mardi 8 janvier 2013

Ces politiciens israéliens qui vont révolutionner leurs partis… Shamir, Shaked, Feiglin, Michaeli, Deri, etc…


L’élection générale du 22 Janvier en Israël ne devrait pas donner le coup d’envoie à un changement de cap majeur dans la politique israélienne. Mais elle promet au moins de secouer la Knesset avec une cohorte de nouveaux acteurs de la politique locale. Parmi eux, certains idéologues purs et durs dont les chances d’ascension au parlement d’Israël sont importantes… Et d’autres pour qui ce sera moins facile.

Après 20 ans de manoeuvres politiques, Moshe Feiglin a atteint un poste qui peut raisonnablement être éligible sur la liste du Likoud. Selon lui, « Netanyahu est un grand pilote qui conduit vers nulle part » et il promet qu’il « poussera le Premier Ministre a tirer vers la droite. »
La travailliste Shelly Yachimovich qui s’efforce de présenter son parti comme centriste, bénéficie aujourd’hui du le franc-parler de la gauchiste Merav Michaeli à la 4ème place sur la liste électorale.
Deux « princes politiques » – fils de politiciens de renom – ont lancé leur carrière politique pour cette élection. Yair Lapid est à la tête de son nouveau parti Yesh Atid  (il y a un futur) et Yair Shamir, fils de l’ancien ministre Yitzhak Shamir, a boudé le Likoud de son père parti pour Israel Beitenou, qui se positionne à droite du Likoud officiellement mais à gauche pour les affaires sociales.
La concurrence pour le vote orthodoxe est plus féroce que jamais – ce n’est pas seulement les partis religieux qui poursuivent des électeurs religieux. Feiglin lance un appel aux électeurs religieux, Lapid à pris le rabbin Shai Piron numéro deux sur sa liste, et le parti de Tzipi Livni a mis le rabbin Elazar Stern, en deuxième place.
Dans la niche séfarade orthodoxe, le Shas, lui aussi, à un nouveau challenger – un rebelle du parti haredi Haim Amsalem, qui est à la tête de son nouveau parti Am Shalem. Quant au Shas, il propose aux électeurs le retour d’un de ses anciens leaders, Aryeh Deri, connu pour ses séjours en prison.
Mais les partis religieux  veulent aussi le vote des non-religieux. C’est le cas du Foyer Juif (Habait Hayehudi) qui a mis sur la liste la tr§s séculaire tel-avivite Ayelet Shaked dans les meilleures places de la liste.
Voici le portrait de quelques nouveaux venus dans le paysage politique israélien… Et de quelques autres qui promettent de « changer » les choses s’ils arrivaient à la Knesset.

Yair Shamir
Yair Shamir

Yair Shamir, fils de feu Yitzhak Shamir, est un nom important pour Israel Beitenou, un parti de droite fondé par Avigdor Lieberman pour attirer le vote des immigrants russes. Le parti a obtenu de bons résultats dans le passé à travers le spectre ultra-nationaliste, en particulier en demandant plus de loyauté des arabes envers le pays dans lequel ils vivent.
Depuis la dernière élection, cependant, le mouvement de protestation sociale d’Israël a forcé les questions économiques et le coût de la vie plus à « s’ingérer » dans l’agenda politique d’Israël, ce qui a fait un peu chuter la popularité de ce parti.
Shamir, 67 ans, est l’arme Israel Beitenou pour la propagande électorale dans ce nouvel environnement. Il est très largement contre les milliers de manifestants qui ont mis en place les villages de tentes à Tel-Aviv, d’ailleurs, au contraire, il réclame un « Etat plus fort. » Il favorise le « marché libre » comme « meilleur espoir d’Israël pour réduire ses frais de subsistance. » Pour lui, « c’est de l’économie des israéliens que l’éclatement des monopoles viendra. Et par cet éclatement, Israël promet d’enrichir les classes moyennes.
L’expérience de Shamir se lit facilement au vu des entreprises qu’il a présidé, comme El Al ou il a été Président du Conseil de Surveillance, comme le géant alimentaire Elite ou il a été chef de direction et comme Israel Aerospace Industries ou il a été le Président.
Shamir ne voit guère plus d’efforts à faire pour obtenir la paix avec les Palestiniens. « La balle est dans leur camp, » pense t-il. « Après tout ce que nous avons fait et donner, à eux de venir nous voir s’ils veulent vraiment négocier. »
« Il faut être deux pour faire la paix, mais un seul pour la rejeter », affirme t-il. « Malheureusement, je ne vois pas beaucoup de chance de faire avancer le processus de paix. Au cours des deux dernières décennies, nous avons trop mis l’accent sur ce qui a été un échec du processus au détriment des questions urgentes internes. Je suis heureux qu’il y ait un recentrage à travers le spectre politique vers les problèmes internes ».

