mercredi 26 juin 2013

Jérusalem - La querelle entre laïcs et orthodoxes se ravive autour d'un centre commercial



Le centre commercial de Ramot est devenu le centre d'une polémique entre juifs orthodoxes et laïcs qui jusque-là s'y côtoyaient en bonne intelligence. Lorsque ce nouveau centre commercial a ouvert il y a environ deux ans à Ramot, un quartier au nord de Jérusalem peuplé majoritairement de haredim, il avait été convenu qu'il proposerait à sa clientèle une ambiance qui conviendrait à l'ensemble de la population du quartier : pas d'affiches suggestives avec des femmes en maillots de bain, ou toute autre "situation séductrice", ni de mannequins en vitrine, pas de musique tapageuse…

Jusqu'à tout récemment, le Ramot Mall ne recueillait que des éloges sur sa conception ouverte et consensuelle, la promotion de ses produits s'attirant ainsi la fréquentation de tous les habitants du quartier, laïcs comme religieux.
Mais cette atmosphère apaisée a été brisée il y a environ trois semaines lorsque quatorze grands rabbins du quartier ont appelé à un boycott total et immédiat du centre commercial.
Leur grief : les tenues "impudiques" des vendeuses, et la musique diffusée en fond sonore qui contreviennent selon eux aux accords conclus par le passé.

"L'endroit est une menace spirituelle pour nous et nos enfants", écrivent les signataires d'une lettre publique, distribuée dans toutes les écoles orthodoxes,, dans laquelle ils demandent de ne plus fréquenter le Ramot Mall "à partir de maintenant et jusqu'à nouvel ordre".
Un propriétaire d'une des boutiques du centre commercial assure que les parents ont même été informés que "s'ils étaient vus dans le centre commercial, leurs enfants seront expulsés de l'école".

Ramot est l'un de ces quartiers de Jérusalem où la bataille entre la population haredi - qui gagne en nombre et en influence - et l'ancienne population laïque, traditionaliste, ou sioniste religieuse fait rage depuis les deux dernières décennies.
Avec la perspective des élections municipales en novembre de cette année, et des journées plus longues, les pressions se font plus fortes : les haredim de la ville tentent de mettre fin à l'activité d'un cabaret ouvert dans l'ancienne gare désaffectée au sud de la capitale et de faire fermer à la circulation durant le shabbat sur le très long Boulevard Hanevi'im en plein centre-ville.
Pour beaucoup, le nouveau front ouvert par les orthodoxes contre le centre commercial répond avant tout de leur part à une motivation politique.
"Cela n'a rien à voir avec la tsniout (la pudeur) ; rien n'a fondamentalement changé sur place.
Les rabbins craignent juste que leur public ne leur échappe.
Cela les dérange au plus haut point de voir des orthodoxes et des laïcs se côtoyer en bonne intelligence dans un même lieu, ils veulent pouvoir assurer leur autorité, c'est tout".

Les résidents non orthodoxes de Jérusalem ont pour leur part organisé une campagne pour soutenir le centre commercial et compenser les pertes entrainées par le boycott.
Deux vendredis de suite, des dizaines de militants du Mouvement Yerushalmim qui travaille à la promotion de Jérusalem comme une ville pluraliste, se sont rendus au centre commercial pour faire leurs achats.


Source Israel Infos