La droite remporte la majorité. Le Likoud /Beitenu se tasse et les religieux sionistes et orthodoxes enregistrent une poussée remarquable. Pour autant rien n’est joué quant à la coalition future. Si il semble acquis que les orthodoxes en feront partie dans tous les cas, Bibi pourrait, selon certains analystes, rechercher une alliance avec le centre gauche au détriment de son aile droite.
Compte-rendu des élections:
Majorité : 61 sièges
31 pour le Likud
12 pour Habayit Hayehudi
12 pour Shass
6 Yahadut Hatorah
Opposition 59 sièges
17 pour les travaillistes
7 à Meretz
7 pour Hatnuah
19 pour Yesh Atid
9 sièges pour les partis arabes ( dont Taal 3, Balad 2 et Hadash 4).
1) Le parti Shas (Les gardiens de S’pharad, parti ultra-orthodoxe) très satisfait de ses résultats, fait la fête ce soir (photo ci-dessus lors des résultats). Shas sera quoi qu’il arrive membre de la coalition gouvernementale.
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2) Grosse déception au sein du Likoud réuni, le temps de la soirée électorale, aux Ganei Hataarukh’a, le parc des expositions, au Nord de Tel-Aviv (ci-dessus, ce soir). Le Likud estime cependant que Bibi vient de recevoir un mandat clair pour diriger la prochaine coalition à la tête du « courant CENTRAL du pays ». On anticipe des négociations extrêmement serrées avec les partenaires potentiels. Le premier coup de fil de Bibi a été pour la patron de Yesh Atid, Yair Lapid, qui fort de ses 19 députés, pourrait – et souhaite- rejoindre la coalition future. Les dirigeants du Likud n’excluent rien tout en admettant que les alliés naturels sont les religieux sionistes et orthodoxes (Shas et Habayit Hayehudi). On perçoit cependant un rapprochement à l’œuvre en coulisses avec le centre gauche de Yair Lapid. Bibi Netanyahu prend la parole au même moment que Yair Lapid (abandonné par les médias dès cet instant). Bibi (ci-dessus avec Lieberman) est égal à lui-même, vainqueur, il parle, détendu mais avec gravité, de la 3ème opportunité de diriger l’Etat d’Israël, qui lui est donnée ce soir par les électeurs. Il parle de changements à venir pour l’ENSEMBLE des citoyens israéliens. Il appelle ces changements avec, dit -il, une majorité élargie, et toujours une priorité à la sécurité (dont le défi nucléaire iranien). Il cite aussi la paix, une économie de crise responsable, la répartition des efforts, la baisse des prix de l’immobilier et du coût de la vie. Ouverture au centre gauche oblige.
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3) Habayit Hayehudi, religieux sioniste, satisfait, sans plus, en dépit d’un score historique Le parti stratégise en interne, en attendant les résultats finaux. Certains analystes envisagent même une coalition d’union centre gauche-Likoud, sans Habayit Hayehudi. Simplement pour démontrer que RIEN n’est joué. Les premiers mots du leader du parti, Naftali Bennett, sont pour les soldats de Tsahal qui gardent le pays aux frontières, « vous êtes nos héros ». Il a un mot pour tous, pour les druzes comme pour les arabes israéliens. Il dit Habyait Hayehudi ( la maison juive) est la maison de TOUS en Israël… Des paroles fortes. Pour tous ceux qui aiment l’armée de défense d’Israël, la littérature israélienne, la religion juive, les héros d’Israël (il cite Yoni, le frère de Bibi, héros d’Entebbe). Il parle d’égalité des chances pour tous les enfants d’Israël. Il veut la baisse des prix, etc. Il revendique un sionisme fier, la tête haute et pas un sionisme honteux, qui se cache. (Les commentateurs et les analystes font remarquer cependant que Habayit Hayehudi n’a pas le monopole du sionisme…).
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4) Très grosse fête à Yesh Atid. Drapeaux arc-en-ciels et israéliens brandis (1ère photos ci-dessous ce soir). Certains analystes voient le parti comme un futur allié de Bibi au sein de la coalition gouvernementale…Simples conjectures pour l’instant. L’agenda de Yesh Atid est toutefois suffisamment flou pour permettre toutes les combinaisons. Ci-dessous Lapid ce soir pendant son discours, il se présente comme un homme d’ouverture compatible avec tous les grands courants de la société israélienne. La perche est tendue.
Lapid pendant son discours (totalement occulté par celui de Bibi, au même moment).
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5) Shelly Yachimovitch, la patronne du parti travailliste, veut faire barrage par tous les moyens à Bibi, elle adopte une ligne dure, tient un langage marxisant, dénonçant le capitalisme darwiniste (sic) de Netanyahou. Un portrait de Ben Gourion en arrière-plan, son discours, rauque, mécanique, est très idéologique quoi qu’elle s’en défende. Elle martèle ses mots, fait huer le premier ministre, refuse radicalement tout compromis. Elle dit demain matin, un travail politique très dur commence. Elle répète plusieurs fois, demain matin, pour conclure que les lendemains devront se faire sans Benjamin Netanyahou. Elle appelle à une société plus morale, etc. Les commentateurs tranchent, elle sera dans l’opposition. Mais d’où sort-t-elle cette idée d’un scénario sans Bibi, dans quel film a-t-elle vu cela ? Persiflent-ils .
Source NanoJV