Vous avez l’intention de visiter Israël cet été. Peu importe votre motivation – tourisme, pèlerinage, retrouvailles avec la famille, voyage exploratoire de pré-alya… Mais c’est décidé : cette fois, vous vous êtes promis de voir autre chose...
Nous vous proposons 5 lieux à visiter en couple ou en famille. Balnéaires et historiques, les villes de 1) Yaffo et 2) Acco méritent chacune qu’on y consacre une bonne journée. 3) Dans le nord, le musée de ‘Hanita (à voir absolument) vous rappellera quelques-uns des défis qu’ont dû surmonter les pionniers pour s’accrocher à la terre. 4) Dans la chaleur torride de l’été, offrez-vous une escapade dans les espaces encore sauvages du Golan – grand bol d’air frais assuré. 5) Enfin, pour finir une promenade dans les souterrains du Kotel, à Jérusalem, là où tout a commencé.
1) Jaffa, la vieille ville avec son marché aux puces
Pour votre premier bain de foule, vous irez à Jaffa (Yaffo). À dix minutes de voiture du centre de Tel-Aviv par l’avenue qui longe le bord de mer et la Tayélèt, la vieille ville de Jaffa (Yaffo) – l’une des plus antiques cités du monde vous fera remonter très loin dans le temps.
Vous flânerez sur son vieux port. C’est là qu’autrefois, on déchargeait les cèdres venus du Liban que le roi Salomon avait commandés pour assurer la construction du Temple.
Vous resterez un long moment à contempler la mer. Une petite voix en vous se réveillera alors, qui vous chuchotera : « C’est aussi ici que Yona (Jonas) a embarqué, quand il a voulu fuir… » Pendant une longue seconde, vous aurez envie d’aller rechercher l’empreinte des pas du prophète sur la plage.
Et puis, la chaleur aidant, vous vous dirigerez vers les ruelles fraîches et ombragées de la vieille ville.
Des galeries d’art, ateliers d’artistes où exposent peintres et sculpteurs, s’ouvriront à vous. Et comme vous tenez à rapporter un souvenir de votre visite, vous demanderez où se trouve le petit Musée d’Art yéménite (3 Ré’hov Mazal Daguim, 03 681 25 03).
Là, devant vous, vous verrez d’authentiques bijoutiers travailler l’or et l’argent, à l’ancienne, pour produire bagues, colliers, chaînes et pendentifs. On vous offrira un café aux aromates tandis qu’une vidéo évoquera l’histoire de ces joailliers juifs de l’extrême sud de la péninsule arabe.
Vous traverserez ensuite la Place de l’Horloge, et vos pas vous dirigeront alors vers le marché aux puces de Yaffo. On y trouve de tout. Chaque vague d’immigrants semble avoir tenu à y laisser quelque objet emblématique de sa culture.
Amateur avisé, vous saurez marchander avec les antiquaires et faire le tri entre ce que vous proposeront leurs multiples échoppes : tapis multicolores profonds comme du gazon, bijoux anciens lourds et sonores, plateaux en cuivres ouvragés, services à café du siècle dernier, verres en cristal datant de l’Autriche-Hongrie. À l’évidence, ce jour-là, la tête nourrie de couleurs et d’émotions, vous mettrez un certain temps à retrouver votre voiture.
2) Acco (St Jean d’Acre) avec Na’hmanide, le Ram’hal et rav Yé’hiel de Paris
Partant de Tel-Aviv et mettant le cap vers le nord par la route n°2 qui longe la côte (2 voies dans chaque sens et sans feux rouges), vous allez vous diriger vers Haïfa, que vous éviterez en prenant le tunnel de 8,6 km récemment creusé sous le mont Carmel (deuxième sortie, préparez 18 sh de péage). Acco (St Jean d’Acre) n’est alors plus qu’à une vingtaine de minutes.
Les raisons de visiter Acco ne manquent pas. Comme Yaffo, c’est l’une des plus vieilles villes de l’humanité, et l’UNESCO ne s’y est pas trompée en l’inscrivant au patrimoine de l’humanité.
Naturellement, c’est la Vieille ville qu’il faut explorer. En cherchant bien, dans le dédale de ruelles aux murs millénaires, vous finirez par découvrir la petite synagogue du Ram’hal(Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato).
Et comme vos pas vous conduiront vers la mer, vous verrez que la marina d’Acco n’a rien à envier aux petits ports de plaisance de la Côte d’Azur. C’est là qu’accosta le Ramban (Na’hmanide), l’un des Richonim, lors de son alya en 1267, bientôt suivi en 1286, de rabbi Yé’hiel de Paris et de ses élèves. Dans la ville nouvelle, il faut absolument visiter la synagogue tunisienne Or Torah (13, ré’hov Kaplan) car c’est la seule synagogue au monde à être entièrement recouverte de mosaïques (plus de 2 000 mètres carrés), représentant, sur ses trois niveaux, des scènes et des symboles bibliques.
Ces mosaïques ont été fabriquées spécialement dans les ateliers du Kibboutz Élon en Haute Galilée.
