lundi 31 août 2020

Nasrallah : "Le Hezbollah prêt à discuter d'un nouveau "pacte politique" proposé par Macron"


Le secrétaire général du mouvement terroriste chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé dimanche que sa formation est disposée à discuter d'un nouveau "pacte politique" au Liban, proposé par la France pour tenter de sortir le pays du Cèdre de sa pire crise depuis 1990.......Décryptage........


 "Nous sommes ouverts à toute discussion constructive sur le sujet mais à la condition que ce soit la volonté de toutes les parties libanaises", a indiqué le leader chiite, évoquant l'appel du président français Emmanuel Macron, attendu lundi à Beyrouth, pour un nouveau "pacte politique". 
Lors de sa visite, le 6 août à Beyrouth, M. Macron avait rencontré, outre les responsables du pays, de nombreux acteurs politiques et de la société civile et avait appelé à l'élaboration d'un "nouveau pacte" politique au Liban, avec des réformes nécessaires, sans quoi pays "continuera de s'enfoncer".

"Les appréhensions des autres"

"Ces derniers jours, nous avons entendu de la part de responsables français des critiques sévères contre le système confessionnel libanais. Nous sommes ouverts à toute discussion constructive à ce sujet, pour aboutir à un nouveau pacte politique, mais ce débat doit être le fruit de la volonté de toutes les composantes politiques du pays. 
Nous devons respecter les appréhensions des autres", a souligné Hassan Nasrallah, lors d'un discours télévisé retransmis en direct à l'occasion du 10e jour de Achoura, qui commémore le martyre en 680 de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, un événement fondateur de l'islam chiite.
Hassan Nasrallah n'a toutefois pas manqué de critiquer d'une certaine manière la proposition française. 
"Si un dignitaire religieux du pays appelle à un nouveau pacte politique, il est traité de traître et fait l’objet de critiques", a-t-il regretté. 
"Par le passé, je n’ai pas appelé à un nouveau pacte politique, mais juste à une amélioration de l’accord de Taëf qui est déjà en place, une Assemblée constituante. 
Face aux critiques que cet appel avait suscitées, je l'avais laissé de côté", a-t-il pris soin de rappeler. 
"Quelle aurait été la réaction si le président iranien ou le président syrien avaient appelé à un nouveau pacte politique ? 
Mais quand cet appel émane d’un autre Etat, considéré par certains comme un pays ami, personne ne s’y oppose. Cela constitue un problème sur le plan de la vie politique et des moeurs politiques", a regretté Hassan Nasrallah.
Trois semaines après la démission du cabinet de Hassane Diab, dans la foulée des explosions du 4 août à Beyrouth, le président Michel Aoun a enfin fixé pour lundi matin les consultations parlementaires contraignantes, devant mener à la nomination du futur Premier ministre. 
Ces consultations se tiendront quelques heures avant l'arrivée au Liban de M. Macron, à l'occasion du centenaire du Grand Liban. Lors d'une visite dans la capitale libanaise, deux jours après la double explosion dans le port, le président français avait pressé les dirigeants libanais de former rapidement un gouvernement de confiance. 
"Si nous lâchons le Liban, (...) ce sera la guerre civile", a même prévenu vendredi le président français.

Le gouvernement

"Nous espérons que demain, les blocs parlementaires pourront nommer un candidat pour former le prochain cabinet. 
Nous avons de grands espoirs dans ce qui va se passer dans les prochaines heures", a dit le chef du Hezbollah. "Nous avons besoin d’un gouvernement capable de redresser la situation économique et sociale, assumer la reconstruction et effectuer le plus de réformes possibles. Nous allons coopérer pour sortir le pays de la vacance gouvernementale contre laquelle nous avons toujours mis en garde", a promis le dignitaire chiite. 
Soulignant qu'il dirigeait "le plus grand parti politique au Liban", Hassan Nasrallah a mis en doute la légitimité du mouvement de contestation populaire qui réclame un changement politique. 
"Pouvons-nous considérer que les revendications de centaines de manifestants expriment la volonté du peuple libanais?", a-t-il lancé. 
"Qui a dit que le peuple libanais veut un gouvernement indépendant, ou un gouvernement de technocrates, ou même un gouvernement politique ? 
Si la majorité parlementaire s’exprime, oui, nous pouvons dire que la majorité de la population veut cela. 
Tout autre mécanisme n’est pas valable", a estimé le chef du Hezbollah qui détient, avec ses alliés, la majorité des sièges à l'Hémicycle.

La double explosion du port

Par ailleurs, le chef du Hezbollah a abordé la question de l'enquête sur la double explosion du 4 août au port de Beyrouth et qui a fait, selon un bilan encore provisoire, 190 morts et plus de 6.500 blessés. 
"Si l’enquête technique est achevée, nous souhaitons que les résultats soient rendus publiques afin de trancher le débat dans le pays. 
Nous voulons que cette enquête dise s’il y avait des armes, des munitions ou des missiles dans le hangar 12 au port, afin que les accusations en ce sens prennent fin. 
De même au sujet du nitrate d’ammonium, sachant qu’on accuse le Hezbollah d’être le propriétaire de ces stocks, alors que l’identité des vrais propriétaires est connue. 
Nous souhaitons que l’armée libanaise tranche ce débat et rende les résultats publics", a plaidé Hassan Nasrallah, qui a déjà dédouané son parti, à plusieurs reprises, de toute responsabilité dans la catastrophe.
Sur le plan sécuritaire interne, Hassan Nasrallah a évoqué la menace terroriste jihadiste, alors que plusieurs incidents qui seraient liés au terrorisme islamiste sunnite ont eu lieu dernièrement dans le pays, faisant craindre une résurgence de cette menace. 
"Nous devons faire attention aux tentatives de raviver Daech en Irak et en Syrie. Nous devons être aux aguets", a mis en garde le chef du Hezbollah.

