Le Premier ministre Benyamin Netanyahou s'est exprimé mercredi soir devant la Knesset afin de présenter les principes du projet de loi sur le caractère juif de l'Etat. "La terre d'Israël est la patrie du peuple juif et le lieu d'établissement de l'Etat d'Israël. Israël est le foyer national du peuple juif, et uniquement du peuple juif, dont il doit réaliser le droit à l'autodétermination", a-t-il déclaré devant son assistance, au sujet du projet de loi qui divise le parlement israélien depuis une semaine...
"Maintenant, expliquez-moi pourquoi vous n'êtes pas d'accord. Je veux savoir", a-t-il demandé, les plaintes des membres de l'opposition de la Knesset se faisant déjà entendre dans l'audience.
Le chef de l'opposition Isaac Herzog s'est fermement opposé au projet et a critiqué le discours du Premier ministre. "Monsieur le Premier ministre vous êtes sous pression", a lancé Herzog. Plusieurs députés ont quitté la salle au cours du discours, dont Erel Margalit (Travailliste), Ofir Akunis et Miri Regev (Likoud).
Cette déclaration intervient alors que le gouvernement israélien s'est prononcé dimanche en faveur de ce texte qui sera prochainement soumis au vote de la Knesset.
Selon ce projet, Israël ne sera plus défini comme un Etat "juif et démocratique" mais comme "l'Etat national du peuple juif".
La loi, qui dispose que l'hébreu est la langue nationale et retire le statut de langue officielle à l’arabe, lui octroyant un "statut spécial", provoque de vives tensions, tant au sein de la coalition qu'au Parlement, où plusieurs députés de gauche ont déjà fait part de leurs critiques, notamment la ministre de la Justice Tzipi Livni qui a à plusieurs reprises fait reporter la tenue du vote et le ministre des Finances Yair Lapid.
Lors de la conférence annuelle du ministère de la Justice tenue mardi à Eilat, le président israélien Reuven Rivlin a commenté et critiqué la loi fondamentale sur le caractère juif de l'Etat : "nous devons nous demander sérieusement quel est l'intérêt de cette loi".
"Le vote d'une telle loi ne remet-il pas en cause le succès de l'entreprise sioniste dans laquelle nous avons la chance de vivre?" s'est interrogé le président israélien. "Cette loi ne joue-t-elle pas en faveur de ceux qui nous diffament?" Ils l'utilisent pour "démontrer qu'il y a chez nous une contradiction entre un peuple libre sur notre terre et la cohabitation avec des minorités" a-t-il ajouté.
Pour Rivlin, "Juif est démocratique, démocratique est juif. Uniquement de cette manière, nous saurons que le terrorisme cruel de l'extérieur, non seulement ne nous a pas atteints physiquement, mais ne nous a pas atteints aussi moralement".
Le parti Balad (part nationaliste arabe) a déclaré qu’il s’agissait d’"une initiative extrêmement dangereuse que pourrait établir un contrôle de la majorité juive sur la minorité arabe et ouvrir la voie à la promulgation de lois racistes et discriminatoires à l'encontre des citoyens arabes, sans contrôle judiciaire".
Pour le député Dov Khenin du parti Hadash (liste judéo-arabe), le projet de loi est "une initiative provocatrice" qui "ne fait progresser ni le dialogue, ni l'égalité".
Le projet de loi stipule qu’"Israël est le foyer national du peuple juif, qui répond à son désir d'auto-détermination".
L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a "fermement condamné" ce texte mardi, l'accusant de "viser à tuer la solution à deux Etats, en imposant le projet du "Grand Israël" et la judéité de l'Etat sur le sol de la Palestine historique".
"En faisant de la judéité la définition de cet Etat, ce projet de loi met fin unilatéralement à la reconnaissance réciproque conclue en 1993", lors des accords d'Oslo sur l'autonomie des Palestiniens, poursuit l'OLP. Cette organisation dénonce le "racisme idéologique" de ce texte.
Source I24News