Age13 : Photographiquement, qu’est-ce que tu as voulu exprimer au contact de ce pays ?
V-V : La première fois, j’y suis allée de manière totalement candide. La beauté des paysages, les regroupements communautaires, l’énergie générale, l’urbanisme, le morcellement du territoire et les différences culturelles entre la Palestine et Israël m’ont beaucoup surpris. Sur place, j’ai été submergée par la réalité politique et géographique. Après coup, je me suis rendue compte que l’idée de « Terre Sainte » était vraiment difficile à identifier malgré le nombre d’orthodoxes et de croyants de toutes sortes. Là-bas et plus qu’ailleurs, l’appartenance religieuse est une revendication politique . Je me suis donc focalisée sur les paysages. C’est lors de mon 3eme voyage que je me suis intéressée aux regroupements communautaires et aux célébrations.
Age13 : Finalement, as-tu trouvé ce que tu étais venue chercher ?
V-V : C’est lors de mon dernier voyage que tout s’est éclairci… J’étais allée en Israel pour développer ma spiritualité. Dans la Kabbale, aller en Eretz Israël (la Terre d’Israël) signifie « développer son désir de divinité ». Sans trop le comprendre, j’y suis allée pour cette raison. Cet endroit pourrait être le paradis mais c’est l’enfer pour les Palestiniens, enfermés et méprisés sur leur propre territoire.
Age13 : Pour toi, qu’est-ce qui se dégage de ce que tu as photographié ?
V-V : J’avais envie de montrer le quotidien. Il semblerait qu’il faille absolument prendre position pour un camp ou pour l’autre. La réalité est beaucoup plus complexe. Il y a des torts, des horreurs des deux côtés. J’ai envie de montrer que ce pays n’est pas qu’un conflit. La notion de communauté est très importante là-bas. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. Au fur et à mesure de mon projet, je me suis rapprochée de l’image que j’avais avant de découvrir ce pays pour la première fois. Je me suis retrouvée dans ma recherche identitaire et personnelle.
Age13 : Pourquoi es-tu photographe ?
V-V : C’est le meilleur mode d’expression que j’ai trouvé pour l’instant.
Age13 : Et pourtant quand tu étais à l’ENSAD (Valentine Vermeil y a étudié), tu n’as pas choisi le parcours de photographe. Tu as préféré la filière communication visuelle.
V-V : À l’époque, c’était ce qui me semblait le plus carré en terme d’études. Finalement, je me suis rendue compte qu’être derrière mon écran, n’était pas pour moi. J’ai besoin de sortir et voir ce qui se passe à l’extérieur. La photographie, c’est retranscrire des émotions, c’est être dans le monde.