dimanche 16 août 2020

l’Iran savoure “l’humiliation” des États-Unis à l’ONU


Au lendemain du rejet par l’ONU de leur résolution visant à prolonger l’embargo sur les armes en Iran – une “humiliation», selon Téhéran –, les États-Unis ont promis des représailles dès la semaine prochaine, promesse d’un conflit majeur au sein du Conseil de sécurité, et d’un possible coup de grâce à l’accord sur le nucléaire.......Décryptage.......



Les États-Unis savaient que la partie était loin d’être gagnée. Mais ils ne s’attendaient peut-être pas à un tel revers. Vendredi, lors du vote de leur résolution au Conseil de sécurité, seule la République dominicaine les a suivis. La Chine et la Russie ont voté non, et tous les autres – dont les Européens – se sont abstenus.
Le secrétaire d’État Mike Pompeo, qui a qualifié d’“inexcusable” l’issue du vote, avait pourtant “fait campagne pendant plusieurs mois pour convaincre les autres pays de soutenir une prolongation de l’embargo”, rappelle The Hill. M. Pompeo estimait qu’avec la levée de l’embargo, “l’Iran pourrait faire circuler des armes librement à travers le Moyen-Orient, et acheter de l’armement plus sophistiqué auprès de la Russie et de la Chine”.
L’expiration sur les armes arrive à expiration le 18 octobre, conformément aux dispositions de l’accord sur le nucléaire signé en 2015 par l’Iran et les grandes puissances, qui promettait d’alléger les sanctions à l’encontre de Téhéran, en échange d’une réduction de son programme nucléaire. Un accord déjà moribond depuis que les États-Unis en sont sortis en 2018.

“Scandaleux”

Samedi, le camp républicain a sévèrement critiqué le Conseil de sécurité, tout comme Israël, où Benyamin Nétanyahou a qualifié le vote de “scandaleux”, selon le Times of Israel. “Le terrorisme et les agressions de l’Iran menacent la paix dans la région et dans le monde entier. Au lieu de s’opposer aux ventes d’armes, le Conseil de sécurité les encourage”, a-t-il dénoncé.
L’Iran, en revanche, n’a pas caché sa joie. “Je n’ai pas souvenir d’une autre résolution attaquant l’Iran, préparée pendant des mois par les États-Unis, qui n’aurait recueilli qu’un seul vote”, a raillé le président Hassan Rohani dans une allocution télévisée, reprise par Reuters. “Mais le plus beau succès est de voir que cette conspiration des États-Unis a été mise en échec et qu’ils ont connu l’humiliation”, a-t-il ajouté.
Donald Trump, piqué au vif, a promis des représailles, rapporte CNN. “Bon, nous savions ce que le vote allait donner, mais nous allons rétablir les sanctions, vous verrez ça la semaine prochaine”, a-t-il déclaré à la presse. Il a également refusé de participer à une visioconférence sur le sujet, proposée par la Russie et à laquelle la France s’est déclarée ouverte.
En promettant de rétablir unilatéralement les sanctions levées dans le cadre de l’accord de 2015, le président américain sait qu’il y porte un probable coup de grâce.
“Les diplomates ont souligné qu’une telle décision fragiliserait encore l’accord, car l’Iran perdrait sa principale motivation pour limiter ses activités nucléaires”, observe Haartez. “L’Iran s’est déjà soustrait à certaines dispositions de l’accord, en réponse au retrait américain” de 2018, ajoute le quotidien israélien.
Avec cette décision, Donald Trump pourrait également entraîner les États-Unis dans un conflit majeur avec ses partenaires au sein du Conseil de sécurité, qui considèrent que Washington abuserait d’un droit qu’il n’a plus.

“Stratégie unilatérale des États-Unis”

Le magazine conservateur américain The National Interest, très favorable à un rétablissement des sanctions, rappelle que l’accord sur le nucléaire offrait la possibilité à tout signataire de rétablir les sanctions unilatéralement, si l’une des parties – l’Iran, en l’occurrence – ne remplissait pas ses obligations.
“Si nous voulons sérieusement contenir l’Iran, alors les États-Unis sont dans l’obligation de lancer le rétablissement des sanctions”, écrit le magazine.
Mais les Européens du Conseil de sécurité font remarquer que les États-Unis ont quitté l’accord, et qu’ils ne devraient plus pouvoir s’en prévaloir.
Les abstentions européennes lors du vote “doivent s’interpréter comme une critique de la stratégie unilatérale américaine face à l’Iran”, résume El Mundo.
Beaucoup d’entre eux – notamment la France – sont conscients de la menace que représente l’expiration de l’embargo sur les armes, “mais ils sont furieux du comportement des États-Unis, qui ont imposé des sanctions en 2018 et fait pression sur les entreprises européennes pour qu’elles s’y plient, provoquant une série de réactions hostiles de la part de l’Iran” et une escalade “qui a failli aboutir à une guerre en début d’année”, rappelle le quotidien espagnol.

Source Afrique Actu Daily
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