Les banques de Chypre sont sur le point de s’effondrer. En raison de la crise qui a commencé en Grèce, Chypre, l’un des 17 pays européens qui utilisent l’euro comme monnaie, est victime de l’effet domino de l’euro et est tirée vers le bas par l’eurocrise.
Depuis le printemps dernier, Chypre, un petit pays d’à peine un million d’habitants, a entamé des négociations avec les autres membres de la zone euro sur un plan de sauvetage financier. Lorsque la Grèce a rafraîchi sa dette de 85%, les banques chypriotes ont subi de lourdes pertes. Pour rester à flot, les banques chypriotes ont actuellement besoin d’environ 17 milliards € (23 milliards de dollars) – une somme énorme pour un pays avec un PIB en 2011 de seulement € 19 milliards (25 milliards de dollars) et une contraction de l’économie.
La fortune de Chypre, cependant, est son emplacement physique. C’est l’île la plus orientale de la Méditerranée et est d’une importance stratégique considérable. Chypre est comme un énorme porte-avions situé en face de la Turquie, la Syrie, le Liban, Israël et l’Egypte. En outre, d’énormes gisements offshore de pétrole et de gaz ont récemment été découverts dans les eaux territoriales chypriotes.
Chypre est aussi le lieu où le printemps arabe répond à la Eurocrise. Le port syrien de Tartous accueille la seule base navale russe en Méditerranée. La chute imminente du régime Assad en Syrie contraint le président russe Vladimir Poutine à chercher une alternative à Tartous – le laissant avec une seule option: Chypre.
Politiquement et économiquement, la Russie et Chypre sont déjà liés étroitement. Le Président Demetris Christofias est le dirigeant du Parti communiste chypriote. Il a rencontré sa femme pendant ses études à l’Académie des Sciences de Russie à Moscou dans les années 1960. Quand la Russie est devenue «capitaliste», les liens entre les deux pays sont devenus encore plus proches. Des milliers de Russes riches ont mis leur «argent noir» dans les banques chypriotes. Bien que Chypre a rejoint la zone euro en 2008, ses banques n’ont presque pas de clients d’autres pays européens. À l’exception de la Grèce, avec laquelle les Chypriotes partagent la langue et des liens culturels et historiques étroits. Les banques chypriotes répondent presque exclusivement aux oligarques russes, par conséquent, la petite Chypre a pour principal investisseur étranger la Russie.
En Novembre 2011, Chypre a été renflouées par emprunt de 2,5 € milliards en provenance de Russie. En Juin 2011, Chypre s’est tourné vers l’Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI, demandant une aide d’urgence d’au moins 10 Md €. Mais, en contrepartie, l’UE, la BCE et le FMI – la Troïka – ont demandé à Chypre de réformer son économie. Les négociations sur ces «réformes structurelles», telles que la privatisation des entreprises publiques et la réduction des salaires, ont duré près de huit mois.
Aucun accord n’a pu être conclu entre les communistes au pouvoir, qui refusent de mettre en œuvre les réformes exigées par la Troïka, et l’Allemagne, payeur principal de l’eurozone. L’automne prochain, des élections générales auront lieu en Allemagne. Avec un électorat qui est fatigué de renflouer les banques et les gouvernements en Grèce, en Irlande, au Portugal et en Espagne pour sauver l’euro la chancelière Angela Merkel est réticente à venir en aide à Chypre.
En Novembre, un rapport de renseignement du Bundesnachrichtendienst (BND), l’équivalent allemand de la CIA, a rendu les choses encore plus difficile pour Merkel. Le rapport affirme que le plan de sauvetage de Chypre reviendrait à utiliser l’argent des contribuables allemands pour sauver les fonds des Russes riche, qui ont déposé jusqu’à 26 milliards d’euros en «argent noir» dans les banques chypriotes, qui sont maintenant au bord de la faillite. Le BND accuse Chypre de créer un terrain fertile pour le blanchiment de l’argent russe, une accusation encore aggravée par la facilité avec laquelle les oligarques russes peuvent obtenir la nationalité chypriote et avoir ainsi un accès automatique à tous les Etats membres de l’UE. Le BND a indiqué que 80 oligarques ont réussi à gagner l’accès à l’Europe grâce à Chypre.
La même chose s’applique à Israël. L’Etat juif et Chypre sont également en train de renforcer leurs liens. Israël cherche à travailler avec Chypre sur l’exploration et l’extraction du gaz national. Le rapprochement israélo-chypriote a déjà irrité la Turquie, qui tente d’intimider Nicosie et Jérusalem.
Israël collabore également avec Chypre dans le projet EurAsia Interconnector. Il s’agit d’un câble sous-marin qui reliera Israël avec Chypre. Le lien de 286-km sera le plus long du monde, lien sous-marin sous forme de câble d’alimentation.
Si l’Europe ne parvient pas à sauver Chypre, il y a au moins deux pays, la Russie et Israël, pour qui il est logique, de manière politique, économique et stratégique, de venir en aide à Chypre. En effet, si une union monétaire entre les différentes nations n’a guère de sens, une union monétaire entre la monnaie chypriote et le shekel israélien aurait plus de sens que le mariage monétaire actuel avec l’Europe.
Source Jss News