Relations entre le Hezbollah et Amal

En outre, il s'est voulu apaisant et rassurant vis-à-vis de son allié chiite, le mouvement Amal du président du Parlement, Nabih Berry, après un incident qui a opposé des partisans des deux formations, faisant deux morts et dix blessés il y a quelques jours au Liban-Sud. 
"Nous insistons sur la solidité des relations entre le Hezbollah et Amal. A notre avis, c’est cela qui permet de protéger le Liban, à travers le triptyque armée, peuple, résistance. 
Certains incidents regrettables entre de jeunes hommes par ci et par là, dans certaines localités, heureusement à intervalles non réguliers, ont eu lieu. Mais grâce aux directions du Hezbollah et d'Amal, nous pouvons surmonter ces incidents regrettables avec fermeté, et couper court aux espoirs de tous ceux qui misent sur la discorde entre les frères. 
Nous soutenons la direction du parti Amal ainsi que le Conseil supérieur chiite et la famille de l’Imam Moussa Sadr, dans le suivi de ces affaires. Nous sommes à leurs côtés et à leur disposition", a fait savoir Hassan Nasrallah. 
Il n'a toutefois pas évoqué la rixe qui a opposé jeudi des partisans du Hezbollah et des membres sunnites des tribus arabes à Khaldé, dans le caza de Aley, sur fond de déploiement de banderoles de Achoura et de drapeaux, et qui a dégénéré, faisant deux morts.

La frontière Sud

Par ailleurs, Hassan Nasrallah a commenté les derniers incidents frontaliers après des bombardements israéliens contre des positions présumées du Hezbollah au Liban-Sud. 
"Il y a quelques semaines, l’un de nos frères, Ali Kamel Mohsen, est tombé lors de frappes israéliennes contre la région de Damas, en Syrie. Notre objectif est de punir les assassins et consacrer l’équilibre de la dissuasion avec l’ennemi. Nous avons uniquement publié un communiqué pour dire que notre frère a été tué par une frappe israélienne. 
C’est Israël seul qui était aux aguets aux frontières libanaise et syrienne et a pris des mesures qu’on connaît", a rappelé Hassan Nasrallah. "Le plus fort ennemi dans la région est inquiet, je vous le dis. Il attend la Résistance car il sait que celle-ci tient parole. 
Dès qu’il sent des mouvements, il commence à bombarder les secteurs frontaliers, notamment le périmètre des hameaux de Chebaa", a estimé le chef du Hezbollah. 
"Si nous voulions répondre, juste pour remonter le moral ou pour exploiter cela médiatiquement, nous l’aurions fait dès le premier jour", a fait savoir Hassan Nasrallah. 
"A l’ennemi israélien je dis clairement : Quand tu tues l’un de nos moujahidines, nous tuerons l’un de tes soldats", a menacé le leader chiite. "Ce que les Israéliens ont fait il y a quelques jours a été pris en compte. Nous avons pris note de cela. 
Et nous ne sommes pas pressés. Au final, vous allez ressortir dans la rue, et nous vous ferons face", a enfin prévenu le chef du parti chiite.
Dans la nuit de mardi à mercredi, l'armée israélienne a mené des frappes aériennes contre des positions présumées du Hezbollah au Liban-Sud, en "réponse" à des tirs du mouvement chiite vers ses soldats. 
Selon l’armée libanaise, les hélicoptères israéliens ont lancé 13 missiles vers des cibles de l’ONG "Vert sans frontières" qui sert, d’après Israël, de couverture aux activités du Hezbollah dans des villages du Liban-Sud. Et le weekend dernier, le Hezbollah avait annoncé avoir abattu un drone israélien ayant franchi la frontière avec le Liban. 
Dans ce contexte, l'ONU a renouvelé vendredi pour un an sa mission de paix au Liban (Finul), en réduisant ses effectifs autorisés et en réclamant à Beyrouth un accès aux tunnels sous la Ligne bleue séparant ce pays d'Israël.  
Présente au Liban depuis 1978, la Finul, composée en grande partie de contingents européens, surveille depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah la frontière libano-israélienne en veillant à prévenir un nouveau conflit entre ces deux parties.
Durant son discours, Hassan Nasrallah n'a à aucun moment évoqué le jugement rendu par le Tribunal spécial pour le Liban, qui a jugé les assassins de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri le 14 février 2005. 
Le TSL a condamné Salim Ayache, un membre présumé du parti chiite, pour son implication dans l'attentat et acquitté trois autres.

Source L'Orient le jour
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