dimanche 1 septembre 2019

Rencontre avec le Grand Rabbin de France en conférence à Clermont-Ferrand ce dimanche (Interview)


Pour le 20e anniversaire des Journées européennes de la culture et du patrimoine juifs, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, donnera une conférence à l’espace Simone-Veil, à Chamalières à 15 heures. Haïm Korsia vient à Clermont environ tous les ans. « Je connais bien, oui. » Dimanche, il s’agira certainement de sa visite la plus médiatique......Interview......



Quel est le rôle d’un Grand Rabbin ?
« Créer une cohésion. Partager des expériences. Je ne représente rien ni personne, ça ne voudrait rien dire. Cette semaine, j’étais à la commission parlementaire sur la bioéthique par exemple. »

Vous avez beaucoup étudié le rôle du rabbin. C’est une fonction à réformer ?
« Elle bouge avec son temps. Aujourd’hui, les rabbins doivent être avec leurs fidèles. 
Dans un monde d’hyperspécialisation, personne ne peut tout savoir. Un rabbin n’est pas seul. J’ai, autour de moi, des rabbins vétérinaires, avocats… »

Aujourd’hui les gens refusent plutôt les contraintes. Les religions doivent-elles s’adapter ?
« Mais les contraintes c’est la vie. La vie c’est les limites. Moi, je reste fidèle au texte. On n’est pas libre quand on fait ce qu’on veut, mais quand on fait ce qu’il faut. 
Les limites nous libèrent de la possibilité de tout faire, donc de ne rien faire. C’est le syndrome de Buridan, du nom de l’âne de Buridan. Cet âne qui n’arrive pas à choisir entre le tas d’orge et le tas de pois. Il fait des centaines d’aller-retour et meurt de faim. 
Regardez les poètes, ils se mettent la contrainte de l’alexandrin. Les artistes se mettent toujours des contraintes pour créer. »

Le thème de votre conférence est « Transmettre et innover », mais devait être « Innover et transmettre » à l’origine. C’est vous qui avez changé l’ordre des mots. Pourquoi ?
« Transmettre, ça veut dire redonner ce qu’on m’a donné. Si je redonne, je n’innove pas. 
Si j’innove, je peux aussi trahir ceux qui m’ont transmis. Et si je ne transmets pas une vérité que j’ai reçue, je trahis les générations à venir. Donc, on doit transmettre en y ajoutant une part de soi. »

À Clermont, les communautés musulmanes et juives sont très proches. 
« Comme partout. Il y a une histoire commune, la circonstance minoritaire, le fait d’avoir une religion avec des interdits concrets. »

Mais on voit apparaître une haine chez les plus jeunes. 
« Je n’arrive pas à comprendre. Ce besoin de haïr pour exister. »

Que faut-il faire ? Parler ?
« Oui, mais il faut que les gens veuillent parler. Ce n’est pas évident. Il faut être capable de vaincre ses pulsions. »

Il y a 15 millions de juifs dans le monde. En nombre d’adhérents, c’est la 10e croyance mondiale (en incluant les athées et agnostiques). Pourquoi la communauté juive fait autant parler ?
« Ce n’est pas le nombre qui compte, mais le message partagé. Bien sûr, il y a une haine arbitraire. 
Mais surtout, il y a une haine de celui qui rappelle la règle. Qui rappelle les limites. L’empêcheur de tourner en rond. Le peuple qui a reçu les commandements de Dieu au mont Sinaï. »

Propos recueillis par Simon Antony

Source La Montagne
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