Près de 180 ans plus tard, le groupe Thomas Cook, devenu entre-temps un géant du tourisme avec ses 22 000 employés dans le monde, a dû se résoudre à se déclarer en faillite. Triste épilogue pour l'histoire cette entreprise qui est inextricablement liée à… la lutte contre l'alcoolisme.
« Au début des années 1840, l'Angleterre était ravagée par le gin et Thomas Cook était un champion de la lutte anti-alcoolique », raconte Béatrix de L'Aulnoit, autrice avec Philippe Alexandre de « Thomas Cook : l'inventeur du tourisme moderne » (éd. Robert Laffont).
Si les passagers du premier voyage organisé par Cook se rendent à Lougborough, c'est ainsi pour participer à un meeting visant à détourner les Anglais des sirènes de la bouteille.
Un missionnaire chez Dickens
Le voyage comme moyen d'éduquer les gens. Telle est la vision dont ne se départira jamais Thomas Cook, dont l'enfance ne jurerait pas avec un roman de Charles Dickens.
Il commence à travailler à l'âge de 10 ans. Petit-fils d'un orateur baptiste, il est baptisé pendant son adolescence pour œuvrer ensuite comme missionnaire.
« Pour un salaire de misère, il marche dans les campagnes, supervise les écoles du dimanche où l'on enseigne la Bible et où l'on apprend à lire et à écrire. Il crée même des cours pour adultes », souligne Béatrix de L'Aulnoit.
Après avoir organisé d'autres voyages pour des meetings pendant plusieurs années, Thomas Cook met sur pied sa première véritable excursion à Liverpool en 1845.
Le succès est encore là, avec 1200 personnes. Rapidement, les destinations se multiplient et les distances s'allongent
C'est d'abord l'Ecosse, l'Irlande et puis la Suisse, la France, l'Italie. Les innovations suivent aussi, que ce soit avec la publication d'un catalogue faisant la publicité de ces voyages ou avec l'organisation du premier voyage à forfait pour l'Exposition universelle de Paris en 1855.
Le tour du monde en 222 jours
Thomas Cook profite aussi de l'Empire britannique pour s'implanter dans les dominions et colonies régies par la Couronne.
En Inde, le gouvernement lui demande même d'organiser tous les pèlerinages des musulmans à La Mecque. En Égypte, après l'inauguration du canal de Suez qui relie l'Occident et l'Orient, il dispose de la première flotte de bateaux sur le Nil et la seule jusqu'à la fin du siècle.
L'entreprise prospère encore plus avec l'arrivée dans les années 1860 du fils de Thomas Cook, John Mason, un pur businessman. « Thomas Cook est un peu un idéaliste.
Il pense que les gens vont se connaître avec les voyages, que les peuples ne se feront plus la guerre. Il ne s'entend pas du tout avec son fils, qui est tout le contraire », résume Béatrix de L'Aulnoit.
Cela n'empêche pas Cook de garder la foi chevillée au corps et de partir dès qu'il s'agit d'ouvrir une nouvelle route.
À la fin des années 1860, il organise un premier voyage en Palestine pour pouvoir fêter Pâques à Jérusalem.
Le défi est immense alors qu'il n'y a pas le moindre hôtel en Terre sainte. Pour traverser le désert, il fait appel à guides dans les tribus locales.
Il est également de la partie pour le premier tour du monde organisé en 1872. L'année de la parution du « Tour du monde en quatre-vingts jours » de Jules Verne, lui et sa dizaine de clients privilégiés bouclent ce périple de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres en 222 jours.
Un exploit qui figure sur la pierre tombale de Thomas Cook, décédé en 1892 à Leicester et sur laquelle on peut aussi lire cette inscription : « Il a permis à des millions de personnes de voyager. »
Source Le Parisien
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