Yair Lapid
Yair Lapid

Les protestations sociales et son père célèbre ont préparé le terrain pour Yair Lapid, fondateur et chef du nouveau parti centriste Yesh Atid. Parti d’ailleurs dont il sera le Président « jusqu’en 2022, sans élections primaires, afin de conserver la stabilité au sein du parti. »
Fils de l’ancien ministre de la justice et député Yosef Lapid, Yair est entré en politique après des années de présentation du JT israélien.
Le parti de Lapid a gagné sa popularité actuelle en promettant de répondre aux préoccupations soulevées lors des protestations des tentes en 2011. Parmi ces préoccupations figurent les coûts du logement en hausse et le coût élevé de la vie d’Israël. Ses vœux visent à améliorer l’éducation, la santé et les transports. Contrairement aux travaillistes, Lapid propose d’augmenter l’efficacité plutôt que de faire des changements profonds dans le système national de protection sociale.
Lapid croit fermement à l’intégration des haredim et des Arabes dans le service militaire.
En ce qui concerne la question palestinienne, Lapid prône une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien, mais rejette ce que la plupart considèrent l’un de ses principaux piliers, à savoir que Jérusalem soit partagée et que Jérusalem-Est devienne la capitale palestinienne. « Nous ne pouvons pas négocier sur cette question », a t-il déclaré en Novembre. « Quand il s’agit de Jérusalem, il n’ya pas de compromis. »

Haim Amsellem
Haim Amsalem

Haim Amsellem était membre du Shas jusqu’à la moitié de son dernier mandat… Mais il a allumé les hostilités: cet ancien rabbin de Genêne, en Suisse, pense que « les haredim doivent aller à l’armée… Et s’ils n’y vont pas, ne doivent pas recevoir les fonds publics pour leurs études. » De fait, il pense que « seule l’élite religieuse devrait rester étudier dans les synagogues, mais 90% des étudiants en Yeshiva devraient aller à l’armée. »
De plus, il a également critiqué les religieux qui refusent d’assoupir les règles des conversions au judaïsme.
« Il n’existe que deux façons de quitter le Shas, » a dit Amsellem: « Allez en prison, ou exprimez votre opinion. »
Amsellem a donc créé son propre parti, Am Shalem (Nation Entière), et à choisi de le faire dans les règles du sionisme. Il est pour l’union de tous: blancs et noirs, sépharades et ashkénazes, jeunes et vieux. Pour lui, l’important, c’est l’Etat Juif.
Agé de 53 ans, il est ultra-sioniste, ultra-religieux et surnomme Israël « mon Etat bien-aimé, » une vision parfois bien lointaine de ce que l’on peut entendre parmis certains rabbins du Shas.
Il souhaite prendre des mesures concrètes pour intégrer les haredim, qui est actuellement l’une des populations les plus pauvres d’Israël, dans la population active. Il propose des programmes pour les employer dans la haute technologie, ainsi que la mise en place d’une institution comme l’Université Yeshiva de New York qui combine l’étude religieuse avec des diplômes universitaires.
Shmuel Sandler, politologue à l’Université Bar Ilan et spécialiste de la politique religieuse, a déclaré que Amsellem est « une voix révolutionnaire haredi. »
Selon le Haaretz, Haïm Amsellem est « l’homme politique le plus courageux de l’année 2011″, il a apporté « une bouffée d’air frais » sur la scène politique nationale. Les sondages lui donnent entre 0 et 4 sièges.

