dimanche 23 août 2020

«Cancel» attitude


Bari Weiss (ci-dessus) a provoqué un joli foutoir dans l’opinion mondiale, à la suite de sa démission bruyante du New York Times. A coup de protestations et de tribunes, les intellectuels les plus pointus dénoncent désormais la «cancel culture», la culture de la censure, se réclamant du fameux principe du Siècle des lumières «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais me battrai pour que vous puissiez le dire». Le débat est intéressant et dépasse largement les frontières des Etats-Unis.......Détails.......


La curiosité intellectuelle, un défaut?

Bari Weiss donc est une jeune plume très en vue de l’intelligentsia américaine, auteure d’un livre remarqué sur l’antisémitisme, classée 7e personnalité juive la plus influente du monde par le conservateur Jerusalem Post. 
Elle officiait dans les pages opinion du New York Times, le «meilleur journal du monde» comme disent ceux qui ne lisent que les meilleurs journaux du monde, recrutée après la victoire de Donald Trump pour élargir son spectre idéologique. Dans un courageux exercice d’introspection, le quotidien, qui n’avait rien vu venir, se posait la question d’une éventuelle déconnexion d’avec «les vraies gens».
Vas-y donc pour Bari Weiss, classée libérale centriste, tendance iconoclaste, poussant l’audace jusqu’à mordre parfois le mouvement #MeToo et les combats des minorités de «la gauche stridente». 
Les réseaux sociaux ne lui ont pas pardonné. Ni ses collègues d’ailleurs. La presse n’aime pas la censure et la dénonce, sauf si elle vient de ses rangs. Exit donc Bari Weiss, devenue symbole de la cancel culture. 
Mais écoutons-la: «La curiosité intellectuelle est devenue un défaut au New York Times. Si un sujet est susceptible d’entraîner un backslash interne ou sur les réseaux sociaux, l’éditeur ou le rédacteur évite de le lancer. Twitter est devenu l’éditeur ultime du NYT.» Cinglant!
La société numérique aurait donc produit la culture de l’intolérance. Une forme de totalitarisme de la pensée où plus personne n’écoute et tout le monde s’invective. Gare à celui qui met un orteil hors des rails. 
Début juin déjà, le directeur des pages «Opinion» du New York Times, James Bennet, qui avait recruté Bari Weiss, avait été licencié pour avoir accepté une tribune d’un sénateur républicain appelant à l’envoi de l’armée contre les manifestations violentes. Pas illégal, mais explosif!
On aurait tort cependant de croire que le débat n’est qu’américain. La cancel culture se répand comme une pandémie. 
Films, statues, marques, personnalités publiques, la censure est à l’œuvre et les procès en respectabilité se multiplient. Haro sur le différent. Même les papes du Net s’en inquiètent. 
S’exprimant devant une commission antitrust, Mark Zuckerberg dénonce «les forces d’illibéralisme qui limitent la libre expression». «Les médias sociaux sont une machine à détruire les nuances», estime de son côté le patron d’Amazon, Jeff Bezos. 

Dans une lettre ouverte du mensuel Harpers’, reprise par la presse mondiale, 153 personnalités, dont Noam Chomsky, déplorent «l’intolérance face aux opinions contraires, la mode de la dénonciation publique et la tendance à dissoudre la complexité des sujets politiques dans des certitudes morales aveugles». Malheur à moi, je suis une nuance, disait déjà Nietzsche.

Regarder ailleurs

La droite américaine déguste et exhibe en étendards les propos de Bari Weiss, ignorant que s’attaquer à un camp n’est pas forcément donner raison à l’autre. «Nous ne voulions pas croire à une victoire de Donald Trump. 
Nous avons donc regardé ailleurs», relevait le Washington Post, au lendemain de la victoire du président. 
L’annihilation de la pensée de l’autre n’est évidemment pas le meilleur moyen de se battre contre lui et contre les valeurs qu’il véhicule.

Source Bilan
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