Le président israélien Reuven Rivlin a mandaté mercredi soir le premier ministre sortant Benyamin Nétanyahu pour former le prochain gouvernement de coalition afin de sortir le pays de l'impasse après des élections législatives n'ayant pas réussi à faire de vainqueur clair. Bref, la situation se répète et rien ne semble empécher la tenue d'un troisième scrutin.......Détails........
Mais M. Nétanyahu a aussitôt essuyé un revers : Benny Gantz, chef du parti centriste bleu-blanc et grand rival lors des élections du 17 septembre, a rejeté sa main tendue pour faire partie d'un gouvernement d'union.
À l'issue de ces législatives, M. Nétanyahou, avec ses alliés de droite et des partis religieux, compte 55 sièges sur les 120 du Parlement et le centriste Benny Gantz, avec le ralliement des partis de gauche et majoritairement arabes, ne rassemble que 54 députés.
D'où l'appel plus tôt cette semaine du président Rivlin à des pourparlers entre les deux camps afin de former un gouvernement d'union.
Les deux parties discutaient depuis lundi soir, la presse locale envisageant différents scénarios de partage du pouvoir, mais sans parvenir à s'entendre.
Mais à l'issue d'une rencontre avec MM. Nétanyahu et Gantz mercredi soir à Jérusalem, le président Rivlin a pris les devants et confié la tâche à l'un d'eux, Benyamin Nétanyahou, de tenter de former le prochain gouvernement.
Sa mission sera donc de rallier au moins 61 députés pour atteindre le seuil de la majorité à la Knesset, le Parlement israélien.
Celui qui a le plus de chances c'est Nétanyahou soutenu par 55 députés alors que Gantz n'a que 54, mais 10 sur les 54 ont annoncé qu'ils ne siégeraient pas au gouvernement, a expliqué M. Rivlin lors d'une conférence de presse aux côtés de Benyamin Nétanyahou.
Dix députés de la Liste arabe unie, devenue la troisième force politique en Israël à l'issue des législatives, avaient soutenu la candidature de Benny Gantz pour le poste de premier ministre sans toutefois s'engager à participer dans le prochain gouvernement.
Léger rictus aux lèvres lors de la conférence de presse avec le président, Benyamin Nétanyahou a demandé à son rival Benny Gantz de le rejoindre dans ce futur gouvernement.
Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour former un gouvernement d'union avec une direction conjointe, a-t-il déclaré, évoquant un leadership conjoint, un gouvernement paritaire, avec deux personnes qui le dirigent.
Mais le parti blanc-bleu que je dirige n'acceptera pas de siéger dans un gouvernement dans lequel son chef est sous le coup d'un grave acte d'accusation, a rétorqué M. Gantz, en référence à son rival.
M. Nétanyahou doit en effet être auditionné dès la semaine prochaine pour des soupçons de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires.
S'il réussit à former le prochain gouvernement, M. Nétanyahou ne sera contraint de démissionner que s'il est condamné et que toutes les voies de recours auront été épuisées.
Pour l'heure, le mandat dont hérite M. Nétanyahou ne lui garantit pas de rester au pouvoir, mais seulement d'être celui qui est chargé de rallier les voix afin de sortir le pays de l'impasse.
M. Gantz n'a pas fermé la porte à un rapprochement avec le Likoud de M. Nétanyahou, mais seulement à un gouvernement dirigé par ce dernier, au pouvoir depuis 10 ans sans interruption.
Au terme des élections d'avril dernier, qui n'avaient pas réussi aussi à départager MM. Gantz et Nétanyahou, le président Rivlin avait déjà mandaté ce dernier de former le gouvernement.
Incapable d'y parvenir, Benyamin Nétanyahou avait préféré dissoudre la Knesset et convoquer de nouvelles élections, celles du 17 septembre, plutôt que de permettre au président de confier le mandat à Benny Gantz.
Or cette fois Benyamin Nétanyahou a assuré qu'il allait permettre à Benny Gantz de tenter sa chance pour réunir au gouvernement s'il échouait à nouveau.
Netanyahu, le maître de la survie politique
Premier ministre le plus pérenne de l’histoire moderne d’Israël, Benjamin Netanyahu pourra encore prouver ses talents de “magicien” passé maître dans l’art de la survie politique en tentant de former le prochain gouvernement d’union.