Aryeh Deri
Aryeh Deri

Aryeh Deri est membre du parti juif sépharade Shas. C’est l’une des figures les plus populaires de ce secteur, un homme tellement aimé qu’il est classé 58è personnalité israélienne préférée de tous les temps (sondage de 2005).
Aryeh Deri a passé près de deux ans de prison pour fraude et corruption passive, alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Mais son absence n’a qu’augmenter l’amour des orientaux pour lui. Ils ont pleuré sur sa « persécution » par « l’establishment ashkenaze ». C’est grâce à lui que le Shas est devenu ce qu’il est aujourd’hui.
Deri est plein de charisme et a largement le sens de la politique . Il est devenu ministre pour la première fois à 24 ans, et ministre de l’intérieur à 29 ans.Aujourd’hui âgé de 53 ans, il est l’un des 3 dirigeants du Shas avec Eli Yishai et Ariel Attias.
Le retour Deri a compensé la perte des partisans d’Amsellem. Mais il a une signification au-delà du vote Mizrachi (oriental). Il lest considéré comme « une colombe du Shas », à l’inverse d’Eli Yishai.
Son successeur, Yishai, célèbre pour avoir déclaré la guerre aux immigrants africains, les a accusés d’être porteur du SIDA et d’être tous des criminels. Il a menacé d’expulsions massive mais il n’a pas eu l’autorisation pour mener seul et à bien cette politique.
Deri « la colombe » était déjà accusé de « vouloir se coucher pour tout accord possible avec les palestiniens alors que Yishai serait plus tenté de tout bloquer.
Politologue à l’Université de Tel Aviv, Ephraïm Yaar, affirme que « Déri est un négociateur habile qui peut négocier beaucoup de choses de la part du gouvernement, notamment pour le financement des Yechivot. Il suivra le gouvernement si un accord de paix est proposé. »

Ayelet Shaked
Ayelet Shaked

Ayelet Shaked est une habitante laïque de Tel-Aviv. Elle est la première candidate non religieuse de l’histoire d’Israël à se retrouver en deuxième position sur un parti religieux sioniste. Elle espère que sa présence au côté de Naftali Benett permettra au Foyer Juif de grappiller des voix du Likoud.
L’élection de Shaked dans le parti Habayit Hayehudi date des primaires du 13 novembre. « C’était un test décisif pour montrer que le parti s’ouvre et ne reste pas un club pour religieux » affirme le chef du parti, Benett.
Habayit Hayehudi, l’ancien parti national religieux, s’efforce de secouer son image de parti sectaire orthodoxe, dans l’espoir d’attirer les juifs séculaires et traditionnels qui normalement votent pour le Likoud. Le parti pro-implantations lance un appel particulier à ceux qui se sentent exclus du Likoud de Netanyahu par l’acceptation de principe d’un Etat palestinien depuis la dernière élection. Habayit Hayehudi préconise de renforcer le caractère juif de l’État et d’exclure un Etat palestinien.
Benett veut que dans les années à venir, son parti remplace l’importance du Likoud. Et dans les sondages actuels, il affiche un croissance remarquable. On dit qu’il pourrait gagner entre 13 et 19 sièges, soit devenir le deuxième parti du pays.
Shaked, 36 ans, a créée le lobby de droite « Mon Israël » avec Benett et est devenue une « star » de la défense du Grand Israël. Elle a réussie à rassembler 100.000 personnes prêtes à manifester en Israël ou à l’étranger à chaque fois « qu’un affront sera fait au sionisme. »  L’une de ses cibles favorites est les médias de gauche.
C’est elle qui a distribué les terribles photos des corps de la famille Fogel (assassinée de sang froid par des arabes en mars 2011) aux médias, dans le but « d’expliquer » la barbarie musulmane.

Elazar Stern
Elazar Stern

Pour ses ennemis, il est l’homme qui a honteusement vendu sa communauté orthodoxe. Pour ses admirateurs, il est l’une des quelques personnes qui incarnent un sionisme religieux modéré.
Elazar Stern détient la deuxième place sur la liste des candidats Knesset pour le nouveau parti dirigé par l’ancien ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, Hatnua. Ce parti devrait obtenir, selon les sondages, entre 5 et 11 voix.
 Stern était à la tête des ressources humaines de l’armée en 2005 quand Israël a expulsé les juifs de Gaza. En réaction, sa famille et lui-même ont été caillassé lors qu’ils allaient prier au mur des lamentations.
«Malheureusement, la plus grande erreur du sionisme religieux au cours des 40 dernières années, c’est d’avoir poussé la question de l’identité juive de côté pour la question de savoir vers quelle frontière aller », a t-il dit.
Stern veut qu’Israël alloue des fonds à la réforme de l’Etat et des institutions conservatrices, et mettent en place des organes d’état accessibles aux non-pratiquants.
Aujourd’hui âgé de 56, Stern fut un militaire de carrière de 1974 à 2008. Dans son rôle des ressources humaines, il a mis en place le programme qui permet aux soldats qui ne sont pas halachiquement juifs de convertir au cours de leur service dans l’armée – une conversion méprisé par les orthodoxes.
Stern a la réputation d’un homme qui dit ce qu’il pense, même si ce n’est pas populaire – il était l’un des seuls israéliens à s’opposer publiquement à l’accord de libération de Gilad Shalit contre 1027 terroristes palestiniens.
Il rejette l’opinion de la communauté internationale selon laquelle les implantations de Judée-Samarie sont illégales mais « est prêt à faire des concessions pour la paix. » Néanmoins, « je ne suis pas sur que nous ayons un véritable partenaire. »

