Elle avait dû fuir l’Allemagne nazie au printemps 1939. Toute sa vie, Betty Grebenschikoff a cherché la trace de sa meilleure amie d’enfance. Elle y est finalement parvenue à la suite d’un concours de circonstances incroyable, 82 ans après leur séparation.........Détails........
La fin de l’histoire est belle. Pour mieux la comprendre, il faut remonter 82 ans en arrière, au début de la Seconde Guerre mondiale. Printemps 1939, Betty Grebenschikoff, une fillette juive, n’avait que 9 ans lorsqu’elle a dû fuir Berlin et l’Allemagne.
Elle a laissé derrière elle des dizaines de membres de sa famille, qui ont finalement été tués dans les camps d’extermination des nazis. Elle a perdu des cousins, des tantes et des oncles, ainsi que ses quatre grands-parents.
Combien au total ? « Je n’ai pas compté, a-t-elle confié au média canadien Global News, qui est allé la rencontrer. Je dirais deux douzaines. »
L’une des dernières choses dont elle se souvient de cette sombre période, juste avant de partir, est d’avoir dit au revoir à sa meilleure amie : Anne Marie Wahrenberg.
Avec sa famille, Betty Grebenschikoff est partie s’installer dans une partie du monde qui accueillait les familles juives sans visa : à Shanghaï, en Chine.
Au sortir de la guerre, la famille Grebenschikoff doit faire face à une nouvelle tragédie historique : la révolution communiste chinoise.
Cette fois, direction l’Australie puis les États-Unis, à Ventnor, dans le New Jersey.
Là-bas, Betty Grebenschikoff va se reconstruire une vie avec son mari et ses enfants, mais sans jamais cesser de penser à ceux qu’elle a laissés en Allemagne en 1939, et notamment son amie juive.
Elle avait même lancé un message, en 1997, lors d’un entretien avec l’USC Shoah Foundation : « Elle s’appelait Anne Marie Wahrenberg et je me demande toujours ce qui lui est arrivé. Peut-être qu’elle est quelque part et qu’elle pourra voir ça. »
Rien n’y fait, toujours aucune trace d’Anne Marie Wahrenberg. Jusqu’en novembre 2020.
Ita Gordon, enseignante à l’Université de Californie, récolte des témoignages des survivants de l’Holocauste. Lors d’une visioconférence, organisée par un groupe de musées d’Amérique du Sud, l’intervenante était une vieille dame âgée de 90 ans : Ana Maria Wahrenberg…
Elle aussi était parvenue à fuir l’Allemagne nazie, mais avait trouvé refuge au Chili, avec sa famille. Elle a modifié son prénom Anne Marie pour en prendre un plus local, Ana Maria.
Ita Gordon a souhaité en savoir plus sur cette intervenante. Et en recoupant ses recherches, elle s’est aperçue que Betty Grebenschikoff avait mentionné ce nom en 1997.
Elle décide donc de contacter les deux vieilles dames, chacune pensant que l’autre était probablement morte.
Crise sanitaire oblige, la rencontre entre les deux amies d’enfance a lieu par visioconférence en novembre dernier, 82 ans après leur séparation !
« Dès qu’elle a commencé à parler avec moi, il y a tout de suite eu une connexion », a souligné Betty Grebenschikoff.
Et Ana Maria Wahrenberg de poursuivre : « Nous sommes restés 82 ans sans contact, aucun. C’est un immense plaisir, une joie, une surprise. »
La discussion a duré 50 minutes.
Les deux amies ont parlé de leurs évasions d’Allemagne, de leurs parents, de leurs maris et de leurs enfants.
Les deux survivantes ont fait le serment de rester en bonne santé pendant la pandémie, et prévoient des retrouvailles en chair et en os, dès que la situation sanitaire le permettra. En attendant, elles se donnent régulièrement des nouvelles car leur histoire n’est pas encore terminée.
Vous nous aimez, prouvez-le....