Outre son propre père, historien aimé et admiré, le Premier ministre israélien a deux autres figures paternelles: les ex-Premiers ministres David Ben Gourion et Menahem Begin. Ces deux principaux dirigeants israéliens, pères fondateurs du système politique de gauche comme de droite inspirent clairement Netanyahou...
Il cite souvent, dans ses discours, leurs décisions courageuses, louant leur contribution essentielle à la création de l'Etat juif. Il a même renouvelé une tradition pratiquée par ses deux prédécesseurs: héberger un groupe d'étude biblique régulièrement à la résidence officielle.
Netanyahou aime se présenter comme le gardien de l'héritage, de la sécurité et de la sauvegarde d'Israël.
"Serions-nous là aujourd'hui si Ben Gourion n'avait pas pris les bonnes décisions?" peut-on lire comme slogan sur une dernière affiche de campagne du Likoud, qui compare Netanyahou et son insistance à vouloir prononcer un discours devant le Congrès à la décision de Ben Gourion de proclamer l'indépendance de l'Etat d'Israël en se heurtant à la position du Département d'Etat de l'époque.
Dans une tentative d'écarter la critique qui entoure son discours du 3 mars prochain, et combler l'écart qui se creuse avec la Maison Blanche, Netanyahou cherche à convaincre le peuple qu'il ne s'agit que d'un désaccord entre un Premier ministre israélien et un président américain.
A l'instar de Ben Gourion qui, en 1948, a déclaré l'Etat d'Israël contre le refus catégorique du département d'Etat américain, ou comme Begin qui décida de bombarder le réacteur nucléaire irakien en 1981, malgré l'opposition de Ronald Reagan, Netanyahou se voit comme prenant des décisions héroïques.
Empêcher un accord malheureux entre les puissances mondiales et l'Iran. "Le peuple juif et la survie d'Israël sont en danger", soutien Netanyahou, qui insiste en précisant que le Congrès est le lieu où cela peut-être arrangé.
Mais la comparaison historique entre Ben Gourion et l'actuel Premier ministre étaient vouée à l'échec.
Le département d'Etat s'est opposé à la création d'un Etat juif pour des raisons tactiques, mais c'est le soutien de Harry Truman, qui aillant décidé d'ignorer ses conseillers, a conduit les Etats-Unis à reconnaître immédiatement l'Etat d'Israël à l'ONU. Quand Ben Gourion a créé l'Etat d'Israël, Truman était là, à poser la première pierre à la fondation d'une alliance étroite entre Jérusalem et Washington.
En 2015, Obama n'est nulle part à l'horizon. Quant à l'alliance... espérons qu'elle connaisse des jours meilleurs.
La comparaison entre Netanyahou et Menahem Begin, sixième Premier ministre d'Israël et fondateur du Likoud, est également remise en question par - nul autre que - le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman. "Lorsque Begin a décidé de bombarder le réacteur nucléaire irakien, il n'y a pas eu de débat public (...) nous nous sommes réveillés le matin et il n'y avait plus de réacteur", a déclaré Lieberman il y a deux jours.
Dans une nouvelle tentative de renforcer sa base électorale, le président du parti de droite-nationaliste Israel Beitenou a intensifié sa rhétorique anti-Netanyahou qu'il accuse de constamment "pleurnicher" sur le programme nucléaire iranien.
Il critique aussi les manipulations du Premier ministre inhérentes à l'opération Bordure protectrice à Gaza l'été dernier, mettant en garde contre des dommages faits à la force de dissuasion d'Israël. Lieberman semble déterminer à voler la vedette à Netanyahou en mentionnant constamment l'héritage de Begin... mais en y ajoutant la réplique immortelle de Clint Eastwood "quand tu dois tirer, tire. Ne parle pas".
Les scandales en cours sur le train de vie luxueux du Premier ministre sont un autre contraste avec ses deux prédécesseurs favoris, associés à une pudeur célèbre qui pourrait même s’apparenter à du puritanisme.
En 2012, après qu'un lit ait été installé dans l'avion qui transportait Netanyahou pour un vol de cinq heures vers vers Londres - et qui a coûté 130.000 dollars - des photos d'archives de Begin dormant mal à l'aise sur un vol de 12 heures vers les Etats-Unis sur un simple siège.
Et comme si son rapport sur les dépenses inappropriées des Netanyahou n'avait pas causé assez de dégâts, le contrôleur d'Etat s’apprête à publier un second document. Pour cela, Joseph Shapira a dû ignorer la pression des proches associés de Netanyahou qui souhaitaient le report de cette publication à après les élections.
Cette fois, le rapport se concentrera sur la hausse de 55% des prix du logement au cours de ces dernières années. Ce rapport accusera directement Netanyahou, selon plusieurs sources.
Et les rivaux du Premier ministre se frottent déjà les mains de joie: tous les chefs de partis, candidats aux élections, ont déjà prévu leur conférence de presse pour être le premier à réagir.
Tout le monde attend l'occasion d'exposer les échecs de Netanyahou, de le critiquer, et de rappeler qu'il n'est pas Ben Gourion.
Source I24News