lundi 3 juin 2013

Un universitaire chargé de former le prochain gouvernement palestinien



Le président palestinien Mahmoud Abbas a chargé le président de l'Université de Naplouse, Rami Hamdallah, peu connu, de former le nouveau gouvernement, dont la composition devrait rester largement inchangée, tournant la page des années Salam Fayyad.

"Le président Abbas m'a chargé de former un nouveau gouvernement et j'ai accepté", a déclaré à l'AFP M. Hamdallah, 54 ans, président depuis 1998 de l'Université Al-Najah à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, après avoir été reçu en début de soirée par M. Abbas au siège de la présidence de l'Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie.
Cette désignation intervient au dernier jour du délai légal de cinq semaines après la démission le 13 avril du Premier ministre Salam Fayyad, en poste depuis juin 2007, qui expédiait les affaires courantes.
M. Fayyad, un économiste indépendant très apprécié par la communauté internationale, a démissionné à la suite d'un désaccord avec le président sur la démission en mars du ministre des Finances Nabil Qassis. Mais le conflit entre M. Abbas et M. Fayyad remontait à septembre, quand la contestation provoquée par la politique budgétaire du Premier ministre a commencé à monter, pour s'aggraver avec des manifestations réclamant son départ, soutenues par des dirigeants du Fatah, le mouvement de M. Abbas, selon des sources politiques.
"Le gouvernement sera formé dans les prochains jours. La plupart des ministres du gouvernement sortant resteront et je ferai venir un nouveau ministre des Finances", a annoncé M. Hamdallah, également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse.
 
Le Hamas mécontent

Rami Hamdallah, membre du Fatah et du directoire de la Fondation Yasser Arafat, dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, est docteur en linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster. Il est né à Anabta, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.
L'agence officielle WAFA a confirmé que le président Abbas avait chargé Rami Hamdallah de constituer le nouveau gouvernement et réaffirmé "son engagement aux accords de réconciliation signés au Caire et à Doha, et à l'application du calendrier convenu au Caire".
Le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza, avaient salué la démission de M. Fayyad comme une occasion d'appliquer leurs accords de réconciliation du Caire (avril/mai 2011) et de Doha (février 2012), mais ces espoirs ont fait long feu. Un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a dénoncé "une reproduction des expériences précédentes". Cette désignation "ne résoudra pas les problèmes et ne réalisera pas l'unité parce qu'elle ne résulte pas de la réconciliation ni de l'application de l'accord du Caire", a-t-il déclaré à l'AFP, jugeant qu'elle n'était "ni légale ni légitime".
Les accords de réconciliation prévoient que les gouvernements rivaux de M. Fayyad et du Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections. Mais les principales clauses en sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées.
Lors d'une nouvelle réunion au Caire le 14 mai, Fatah et Hamas se sont donné trois mois pour former un gouvernement d'union nationale et convoquer des élections simultanées.
Dans sa dernière adresse radiophonique hebdomadaire en tant que Premier ministre, le 17 avril, M. Fayyad avait appelé à des élections pour "reconstruire le système politique palestinien", estimant qu'il ne pourrait y avoir "d'Etat de Palestine sans que la bande de Gaza en fasse partie intégrante".
Les Etats-Unis, par l'intermédiaire du secrétaire d'Etat John Kerry, ont salué la désignation de l'universitaire. "Ensemble, nous pouvons choisir la voie d'un accord négocié pour deux Etats qui permettra aux Palestiniens de combler leurs légitimes aspirations pour un Etat palestinien souverain et indépendant", indique le communiqué.
Le départ de M. Fayyad est tombé au pire moment pour la diplomatie américaine, qui, faute de progrès politiques lors des visites du secrétaire d'Etat John Kerry, s'est rabattue sur la promotion du développement économique en Cisjordanie occupée. En avril, M. Kerry avait déploré la démission de M. Fayyad mais s'était dit "persuadé que (le président) Abbas saurait trouver la personne qui fera l'affaire".
Parallèlement, la presse israélienne affirmait lundi que l’Etat hébreu considérait M. Hamdallah comme "modéré" et "pragmatique".
"Rami Hamdallah est un proche de Mahmoud Abbas, il ne devrait pas lui faire de l'ombre. Il s'agit plutôt d'un gestionnaire et pas vraiment d'un homme politique ayant la stature d'un dirigeant, alors que Salam Fayyad, après ses six années en poste, apparaissait de plus en plus comme un rival de Mahmoud Abbas", a affirmé la radio militaire.
Le quotidien Haaretz cite lui aussi des responsables israéliens qualifiant le nouveau Premier ministre de "pragmatique qui entretien de nombreux contacts professionnels avec des Israéliens".

Source Lorientlejour