Commencée en 1955, cette maison de prières est la réalisation d’un rêve de son concepteur, Tsion Badach qui y a consacré sa vie. Présent chaque jour et Chabbat à tous les offices, il vous expliquera en français ce qui l’a motivé à construire ce lieu, et pourquoi il l’a érigé en souvenir de Djerba, communauté juive proche de sa Tunisie natale.
Enfin place à l’histoire contemporaine – dans la citadelle d’Acco, le lieu où les autorités anglaises emprisonnèrent les combattants juifs dans les dernières années du Mandat britannique a été transformé en musée. Sa visite, aussi émouvante que pédagogique, permet de mieux ressentir le climat qui régnait alors, entre les habitants du Yichouv et les autorités d’occupation.
Puis, pour les amateurs de baignade, rappelons qu’une plage casher, séparée et gratuite existe à Acco (hommes : lundi, mercredi, vendredi. Femmes : les autres jours, sauf Chabbat bien sûr).
3) Au Kibboutz ‘Hanita, sur les traces des pionniers
Longtemps symboles de ces communautés agricoles qui firent l’originalité d’Israël, nombre de kibboutzim sont rapidement devenus de petites unités industrielles très performantes, jouant à fond le jeu de la mondialisation et de l’économie ultralibérale d’aujourd’hui.
Si le mode de vie collectiviste et égalitaire des premiers temps en a souffert, leur visite vous séduira par leur cadre verdoyant et la qualité de vie de leurs habitants.
Et vous vous demanderez : « Mais que dois-je faire pour m’installer ici ? » Ouvert aux visiteurs, le kibboutz ‘Hanita, situé à 10 km au nord de Nahariya (et à quelques centaines de mètres de la frontière libanaise), illustre parfaitement cet équilibre réussi entre une agriculture intensive et des activités industrielles de pointe.
Certains de ces membres travaillent dans les immenses plantations de bananes et d’agrumes, et d’autres dans l’une des deux usines du kibboutz, qui produisent (et exportent) des verres de contact et des revêtements métalliques et plastifiés. Mais c’est surtout la visite du Musée de ‘Hanita qu’il ne faut pas manquer.
Aussitôt après les révoltes arabes de 1936, en dépit des directives du « Livre blanc », promulgué par les autorités britanniques, une cinquantaine de familles réussissent à acheter 4 000 hectares de terrain montagneux à un cheikh arabe. « Vous n’arriverez jamais à vivre là-haut. La terre est mauvaise et vous serez à la merci d’une attaque », leur prophétisaient les dirigeants sionistes de l’époque. Mais là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Vous découvrirez films d’époque à l’appui comment en une seule nuit, en mars 1938, ils réussirent à construire et à ériger une tour de guet de 12 mètres de haut, puis un mur pour protéger leur communauté.
Et comment le jour même de la Déclaration de l’État d’Israël, après avoir évacué leurs enfants vers Haïfa sur un radeau, ils firent face à un assaut des Arabes de la région. Des objets de cette époque héroïque fusils, cartes, outils de menuiserie, uniformes, batterie de cuisine, etc. vous feront toucher du doigt ce qu’était leur vie ordinaire et quotidienne.
Après cette petite leçon d’humilité et d’histoire contemporaine s’il vous reste du temps, vous tournerez à droite quelques kilomètres après la sortie du kibboutz pour visiter les grottes de la falaise de Roch Hanikra (situées à côté du kibboutz du même nom).
Creusées au fil des siècles par l’eau de mer dans les contreforts d’un massif calcaire, ces grottes aux murs de craie blanche s’étendent sur plus de 200 mètres. Battus par les vagues, on ne pouvait autrefois atteindre ces tunnels caverneux qu’à condition d’être plongeur et expérimenté.
Aujourd’hui, on y accède par un téléphérique qui dépose les visiteurs au pied de la falaise (du fait que ses câbles sont inclinés à 60 degrés, son fabricant prétend qu’il est l’un des plus raides du monde). Émotion garantie, mais promenade familiale par excellence.
4) Respirer l’air pur des espaces sauvages du Golan
Fatigué de la turbulence des grandes métropoles balnéaires ? Foin des embouteillages ? Besoin de solitude, d’air pur et d’un ciel immense aussi vaste que l’horizon ?
Alors le Golan vous attend. On peut y accéder par la 90, au nord du lac de Tibériade. À la Tsomet (carrefour) Mahanayim, prenez à droite la 91. La route qui descend vers le Jourdain est très belle.
Après le pont des Bnot Yaacov, on remonte en lacets vers le plateau, direction Katzrin. Paysage grandiose, avec derrière soi le doux profil des montagnes de Galilée. Principale localité juive du plateau, Katzrin (fondée en 1977) revendique le titre de « capitale du Golan ».