Mais cette tâche, dont il a hérité mercredi soir du président Reuven Rivlin, n’a rien de simple tant le Parlement israélien semble divisé, voire polarisé sur sa personne.
Voix rauque de ténor, cheveux argentés inamovibles, souvent vêtu d’un complet-cravate bleu sur une chemise blanche, Benjamin Netanyahu s’est imposé au coeur du système politique israélien comme s’il en avait toujours fait partie.
Ce fin stratège, habitué du louvoiement, est pourtant le seul Premier ministre d’Israël à être né après la création de l’Etat en mai 1948.
Né le 21 octobre 1949 à Tel-Aviv, Benjamin Netanyahu a longtemps défendu l’idée d’un “Grand Israël”, une idéologie héritée de son histoire personnelle.
Son père, Benzion Netanyahu, a en effet été l’assistant personnel de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite “révisionniste”, qui souhaitait non seulement un Etat juif en Palestine, mais un “Grand Israël” intégrant la Jordanie.
Plus jeune Premier ministre
Benjamin Netanyahu effectue son service militaire dans un commando prestigieux.
Le Proche-Orient est alors dans l’après-guerre des Six Jours, qui a vu en 1967 Israël s’emparer des territoires de Judée et de Samarie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, ainsi que du Golan syrien et du Sinaï égyptien.
Côté arabe, la défaite est amère.
Hors du champ des armées classiques, de nouveaux acteurs s’imposent comme l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui regroupe des groupes terroristes armés palestiniens.
En 1976, le frère de Benjamin, Yoni, commandant de l’unité chargée de libérer les otages d’un vol Tel-Aviv/Paris détourné en Ouganda, est tué pendant l’assaut israélien.
La mort de son frère aîné ébranle profondément Benjamin Netanyahu, qui fera de la “lutte contre le terrorisme”, qu’il associe souvent aux Palestiniens, l’un des fils conducteurs de sa carrière politique.
Orateur né, pugnace, il devient diplomate à Washington, puis ambassadeur à l’ONU dans les années 1980. De retour en Israël, il est élu député en 1988 sous la bannière du Likoud, grand parti de droite dont il devient, avec son style à l’américaine, l’étoile montante.
Pendant la guerre du Golfe de 1991, qui expose Israël à une pluie de missiles Scud irakiens, le nouveau membre du Parlement défend le point de vue israélien sur CNN.
A l’aise devant la caméra, il connaît les codes des médias et maîtrise l’anglais, pour avoir déjà étudié au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Il continue son ascension jusqu’à une première consécration en 1996. A 47 ans, Benjamin Netanyahu triomphe du doyen Shimon Peres et devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire d’Israël.
Mais son règne est de courte durée. Trois ans. Après une brève retraite, il retourne à sa passion, reprend la tête du Likoud et redevient Premier ministre en 2009.
“Guerre personnelle”
Depuis, Israël n’a connu que “Bibi”, passé maître dans l’art de former des coalitions, de coopter des petits partis et des formations ultra-orthodoxes, pour asseoir son pouvoir.
Lui se présente comme le grand défenseur de l’Etat hébreu face à l’Iran, nouvel “Amalek”, ennemi mortel des Hébreux dans la Bible. Ses adversaires décrivent plutôt un autocrate prêt à tout pour rester à son poste.
Idéologue ou pragmatique? “Bien que Benjamin Netanyahu sympathise avec la politique de son père (…), ses actions comme Premier ministre sont avant tout motivées par des considérations pragmatiques”, livre l’universitaire Neill Lochery dans une biographie récente.
Marié et père de trois enfants, il est désormais dans le collimateur de la justice pour corruption, fraude et abus de confiance dans des affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d’échanges de bons procédés avec des patrons d’entreprises, et de tentatives de collusion avec la presse.
Pour Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, Benjamin Netanyahu oscille entre “faucon extrémiste” et “modéré”.
“Depuis les accusations de corruption, il est plus à droite, plus enclin au populisme et à des lois antidémocratiques (…) Il se bat pour sa survie, pour éviter les tribunaux, c’est une guerre personnelle”, dit-il.
Après l’ascension et le pouvoir, ses adversaires rêvent de la chute du “roi Bibi”. Mais ils pourraient encore attendre…
Source Ici Radio Canada & Pure Actu & Koide9enisrael
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