mardi 4 novembre 2014

France : des projets d’attentats déjoués et un suspect arrêté à Lille


Une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) indique que plusieurs attentats terroristes ont été déjoués sur le territoire français, révèle RTL. Trois suspects ont été arrêtés depuis un an, dont un à Lille. Il s’agit d’un membre d’une famille habitant la métropole lilloise, qui avait été repéré par le renseignement territorial pour son radicalisme religieux...


Une note de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon RTL, fait état de plusieurs attentats déjoués par les forces de l’ordre en Ile-de-France, dans le Nord et à Nice. Intitulée « Projets d’actions terroristes en lien avec les filières syriennes », la note affirme que trois djihadistes revenant de Syrie ont été interpellés alors qu’ils préparaient des attentats sur le sol français.

L’un des suspects, Lyes Darani, a été arrêté il y a un an, en octobre à Lille. Un autre a été interpellé en juillet dernier à Créteil.
Le troisième, Ibrahim Boudina, a été interpellé en février sur la Côte d’Azur. Des trois suspects, Ibrahim Boudina semblait avoir le projet le plus avancé : lors des perquisitions réalisées chez lui, « des canettes d’explosif » ont été retrouvées, toujours selon RTL. L’homme projetait un attentat avec comme cible potentielle le carnaval de Nice.
Enfin, Sur la note de la DGSI, on trouve aussi le nom de Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie au musée juif de Bruxelles, originaire de la métropole lilloise. La note indique qu’un masque à gaz a été retrouvé dans ses bagages lors de son arrestation, ce qui laisse penser qu’il prévoyait un autre attentat.

Signalé à Lille pour « un comportement évoluant vers l’intégrisme religieux »

À Lille, Lyes Darani n’en était apparemment pas à ce stade. Il n’avait pas encore déterminé d’objectif. Selon nos informations, l’homme avait été repéré avant son départ en Syrie par la direction zonale du renseignement territoriale (DZRT, ex-renseignements généraux). « C’est une famille habitant la métropole lilloise et qui est suivie comme d’autres», explique un policier. Lyes Darani avait attiré l’attention par « un comportement évoluant vers l’intégrisme religieux. » La DZRT de Lille l’a donc signalé à la DGSI, la Direction générale de la sécurité intérieure, basée à Levallois-Perret.
« Si Paris a gardé le dossier, c’est qu’il s’agit forcément d’un client sérieux. Ils se basent sur les informations qu’on leur fait remonter, mais ont aussi les leurs et leurs propres critères.»
En réalité, d’après nos informations, Lyes Darani a été placé sous surveillance l’an dernier à son retour de djihad de Syrie. Son ordinateur, son téléphone portable ont été mis sur écoute. RTL affirme que les policiers de la DGSI auraient trouvé, lors de la perquisition un mode d’emploi de fabrication d’une bombe artisanale, la revue Inspire, éditée par la branche d’Al-Qaïda au Yémen, AQPA (péninsule arabique) et « une caution religieuse», c’est-à-dire un courrier l’autorisant à commettre un attentat-suicide.
Ce que conteste vivement Me Xavier Nogueras, l’avocat parisien de Lyes Darani, au-delà de la présomption d’innocence : « Sans pouvoir vous dire pourquoi, ce n’est pas le dossier de Lyes Darani. je ne dis pas qu’il n’y a pas d’autres éléments dans le dossier. Mais rien ne permet d’affirmer qu’il s’apprêtait à commettre un attentat sur le sol français. »
Un détail aurait précipité l’interpellation de Lyes Darani, alors que les enquêteurs auraient préféré attendre un peu et approfondir la connaissance d’un éventuel réseau. La surveillance physique a constaté, un jour d’octobre 2013, qu’il s’était soudain rasé la barbe. Un signal d’alarme, entre coutume et rituel chez les candidats à l’attentat-suicide. Les policiers de la DGSI ont préféré ne pas prendre le risque inconsidéré de le perdre et l’ont aussitôt interpellé.
Il est en détention provisoire depuis un an. Il est mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste mais l’information judiciaire n’est pas terminée. Me Nogueras espère une issue au début de l’année 2015. « Je ne m’explique pas que ce soit aussi long et cela fait partie de nos revendications. C’est sans doute dû au travail rigoureux des enquêteurs de la DGSI...»

Une quarantaine de suspects potentiels chaque mois dans le Nord

Dans le Nord, comme ailleurs, la DCRI effectue une mission de veille et de surveillance sur des personnes qui lui sont signalées. Chaque mois, les policiers traitent une quarantaine de dossiers dans le Nord, correspondant à des suspects dont les pratiques (religieuses surtout), suggèrent une radicalisation et un possible passage à l’acte.
Mais avant de donner une éventuelle alerte, les enquêteurs lillois doivent « faire le tri, identifier ce qui constitue une vraie menace. Il faut déterminer si la personne fait juste preuve d’une grande (et inoffensive) ferveur religieuse, où si elle se radicalise vraiment et envisage de passer à l’acte».
Les policiers prennent en compte tous les appels, d’où qu’ils viennent (notamment de la nouvelle plate-forme téléphonique d’assistance aux familles et de prévention de la radicalisation violente : 0800 005 696). « Ça peut être des parents qui nous disent que leur fils se laisse pousser la barbe, refuse d’adresser la parole aux femmes etc.
Tout est vérifié.» Et il y a parfois des fausses alertes, comme en octobre dernier : « Une famille avait signalé la disparition d’une jeune fille, craignant qu’elle soit partie en Syrie. On l’a retrouvée, en fait, il s’agissait d’une simple fugue».
Les policiers nordistes savent néanmoins que la menace terroriste « est une réalité, dans l’agglomération lilloise, comme à Lyon ou à Marseille. Une voiture piégée sur le marché de Wazemmes un dimanche matin, est quelque chose de plausible. » D’où l’importance du recueil d’informations au quotidien par la DCRI : « Rien n’est laissé de côté».
Source La Voix du Nord