Le porte-parole du Département d’ Etat américain, Marie Harf, a dit être « perplexe » suite à un rapport du New York Times publié mardi, montrant une augmentation de 20% des stocks de combustible nucléaire de l’Iran au cours des 18 derniers mois. Le rapport du NYT cite un rapport de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique publié vendredi documentant l’augmentation des stocks de combustible nucléaire faiblement enrichi de l’Iran....
Le terme « uranium faiblement enrichi » (LEU) se réfère a de l’uranium enrichi jusqu’à 5%.
Quand un journaliste a demandé à Harf si l’augmentation des stocks de l’Iran a compliqué les négociations actuelles, Harf a répondu : « pas du tout. Notre équipe a lu cette histoire ce matin et était franchement perplexe parce que les principaux arguments de celle-ci sont tout à fait inexacts. »
Harf a expliqué : « tout d’abord, la notion de ce rapport que les responsables de l’Ouest ou les responsables américains impliqués n’étaient pas au courant de cette question ou ne comprennent pas ce que cela implique est tout simplement absurde. Sous le JPOA (plan d’action conjoint), l’Iran peut fluctuer ses chiffres en termes de stocks. Ils peuvent monter et descendre. Tant qu’à la fin de la date fixée, ils soient de retour en dessous d’un certain chiffre. »
« L’idée que cela soit un obstacle est tout simplement absurde, » a-t-elle déclaré catégoriquement. « Ils sont autorisés, encore une fois, à faire ce qu’ils font ici. »
« Ce qui importe est qu’ils (les iraniens) sont déjà engagés, et nous l’avons dit publiquement, à la réduction de leurs stocks à 300 kilogrammes, » a déclaré Harf. « L’idée que cela soit un grand sujet de préoccupation dans les négociations est plus pour fabriquer une polémique que la réalité réelle. Tout le monde qui a lu cette histoire ce matin a été totalement perplexe. »
Ces remarques montrent à quel point le discours politico diplomatique peut être utilisé pour dire n’importe quoi.
Les révélations de l’augmentation des stocks de combustibles nucléaires de l’Iran sont en fait arrivées le même jour que la publication d’une interview d’Obama par la télévision israélienne, dans laquelle il assurait que les stocks iraniens n’avaient en aucun cas augmenté. Le même jour donc, le président américain a été pris à mentir à la télévision, disant le contraire d’un rapport de l’AIEA précisément documenté.
L’Institut pour les Sciences et la Sécurité Internationale doute que l’Iran puisse satisfaire à ses obligations en matière d’uranium faiblement enrichi à 5%, même si elle le voulait.
Les auteurs David Albright et Serene Kelleher-Vergantini évaluent que « du 20 janvier 2014 à mai 2015, l’Iran a produit environ 4000 kilogrammes d’hexafluorure d’uranium faiblement enrichi à 3,5%. L’Iran s’est engagé à convertir tout nouveau hexafluorure d’uranium à 3,5% sous forme d’oxyde. En mai 2015, il a transformé un total de 2720 kg de ce type d’uranium (…) et produit seulement 150 kg de dioxyde.
Ainsi, l’Iran a pris du retard dans sa promesse de convertir son hexafluorure nouvellement produit sous forme d’oxyde. Il y a des questions légitimes quant à savoir si l’Iran peut produire tout l’oxyde d’uranium faiblement enrichi nécessaire. »
« Selon le dernier rapport de l’AIEA, l’Iran vient seulement de commencer à traiter la nouvelle production d’uranium à 3,5% sous forme d’oxyde finale. La raison pour le retard dans la fabrication du dioxyde est inconnue.
Au cours des négociations, les iraniens ont blâmé l’Occident pour ce retard, affirmant que les valves utilisées dans la dernière section de l’usine dédiée à la conversion du diuranate d’ammonium (ADU) en dioxyde d’uranium avaient été sabotées.
Quand ils se sont vus demander qui aurait intérêt à saboter une usine de conversion d’uranium faiblement enrichi, les iraniens ont dit que les vannes ont été produite par une usine différente, non identifiée. Mais est-ce que l’histoire des iraniens est vraie ?
L’Iran a clairement eu à acheter de nombreuses valves à l’étranger, et illégalement dans de nombreux cas. En outre, plusieurs biens obtenus illégalement ont sans aucun doute été sabotés par les fournisseurs, comme c’est souvent le cas lorsqu’un traite avec des criminels. Le sabotage est donc possible. Mais par ailleurs, le sabotage de biens n’est pas commun et pas facile à accomplir dans la pratique.
L’Iran est peut-être disposé à exagérer la carte du sabotage alors qu’elle cherche à expliquer ses lacunes en vertu de ses obligations internationales. »
Source JerusalemPlus