mercredi 11 février 2015

Sinistre campagne électorale en Israël

 
Israël est actuellement plongé dans une sinistre campagne électorale, sous le signe d'ambiance empoisonnée sans précédent. Les débats sont moins sur les réels sujets, mais plutôt sur la personnalité du Premier ministre. Et cette campagne prend une tournure de conflit personnel plus qu'une divergence politique et idéologique...


Certes, dans la course à la Knesseth prennent part plusieurs listes, certaines importantes, mais aussi des fragments de partis, n'ayant aucune, ou très peu, de chances. Mais au-delà des innombrables déclarations, pamphlets et surtout slogans, il s'agit en somme de trois grands camps: Celui dit "valse hésitation" (dont je fais encore partie), estimé à un tiers des électeurs; celui soutenant le Premier ministre Nethanyahu; et celui qui n'a pratiquement qu'un objectif: le faire échouer. Et pour cela tous les moyens sont bons: les coups bas, le commérage, les mesquineries, les attaques personnelles concernant son caractère, voire de son épouse, devenue le symbole à détester et à s'en moquer.
Les opposants à Nethanyahu ne s'en cachent pas. Leur propagande parle assez peu de sécurité, de politique économique, de combat contre la fraude et la corruption - fléau courant qui suscite de nombreuses enquêtes policières. Aussi, les partis d'opposition avance en choeur un slogan: "C'est lui (Nethanyahu) ou c'est nous".
Ce qui rappelle en quelque sorte les dernières élections présidentielles en France, marquées plus par l'opposition à Sarkozy que par le soutien à Hollande. Qu'en pensent aujourd'hui ceux qui avaient fait ce choix? - voyons les sondages.
Prenons pour exemple les titres des médias, pour la plupart opposés à Nethanyahu. Les informations qui ne cessent de déferler la chronique traitent de la quantité de glace consommée au foyer Nethanyahu, ou des relations entre Madame Nethanyahu et le personnel, ou des sous récupérés en rendant après usage les bouteilles vides. Et cette tendance est reprise sur les réseaux sociaux, suivant aveuglement les propos des commentateurs, reprochant au gouvernement à peu près les mêmes choses.
Un sujet débattu mérite pourtant plus de considération et occupe le coeur de la polémique: Nethanyahu devait-il accepter l'invitation à venir parler le 3 mars devant la plénière du Congrès des Etats Unis, réunissant les deux chambres de députés, probablement pour prêcher le rétablissement des sanctions contre l'Iran? Le président Obama en est furieux, craignant un vote déjouant son intention d'imposer son véto sur une telle décision parlementaire. En principe, le veto présidentiel est définitif, sauf vote contraire au Congrès à la majorité de deux tiers. Or, la majorité républicaine au Congrès est d'ores et déjà acquise à Nethanyahu, mais il manque une cinquantaine de voix des députés démocrates, fidèles à leur Président. Or il semble que c'est eux que vise Nethanyahu, bien que bon nombre d'entre eux a annoncé son intention de s'absenter, donc de boycotter le discours.
Sur cette toile de fond Nethanyahu est accusé aussi en Israël de vouloir par ce discours gagner tu terrain électoral, une quinzaine de jours avant le scrutin, au prix d'exaspérer Obama et envenimer davantage les relations avec Washington, allié traditionnel d'Israël.
Cette campagne contre Nethanyahu rappelle celle au moment de la marche de solidarité à Paris suite aux attentats terroristes. Ses opposants l'avaient accusé d'imposer sa présence contrairement à la volonté de l'Elysée et du Quai d'Orsay. En fin de compte la tendance fut renversée, et sa décision justifiée.
En dépit des appels d'annuler son apparition devant la Congrès Nethanyahu vient d'annoncer sa determination, expliquant qu'il s'agit d'un sujet touchant l'existence d'Israël, sans expliquer davantage.
Mais je crois savoir, selon une source des renseignements, qu'il s'agirait de présenter au Congrès le véritable état des pourparlers entre l'Occident et l'Iran en vue d'un accord imminent sur la menace nucléaire. Nethanyahu estime que le Congrès est mal renseigné par la Maison Blanche sur l'issue envisagée des pourparlers, donc sur le contenu de l'accord. Selon ma source il ne s'agirait plus de faire renoncer Téhéran à l'idée même de l'arme atomique, laquelle serait déjà admise par Obama, mais plutôt de trouver un compris sur la durée accordée à Téhéran entre le stade de capacité et celui de fabrication de la bombe. Dans cette éventualité fâcheuse, peu importe s'il s'agira d'un ou de trois ans. C'est l'existence même d'Israël, voire d'autres pays, qui serait en jeu.
Source HuffingtonPost