jeudi 13 février 2020

«Faux Jean-Yves Le Drian»: 10 et 14 ans requis pour les deux cerveaux de l’arnaque


Pour ces « hold-up au bout du fil», la procureure a requis la plus lourde peine à l’encontre de Gilbert Chikli, considéré comme le pionnier de ce type d’escroqueries. Une paternité qu’il a contesté lundi........Détails.........


Des « hold-up au bout du fil» : dix et quatorze ans de prison ainsi que deux millions d'euros chacun ont été requis mercredi à l'encontre de deux hommes soupçonnés d'être les cerveaux d'une escroquerie inédite, consistant à usurper l'identité du ministre Jean-Yves Le Drian.
Afin de se faire passer pour le ministre de la Défense auprès de riches personnalités, les malfaiteurs ont utilisé de faux documents. 
Parfois même un masque du ministre. 
Mais ils ont avant tout agi par téléphone, souligne, en préambule de ses réquisitions, la procureure Alice Cherif.
« C'est comme un braquage, un hold-up, sauf que ça se fait au bout de fil, sans violence », estime la magistrate. 
« Au final, c'est le même résultat qu'un hold-up sauf que l'arme, c'est la voix ». Pour elle, derrière cette arnaque, il y a un « duo». 
D'un côté le Franco-israélien Gilbert Chikli, le «roi de la déballe », «celui qui s'expose». 
De l'autre, Anthony Lasarevitsch, « l'homme de l'ombre», le « metteur en scène».
La procureure a demandé quatorze ans de prison pour Gilbert Chikli, dix pour son coaccusé. 
Pour chacun, elle a réclamé 2 millions d'euros d'amende. Tout au long des cinq jours de procès, les deux hommes ont énergiquement clamé leur innocence. Mais pour la procureure, cette défense « s'éclate et se disloque sur la solidité et la réalité des preuves ».

«Immoral, pathétique, intolérable »

Des preuves qui « foisonnent », poursuit-elle et qu'elle détaille, longuement : des messages retrouvés sur les téléphones saisis en Ukraine, des conversations tenues en prison, les déclarations d'autres prévenus.
« Audacieux », « astucieux », « exceptionnel » : des qualificatifs « trop positifs » ont été accolés aux faits, estime aussi la magistrate. 
« C'est immoral, c'est pathétique, intolérable, inadmissible. […] Derrière les millions, il y a des personnes qui sont cassées, qui ont perdu toute confiance en elles ».
En 2015, Alice Cherif avait déjà requis dix ans de prison à l'encontre de Gilbert Chikli lors d'un autre procès. 
A l'époque, il était en fuite en Israël et avait été condamné, en son absence, à 7 ans de prison et un million d'euros d'amende pour avoir escroqué plusieurs grandes entreprises.
On lui reprochait alors des escroqueries dites au « faux président », consistant à se faire passer pour un chef d'entreprise auprès de ses salariés, dans le but de se faire transférer de l'argent.

Le «parrain » de ce type d'escroquerie

A 54 ans, Gilbert Chikli est considéré comme le pionnier de ce type d'escroqueries - une paternité qu'il a contesté lundi. « S'il n'en est le père, il en est à tout le moins le parrain », estime la magistrate, reconnaissant cependant qu'il avait eu beaucoup d'imitateurs.
A l'encontre des cinq autres prévenus âgés de 27 à 49 ans, dont l'un était absent au procès, la procureure a requis des peines allant d'un an à 5 ans de prison ferme, assorties parfois de peine avec sursis et d'amendes. 
Elle a considéré qu'ils étaient complices en ayant, notamment, ouvert des comptes frauduleux ou réalisé du blanchiment d'argent.
« Les escrocs ont franchi un Rubicon », a plaidé, avant ce réquisitoire, l'avocate de Jean-Yves Le Drian. 
« Ils ont usurpé l'image et les attributs régaliens de l'Etat », a tancé Delphine Meillet.
« L'année 2015, c'est l'année noire du terrorisme », a-t-elle rappelé, « c'est dans ce moment-là d'union sacrée qu'un groupe d'escrocs conçoit d'exploiter cette ferveur patriotique à des fins criminelles ».
L'homme d'affaires turc Inan Kirac et l'Aga Khan, chef spirituel des ismaéliens, ont perdu plus de 50 millions d'euros dans cette escroquerie. 
Leurs avocats les ont décrits comme des « amis de la France », âgés tous deux de 80 ans et parlant un français parfois approximatif.
« Il y a du cynisme dans le choix de ces proies », a estimé Me Jacqueline Laffont, l'une des avocates d'Inan Kirac. 
« Les personnes que nous représentons n'ont pas été naïves, elles n'ont pas été crédules, elles ont été généreuses, elles ont voulu défendre les valeurs de la République ». 
Les plaidoiries de la défense se poursuivaient mercredi soir.

Source Le Parisien
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