vendredi 28 juin 2013

Sdérot, la vie malgré tout



Située au nord de la région du Néguev, Sdérot est une ville calme. Peut-être même trop. En plein aprèsmidi, un jour de semaine, le centre-ville est comme déserté. Il faut se rendre au SuperPharm de la ville pour enfin rencontrer quelques habitants. Car située à quelques kilomètres de la bande de Gaza, la ville a essuyé nombre de tirs de roquettes. Au fil des attaques et du temps, la bourgade israélienne s’est presque vidée. L’insécurité, devenue insupportable pour certains, a poussé une bonne partie de la population à quitter la ville.

Il faut dire aussi que Sdérot fait partie d’une zone où les perspectives de développement économique sont assez réduites. Par ailleurs, établie comme « ville de développement », Sdérot compte beaucoup d’immigrants peu aisés et peu actifs, gonflant un peu plus la bulle du chômage sévissant dans la région.
Mais en dépit d’une réalité peu rose, certains irréductibles, comme ils pourraient être appelés affectueusement, ne quitteraient pour rien au monde cette ville qui les a vus naître et grandir. Ce sont eux qui font vivre Sdérot aujourd’hui, refusant de facto un quelconque fatalisme.
Parmi eux, un solide noyau de jeunes inventifs, pleins de bonnes intentions pour leur ville. Pour la plupart étudiants au Sapir College de Sdérot, ils sont formés à l’ingénierie ou encore au cinéma, et constituent le futur économique de la région. Au travers de deux événements annuels organisés par l’école, les étudiants de Sdérot s’investissent pour redynamiser la ville. A l’automne, s’ouvrira ainsi la « Sderot Conference for Society », centrée sur les dimensions socioéconomiques du pays, importantes à prendre en compte en temps de crise.
Et comme une invitation à l’été, le « Festival de cinéma du sud » de Sdérot a également tenu l’affiche durant la 12e édition qui a eu lieu du 2 au 6 juin dernier. Ce festival a pour fil rouge la présentation et la promotion auprès du public d’un cinéma alternatif, à caractère humaniste, dit du « sud », réalisé avec de petits budgets.

Efrat Corem, directrice artistique du festival, affirme que cette sélection de films alternatifs et indépendants traduit la recherche d’une nouvelle vague, de nouvelles tendances en matière de cinéma. Le festival porte ainsi un intérêt vis-à-vis du 7e art des pays du tiers-monde : africain, asiatique etc. Etrangement, ce qui fait le succès de cette rencontre, c’est avant tout l’originalité et l’audace du choix de la ville de Sdérot.
Au vu de sa situation, c’est le dernier endroit où l’on oserait imaginer ce genre d’événements. Et pourtant… Les étudiants du Sapir College tirent profit de cette particularité, de ce choix à contre-courant, pour attirer le touriste ou/et l’amateur de cinéma. Comme disait Efrat : « Si on ne fait pas ce festival, qu’y aura-t-il d’autre ici ? », rappelant que Sdérot est la seule ville des environs à être dotée d’une cinémathèque.
Ainsi, le regard sur la ville peut vite s’avérer biaisé. Car Sdérot ne s’est pas définitivement éteinte suite aux nombreuses roquettes qu’elle a essuyées, bien au contraire. S’illustrant beaucoup dans le domaine artistique avec la tenue de ce festival et la présence d’un vivier de musiciens et de chanteurs issus de ses quartiers – le groupe Teapacks s’est formé ici en 1988 – Sdérot ne demande désormais qu’un peu de calme, et de sérénité.

Source JerusalemPost