Tamar Zandberg.
TamarZandberg

Une manifestante sociale qui ont continué la lutte même quand les médias ont cessé d’en parler. Tamar, 36 ans, est candidate d’extrême gauche pour le Meretz.
Conseillère municipale à Tel-Aviv, elle a conduit à la grève de la mairie, accusant le maire Ron Huldaï de saper le travail de protestation sociale. Ce derneir refusait de voir les manifestants prendre possession du boulevard Rotschild. Il a envoyé la police interpeler 85 manifestants.
Zandberg, une militante des premiers jours. Elle est également connue pour descendre dans la rue pour défendre la cause palestinienne. Elle a été l’organisatrice de la manifestation « oui à la Palestine » en septembre 2011. Pour elle « la voie de l’ONU est la plus sûre, la plus pacifique » pour les palestiniens de promouvoir leur indépendance. « C’est aussi le moyen pour Israel de garantir la survie de l’Etat. »
A Tel-Aviv, elle se bat contre la « coercition religieuse » et tente de placer la question de l’ouverture des lignes de bus à shabbat au devant de l’agenda municipal.
Sa position sur les bus met les religieux en colère pour qui « c’est non négociable. » Et contrairement à beaucoup de gauchistes, elle est en faveur des exemptions à l’armée pour les religieux. »
Les sondages suggèrent que Zandberg, à la sixième place sur la liste du Meretz, n’entrera que difficilement à la Knesset.

Moshe Feiglin
Moshe Feiglin

Lors des dernières élections, il était 36ème sur la liste du Likoud. Il est aujourd’hui 15ème ce qui témoigne du décalage du parti vers la droite. Cette fois, il est presque certain d’entrer à la Knesset.
L’ascension de Feiglin est sa récompense pour 18 années de planification politique. Il a commencé sa carrière politique en appelant à la désobéissance civile de masse pour protester contre le processus de paix d’Oslo, au milieu des années 1990. Il a fondé son propre mouvement, Zo Artzeinu, en 1994, qui est devenu Manhigut Yehudit en 1996. L’idée était de créer une faction radicale à l’intérieur du Likoud pour pousser le parti vers la droite. Maintenant, si tout se passe comme prévu, il sera en mesure de le faire à l’intérieur même de la Knesset.
Feiglin veut annexer la Judée-Samarie, faire arrêter toute aide étrangère, et offrir aux Palestiniens des visas de résidents en Israël mais pas la citoyenneté… Et des incitations financières à émigrer.
Feiglin, 51 ans, affirme qu’une fois à la Knesset « il ne fera aucun compromis. » « J’adhère à des principes et je continuerais à agir ainsi. Je ne vais pas à la Knesset pour réchauffer un siège. »

Merav Michaeli
Merav-Michaeli

Tout comme Feiglin sera l’espoir de pousser le Likoud à droite, la journaliste féministe Merav Michaeli porte elle l’espoir de pousser le parti travailliste… vers la gauche !
Le chef du Parti Shelly Yachimovich a donné à cette jeune femme de 46 ans de grands espoirs. Mais avec seulement 8 sièges selon les sondages, Michaeli, 20ème sur la liste, n’entrera pas à la Knesset.
Yachimovich a tendance à rester silencieuse sur la question palestinienne, et à orienter sa campagne sur les questions sociales. Mais Michaeli est rarement calme sur les Palestiniens. « Il nous faut les aider, leur donner plus d’eau, construire leurs maisons, arrêter les destructions de leurs villages » a t-elle écrit dans le Haaretz.
Elle préconise fortement un accord de paix israélo-palestinien qui implique de profondes concessions par Israël et critique violemment les implantations. Sur le plan intérieur, elle s’oppose à la privatisation des entreprises d’État.

Source Jss News