Là, il faut absolument visiter les Caves des Hauteurs du Golan (Golan Heights Winery) en prenant rendez-vous (04-696 84 35). Pour tout savoir sur la manière dont on fabrique le vin, vous demanderez d’avoir pour guide Rivka Lévy. Francophone, elle vit sur le plateau depuis une bonne dizaine d’années. Tourisme œnologique : pour une vingtaine de shekels par personne vous aurez droit à une visite des installations et un cours de dégustation commenté. Vous irez aussi visiter les huiles d’olive du Golan (qui en produit 50 tonnes chaque année).
Et si les industries alimentaires vous passionnent, sachez que tout à côté de trouve l’usine où l’on met en bouteille l’eau de source Éden. Mais comme rien de ce qui est juif ne vous est étranger, vous irez découvrir, en face de la ville même de Katzrin, l’ancienne synagogue de basalte noir, construite au 5e siècle, au centre d’un village talmudique restauré. En effet, à l’époque des Tanaïm, nombre de villages juifs peuplaient le plateau (on en a recensé 27) et vivaient principalement de la culture de l’olive.
N’allez pas croire que le Golan (1 040 km²) se résume à Katzrin. Le plateau est immense et secret. Apparemment plat, tout à coup il révèle des gorges profondes, où coule une cascade inaccessible. Dans le ciel, à la recherche d’une proie, un vautour, un aigle décrivent de tranquilles de larges arcs de cercle. Un tiers du Golan est consacré à l’élevage de bovins. On y dénombre 12 000 têtes de bétail.
Si vous vous sentez une âme d’éleveur, allez faire un tour au kibboutz Méron Golan. Demandez à rencontrer Omer Winer, qui s’y est installé en 1967, juste après la guerre des Six Jours. Il vous racontera comment ils ont sauvé des troupeaux entiers abandonnés par les Syriens. Et si vous croisez quelqu’un sur son cheval, il s’agira peut-être de Shay Zerbib.
Ce petit-fils d’un Juif algérien s’est découvert une vocation de cow-boy après quelques mois passés dans une ferme du Texas. Aujourd’hui, il est responsable d’un troupeau de 150 vaches à Had-Ness, sur le flanc sud-ouest du Golan. Il commence ses journées à 6 heures du matin : « Retrouver le troupeau, les compter, taguer les nouveau-nés à l’oreille, réparer les clôtures, conduire les bêtes d’un pâturage à l’autre Ce n’est pas aussi romantique qu’on peut le croire. » Mais il ne changerait pas cette vie pour aucune autre. Une chose est sûre : vous ne quitterez le Golan qu’avec l’intention d’y retourner une prochaine fois et pour plus longtemps.
5) Jérusalem : découvrir les fondations du mont du Temple
Évidence : Impossible de visiter Israël sans se rendre à Jérusalem. Cette année encore, vous vous êtes promis d’aller au Kotel. Cette promesse est la réponse à un appel que vous adresse ce lieu, unique entre tous. Vous attendez avec impatience de connaître à nouveau ce sentiment de paix, de force et de soudaine sérénité qui vous envahira à l’approche du mur, dont les pierres millénaires, parfaitement taillées, appellent la caresse au-delà desquelles commence le divin.
Même si l’archéologie vous laisse plutôt indifférent, parce que vous préférez les défis du présent aux vestiges du passé, une visite des souterrains du Kotel vous permettra de mieux ressentir toute la majesté du lieu, et d’imaginer l’émotion de ceux qui, à l’appel du D.ieu d’Israël, s’y rendaient trois fois par an, lors des Fêtes de pèlerinage.
La visite (qui ne peut se faire qu’après avoir pris rendez-vous et qui dure une heure en moyenne) commence par le montage et le démontage d’une maquette évolutive qui explique les différentes étapes de la construction du Temple. On peut alors s’engager dans le tunnel, qui suit les fondations du mont du Temple sur une longueur de 488 mètres. Découvert au 19e siècle par des archéologues britanniques, son parcours a été viabilisé après la guerre des Six Jours par le ministère des Affaires religieuses.
Sa mise en état a été une véritable prouesse, car il a fallu garantir la stabilité des constructions qu’il soutient, installer l’électricité et assurer une circulation d’air. Le parcours, souvent fort étroit, oblige les visiteurs à circuler en file indienne. On y trouve des structures bien antérieures à l’époque d’Hérode. On ne peut s’empêcher de se demander quelles technologies les constructeurs ont dû utiliser pour déplacer et parfaitement agencer les blocs qui ont servi à la construction.
C’est notamment le cas lorsqu’on passe à côté d’une immense pierre monolithique de 14 mètres de long et dont le poids est estimé à 570 tonnes. À ce niveau de la visite, le guide (francophone, sur demande) vous expliquera que vous vous trouvez juste en face de la partie la plus sacrée du Temple. C’est pourquoi plusieurs personnes y viennent régulièrement prier. Plus loin, on traverse sur pilotis deux immenses salles qui faisaient fonction de citernes pour stocker de l’eau.
Au terme de la visite, on sort dans la partie arabe de la Vieille ville. Une escorte de sécurité reconduit alors les visiteurs à travers les ruelles jusque vers l’esplanade du Kotel.
Par Hamodia
Source Chiourim