La Suisse a commandé en 2015 six drones high-tech israéliens d’une valeur de 250 millions de francs. Il s’avère désormais que les coûts ont explosé et que la livraison de l’intégralité des appareils se fait attendre. Pour l’heure, ils n’ont encore effectué aucune mission sur territoire helvétique.......Décryptage.......
En 2015, le Parlement a donné son feu vert à un crédit d’acquisition de 250 millions de francs pour six drones d’exploration Hermes 900 HFE du fabricant israélien Elbit Systems.
Quatre ans plus tard, le premier exemplaire a été livré à la Suisse et présenté au grand public à l’aérodrome militaire d’Emmen (LU).
Or, selon des recherches du «Tages-Anzeiger», le drone est entre-temps devenu un symbole de l’échec.
Il s’avère en effet que l’appareil a été démonté secrètement il y a plusieurs mois avant d’être renvoyé en Israël.
Il s’y trouve encore à ce jour. Pour l’heure, il n’a donc encore effectué aucune mission en Suisse.
Il n’a pas décollé une seule fois depuis le territoire helvétique. Plusieurs employés d’ArmaSuisse ont avoué, dans des entretiens confidentiels accordés au média, qu’on ignore actuellement quand et si le drone d’exploration retournera en Suisse un jour.
Plusieurs facteurs en cause
Des rapports de projet internes le confirment: les coûts supplémentaires engendrés à ce jour se montent à environ 50 millions de francs.
Par ailleurs, il faudra probablement attendre l’été 2023 avant que les six Hermes 900 HFE puissent être mis en service. Soit un retard de plus de deux ans par rapport à ce qui avait été prévu initialement. Dans le pire des cas, une annulation de l’achat est possible.
Selon le «Tages-Anzeiger», plusieurs facteurs sont en cause: la malchance, la pandémie, mais aussi quatre problèmes rencontrés au niveau technique. Le premier concerne le moteur du drone.
Comme la Suisse a demandé à ce que les appareils soient équipés de moteurs à diesel, plus lourds que ceux à benzine, il a fallu modifier la configuration des drones.
Des modifications qui ont nécessité davantage de temps que prévu. Le deuxième problème est lié à la météo. Contrairement à ce qui avait été affirmé initialement, il s’est avéré que les Hermes 900 HFE ne disposaient d’aucun système de dégivrage, rendant les interventions en hiver compliquées.
La pandémie n’a rien arrangé
Troisième problème à l’horizon: le radar. La Suisse veut équiper ses drones d’un système de radar permettant de reconnaître et d’éviter automatiquement les autres objets volants.
Le Département fédéral de la défense (DDPS) voulait le faire développer par Ruag en collaboration avec des partenaires aux Pays-Bas et en Israël.
Or, peu de temps après le feu vert du Parlement à l’achat des drones, les autorités néerlandaises ont refusé de partager leur technologie avec Israël. Du coup, le DDPS a dû chercher un nouveau partenaire en 2016, ce qui a provoqué un retard d’environ un an.
Quatrième problème relevé par le journal alémanique: en août 2020, un des six drones destinés à la Suisse s’est écrasé dans le désert israélien lors d’un vol d’essai.
Le Ministère israélien des transports enquête sur le crash depuis l’été 2020. Et selon des informations du «Tages-Anzeiger», cette enquête risque encore de durer un moment.
Tant qu’elle n’est pas bouclée, ArmaSuisse ne peut pas obtenir les certifications nécessaires pour ses appareils. Pour couronner le tout, la pandémie est venue ralentir à son tour l’avancement du projet.
Répercussions
Ces déboires ont d’ores et déjà des répercussions pour la Suisse. L’armée suisse manque en effet de matériel puisqu’elle s’est séparée de ces anciens drones fin 2019.
Les gardes-frontière et l’armée doivent se rabattre sur des hélicoptères pour surveiller les frontières. Ces interventions coûtent plus cher et sont plus compliquées qu’avec un drone.
Source 20 min
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