourquoi, les ministères de l’Agriculture et des Finances préparent conjointement un train de mesures pour soutenir ces exploitations ; une aide publique, d’un montant de 100 millions de shekels, servira à la reconversion des plantations, à hauteur de 70% des investissements réalisés par les agriculteurs. Ce sera une des premiers enjeux du prochain gouvernement israélien.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley