Révélée en 2009 dans « Jaffa » (Keren Yedaya), Dana Ivgy, qui a débuté sur scène à 10 ans, fait partie des actrices israéliennes qui ont su toucher le public au-delà des frontières d’Israël. Fille unique des acteurs Moshé Ivgy et Irit Sheleg, jouer la comédie est inscrite dans son ADN. Sa performance, dans « Chelli » (1er long métrage d’Asaf Korman) ne passe pas inaperçue. Dans ce film, sélectionné lors de la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes l’an passé, en ce moment sur les écrans, elle interprète une jeune autiste (Gaby) avec un réalisme saisissant. Elle s’est confiée à Israpresse...Interview...
Quelle enfance pour la fille d’un acteur populaire comme Moshé Ivgy ?Dana Ivgy : Mes parents ont divorcé quand j’étais petite. J’ai grandi avec mon père. Je n’ai pas eu une enfance classique mais ça me plaisait. J’ai toujours voulu être artiste. J’ai commencé par des études de cinéma puis me suis tournée vers le métier d’actrice. J’ai aussi écrit et réalisé deux courts métrages. Par ailleurs, je compose des chansons, et prépare la sortie de mon album « ID » prévue le mois prochain, et dont j’ai réalisé les clips.
« Chelli » est un film très fort, comment est-il né ?
Liron Ben Shluch (scénariste et actrice principale) et Assaf sont des amis d’enfance. Aujourd’hui Liron et Assaf sont mariés. Le personnage de Gaby est inspiré de sa sœur Natty. L’histoire de « Chelli » c’est l’histoire de Liron, la chronique d’une relation passionnée entre deux sœurs qui vivent ensemble et sont dépendantes l’une de l’autre. Assaf nous fait partager leur intimité parfois violente mais avec pudeur.
Comment se prépare-t-on à jouer un tel rôle, qu’est-ce que cela a changé en vous?J’y ai consacré trois mois intensifs, j’ai accompagné Natty dans l’Institut spécialisé qui la suivait à Haïfa, parlé avec l’équipe médicale et les éducateurs. J’ai vécu une expérience sans précédent. J’étais au début de ma grossesse pendant le tournage et j’appréhendais le rôle à cause de mon état. Alors, je me suis dit : il ne faut pas penser, il faut être dans le rôle. Plus qu’un film, c’est un hommage aux autistes et à Natty décédée depuis.
« Chelli » est actuellement projeté dans quelques salles de France. Ce n’est pas votre première expérience avec l’Hexagone. Quel lien entretenez avec ce pays ?
J’ai tourné dans plusieurs coproductions françaises et donné la réplique à Yvan Attal ( « Les Patriotes » 1994, Eric Rochant), Fanny Ardant ( « Les secrets » Avi Nesher, 2007) , Juliette Binoche et Jeanne Moreau (« Désengagement » Amos Gitaï, 2008). J’aime la langue et la culture françaises. Il y a six ans, pour la promotion de « Jaffa » j’ai pris des cours de Français à l’Institut Français de Tel-Aviv. Mon rêve est de partir étudier un an en France.
Vous avez été révélée par la réalisatrice Keren Yedaya, militante pour la paix tout comme Amos Gitaï, êtes-vous aussi impliquée politiquement ?
Ce sont d’excellents réalisateurs et c’est ma première motivation. Je ne veux pas faire de politique. Je n’ai pas de télé et ne lis pas les journaux, c’est trop angoissant. Qui sommes-nous pour juger les autres ? Je suis pour la paix mais je veux juste faire passer des émotions, pas militer.
Depuis 12 ans vous êtes investi dans votre compagnie de théâtre « Tziporela », pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous sommes neuf amis issus de la promotion de « Nissan Nativ Acting Studio ». « Tziporela » ce sont des shows drôles, provocants et décalés. Nous prenons toutes les décisions ensemble. Chacun participe à hauteur de ses compétences : costumes, décors, mise en scène… Nous avons monté trois spectacles, dont le dernier « Odd Birdz ». Outre Israël, nous nous sommes produits à Milan et à New York (Off-broadway). L’accueil a été si favorable que nous y retournons et préparons une tournée. En attendant, nous sommes au théâtre Tzavta (Tel-Aviv), dès le 1er juin 2015.
Propos recueillis par Daria Soussan
Source IsraPresse