Bien que peu connu du grand public, Werner Spitz, issue d'une famille juive Polonaise ayant fuit le nazisme, a travaillé sur de nombreuses affaires ayant marqué l’Histoire judiciaire des États-Unis. Son parcours, jonché de cadavres, a fait de lui l’un des experts les plus incontournables du pays......Portrait......
Si la plupart des adulateurs de faits divers se passionnent pour les noms des meurtriers et meurtrières qui fascinent autant qu’ils effraient, d’autres personnalités se distinguent dans ces histoires macabres.
Sans les médecins légistes, les affaires que l’on connaît aujourd’hui auraient peut-être pris un tournant complètement différent.
En ce qui concerne Werner Spitz, il a offert son expertise aux enquêtes judiciaires les plus importantes du siècle.
Direction les États-Unis
C’est en 1926, en Pologne, que naît notre expert. Face à la montée de l’antisémitisme, il rejoint avec ses parents, tous deux des physiciens juifs, la Palestine, à l’époque sous mandat britannique.
Son père lui obtient un emploi dans un bureau de médecin légiste, où il est chargé du nettoyage et d’autres petites tâches. Naturellement, il finit par assister aux autopsies.
Alors que beaucoup se seraient sentis mal à l’aise face à ces corps sans vie, l’expérience de la mort semble plus avoir inspiré Werner Spitz que l’avoir fait fuir. Le voilà donc en école de médecine, à l’Université de Genève, en Suisse, avant d’être transféré à Jérusalem.
Son diplôme sous le bras, et estimant qu’il n’y a pas assez de meurtres dans le pays, il décide de se rendre sur une autre terre, bien plus fertile pour les médecins légistes.
En 1959, il rejoint donc les États-Unis. D’abord en poste en tant que chef adjoint à Baltimore, dans le Maryland, il devient l’expert en chef du comté de Wayne, dans le Michigan.
S’il s’en sort plutôt bien pour faire décoller sa carrière, Werner Spitz n’a pas pour autant évité les controverses.
Accusé d’avoir prélevé des parties de corps sans autorisation, d’avoir facturé ses services à titre privé, ou encore d’avoir mené des expériences sur des cadavres de manière inappropriée, il n’a jamais été poursuivi. Le procureur du comté de Wayne estimant qu’il ne faisait là que son travail.
Autopsie d’un président
En plus de 60 ans de métier, Werner Spitz en a vu des choses. Surtout des dossiers. Véritable collectionneur de grandes affaires criminelles américaines, il est intervenu dans des cas aux noms tristement célèbres.
Invité à travailler comme conseiller auprès de la commission Rockefeller et de la commission parlementaire des assassinats en 1975, il a examiné l’autopsie pratiquée 12 ans plus tôt sur le président John F. Kennedy par des médecins légistes militaires.
S’il exprime son accord avec la conclusion que Lee Harvey Oswald a agi seul pendant la fusillade, il pointe du doigt l’expertise réalisée. « Ils ont bâclé cette autopsie.
Ils n’avaient absolument aucune expérience en pathologie médico-légale », a-t-il ainsi déclaré. À noter qu’il existait de nombreuses failles dû à l’avènement récent du métier, qui venait tout juste d’émerger à cette époque-là.
uatre ans plus tard, il est sollicité par les mêmes comités pour l’assassinat de Martin Luther King. En 1968, il confirme que ce dernier a bien été tué à la suite d’un coup de fusil tiré par James Earl Ray.
Quelqu’un essayant de porter secours à Martin Luther King juste après que James Earl Ray lui ait tiré dessus.
Un cadavre comme cobaye
Dans les années 90, Werner Spitz s’est également impliqué dans l’affaire JonBenét Ramsey, cette mini-miss à la carrière prometteuse dont le corps a été retrouvé sans vie dans le sous-sol de sa maison, en 1996.
Au cours de l’enquête, le médecin légiste a soupçonné une lampe torche, trouvée dans la cuisine, d’être la source de la fracture du crâne subie par la petite fille avant sa mort.
Pour tester cette théorie, il a mené une expérience bien particulière : après avoir obtenu le cadavre d’un enfant, il l’a frappé à la tête avec un objet similaire pour observer si les blessures étaient les mêmes que celles de la reine de beauté.
Il avait alors conclu que la lampe torche avait pu être utilisée comme arme, mais qu’il n’y avait pas assez de preuves pour en être sûr.
Dans le docu-série The Case of JonBenét Ramsey, sorti en 2016, il accuse d’ailleurs le frère de la victime d’être le meurtrier. Bien que le jeune garçon et ses parents ont été disculpés par des preuves ADN en 2008.
À peu près au même moment, Werner Spitz travaille sur l’affaire O. J. Simpson, cette star des terrains de football américain et du tapis rouge hollywoodien accusée en 1996 du meurtre de Nicole Brown Simpson, son ex-femme, et de Ron Goldman.
L’expert a ainsi témoigné au tribunal, expliquant que, d’après les détails qu’il a trouvés sur la mort des deux victimes, elles étaient probablement décédées à la suite de nombreux coups de couteau.
Au service de la justice
Plus récemment, il a joué un rôle crucial dans le procès de 2007 de Phil Spector, accusé d’avoir tué l’actrice Lana Clarkson dans les années 80.
D’un côté, le producteur de musique aurait tué sa victime d’une balle dans la bouche.
De l’autre, la défense prétendait que celle-ci s’était suicidée.
D’après les conclusions de Werner Spitz, le sang retrouvé sur l’accusé ne provenait probablement pas d’une éclaboussure d’hémoglobine issue de la victime, mais plutôt d’une éventuelle blessure que Phil Spector avait infligé par balle.
De quoi permettre, en 2009, la condamnation de ce dernier à 19 ans de prison.
Maintes fois, les expertises de ce médecin légiste ont permis d’éclaircir des zones d’ombre dans certaines affaires, voire d’en permettre le jugement.
Aujourd’hui, Werner Spitz continue de consacrer sa vie à la médecine légale. Professeur de pathologie à la Wayne State University School of Medicine à Détroit, dans le Michigan, il est également professeur adjoint de pathologie à l’Université Windsor au Canada.
Un moyen pour lui, peut-être, de transmettre ses méthodes et son savoir, et de permettre à la nouvelle génération de percer les mystères de ces corps qui ont beaucoup de choses à dire.
Source Vanity Fair
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