Synopsis :
Des camps de concentration à Jérusalem : Le Nazi et le Barbier est un roman d’Edgar Hilsenrath datant de 1971.
Il y raconte le destin de Max Schulz, joué par David Nathanson, qui après avoir été un nazi cruel, vole l’identité de son ami juif Itzig, qu’il assassine pour sauver sa peau.
Tatiana Werner signe cette mise en scène étonnante, forte d’un message : ne pas oublier l’Histoire pour construire notre avenir.
On a volé l’enfance de Max Schulz. Violé, battu par son beau-père, il a besoin de tenir à son tour le bâton.
Il DOIT à son tour exterminer les faibles.
C’est en Hitler qu’il trouve un appui, ce sont les juifs qui seront ses victimes. Ces mêmes juifs qui l’avaient accueilli enfant, lui le meilleur ami de leur fils. Lui à qui M. Finkelstein a appris à coiffer.
Ce même coiffeur et son guide de « la coupe moderne sans faire d’escaliers ». Lui qui les suivait à la synagogue, il est prêt. Prêt à tout, même à se convertir en juif, lui qui a pourtant participé à la Shoah en bourreau très appliqué.
David Nathanson incarne avec froideur dans Le Nazi et le Barbier ce nazi sans scrupule.
Seul en scène, il s’adresse à son ami Itzig pour lui révéler son secret. Il évoque les pires scènes de guerre avec une distance glaçante. De bourreau à fausse victime, son seul but : survivre !
Max a simplement « suivi le mouvement ». Non, il n’était pas antisémite ! Mais comment faire pour que d’autres dans l’avenir ne suivent pas à leur tour le « mouvement » ?
L’Homme du monde
C’est l’enseigne lumineuse du salon de coiffure qui surplombe Max Schulz tout au long du spectacle, « L’Homme du monde », et toute l’ironie, la violence du texte d’Edgar Hilsenrath explose.
David Nathanson campe un personnage barbare qui dialogue avec lui-même. Il a participé, dans les camps juifs, à l’extermination de tout un peuple. Et c’est avec délectation que Max nous confie le pire.
Grâce à sa mise en scène, Tatiana Werner souligne avec humour noir de quoi ce lâche opportuniste, par peur du tribunal de guerre, a été capable.
Les éclairages froids en contre-plongée soulignent le regard fou et méprisant de Max.
Avec uniquement un fauteuil de barbier en guise de décor, David Nathanson relate les indispensables transformations du personnage.
La musique du spectacle Le Nazi et le Barbier, mélange de folklore juif et de son moderne (le groupe Thee Silver Mt. Zion) souligne le grotesque de la situation. Nous écoutons l’indicible, l’insoutenable, sur fond de musique classique, légère et douce.
Malgré tout, l’humour résiste. Peut-on rire du génocide ?
L’arrosage au vitriol de ce texte brutal nous met à distance, une distance nécessaire.
Finir barbier sioniste en Israël alors qu’on a endossé la peau d’un ami trouée d’une balle en Pologne en 1944 : quel machiavélisme !
Ce spectacle est juste nécessaire. Un vrai devoir de mémoire.
Source Bulles de culture
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