Un drame national. Il y a 25 ans, le 18 juillet 1994, une voiture piégée explosait devant le siège de l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), causant la mort de 85 personnes.
Cet attentat terroriste demeure le plus meurtrier de l’histoire du pays mais à ce jour, aucun coupable n’est derrière les barreaux. Les familles de victimes réclament une justice en laquelle elles croient de moins en moins, au fil des années sans réponses.
À l’issue de cet attentat, une enquête avait pourtant été ouverte. Des procureurs se sont succédé et en 2004, Alberto Nisman s’était saisi de l’enquête dans l’espoir de la faire avancer plus significativement que ses prédécesseurs. Ses ambitions n’iront malheureusement pas très loin.
Le 19 janvier 2015, alors qu’il devait être entendu le jour même par une commission parlementaire, la police locale le retrouve assassiné dans son appartement de Buenos Aires.
La semaine précédant son mystérieux décès, le procureur avait affirmé, selon des enregistrements téléphoniques, que Cristina Kirchner serait intervenu afin de renouer des relations diplomatiques et commerciales avec Téhéran, soupçonné d’être à l’origine de l’attentat.
L’ancienne présidente argentine (2007-2015) aurait également, selon lui, tenté de faire annuler les mandats d’arrêt pris par Interpol contre cinq suspects iraniens, mais ce soupçon des autorités n’a jamais été avéré.
Un juge a décidé de ne pas poursuivre l’ancienne présidente, aujourd’hui intouchable au regard de son statut de sénatrice.
Un ancien ambassadeur de l’État hébreu en Argentine cité par l’AFP, Itzhak Aviran, avait déjà laissé entendre en 2014 que les responsables de cet attentat avaient été abattus par les services israéliens mais ces propos n’ont mené à rien.
Malgré les appels réguliers des familles pour creuser de nouvelles pistes, l’enquête piétine jusqu’à un nouveau rebondissement cette année. En janvier dernier, le dirigeant de l’époque, Carlos Menem (1989-1999), est accusé d’avoir entravé l’enquête.
Il est finalement acquitté mais le juge chargé de l’affaire est condamné pour avoir volontairement fait piétiner l’enquête. Juan José Galeano écope donc d’une peine de prison.
À ce jour, les familles des victimes n’ont pas trouvé satisfaction. Les associations de victimes ne réclament pas uniquement que justice soit faite. Chaque année, à l’occasion de l’anniversaire de l’attentat, elles manifestent et demandent au législateur d’imposer des mesures de transparence aux juridictions argentines, accusées de corruption.
Avant sa mort, le procureur Nisman soupçonnait déjà en 2013 des pressions politiques exercées sur la justice afin de ne pas perturber les relations entre l’Argentine et l’Iran.
Téhéran a de son côté toujours refusé de livrer ses diplomates soupçonnés d’avoir participé à la préparation de l’attentat.
Ce drame sans réponse a aujourd’hui une résonance toujours aussi forte dans le monde.
Le pape François a ainsi pris la plume le 13 juillet dernier pour soutenir les familles des victimes juives ou chrétiennes de l’attentat.
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo doit se rendre ce jeudi à Buenos Aires.
Source Le Figaro
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