mardi 23 juin 2020

Liban: Kinda el-Khatib poursuivie pour collaboration avec Israël


Kinda el-Khatib, 24 ans, une militante originaire du Akkar, connue pour exprimer dans la rue et sur les réseaux sociaux sa position hostile au mouvement terroriste Hezbollah et au chef de l’État Michel Aoun, fait l’objet de poursuites lancées hier par le parquet financier pour intelligence avec l’ennemi et entrée dans les "territoires palestiniens occupés".......Détails.......


Suivant des informations qui ont fuité, la jeune militante aurait profité de ses relations présumées avec un journaliste israélien pour faciliter à un expert économique, Charbel Hajj, une intervention dans une émission télévisée israélienne, à en croire des sources médiatiques, qui affirment que ce dernier ferait l’objet d’un mandat d’arrêt par défaut. 
\Selon les mêmes sources, Kinda el-Khatib serait quant à elle entrée en "Palestine occupée" en janvier dernier par l’intermédiaire du journaliste précité. Le dossier de la jeune militante a été déféré par Fadi Akiki, commissaire adjoint par intérim du gouvernement auprès du tribunal militaire, au juge d’instruction par intérim près le même tribunal, Fadi Sawan, lequel devra procéder à une enquête, à la lumière de laquelle il prononcera soit un acte d’accusation, soit un non-lieu, selon que les charges seront retenues ou pas. 
Kinda el-Khatib avait été arrêtée jeudi dernier à son domicile à Halba par la Sûreté générale (SG), en même temps que son frère Bandar, qui a ensuite été relâché après avoir été notamment interrogé sur son lien éventuel avec le transport d’activistes contestataires dans des navettes reliant le Liban-Nord à Beyrouth. 
L’incarcération de la militante par la SG avait aussitôt suscité un tollé dans les milieux de la contestation qui l’ont considérée comme injuste, d’autant que les forces de sécurité n’avaient pas donné d’explication. 
Un des contestataires avait affirmé qu’il y a deux semaines, Kinda el-Khatib avait elle-même déposé une plainte auprès des FSI concernant le piratage de son compte Twitter. 
Dans le même temps, des partisans du Hezbollah ont abreuvé la jeune femme d’insultes sur les réseaux sociaux, l’accusant d’être un agent d’Israël. Dans un premier temps, l’ordre des avocats de Tripoli a condamné l’arrestation, considérant qu’il s’agit d’« une affaire d’opinion publique et de défense des libertés individuelles », comme l’affirme à L’Orient-Le Jour le bâtonnier du Liban-Nord, Mohammad Mrad. 
« Mais à la suite d’informations persistantes sur des soupçons de collaboration avec l’ennemi israélien qui pèsent sur la jeune femme, nous nous sommes rétractés en conseillant à ses proches de lui choisir un avocat à titre personnel », ajoute le magistrat, soulignant qu’il n’a pas qualité pour se prononcer pour ou contre les accusations avant les résultats de l’enquête. 
Lors d’un sit-in organisé hier devant le siège du tribunal militaire, parallèlement à la séance judiciaire qui s’y tenait, l’avocate de la jeune femme, Jocelyne el-Raï, a déploré sur la chaîne LBCI les fuites de l’enquête du procureur militaire, refusant de dire si sa cliente a fait des aveux et faisant allusion à l’éventualité de pressions. 
Jointe par L’OLJ, Mme Rahi n’a pas voulu en dire davantage. Yasmine, la sœur de la détenue, n’a pas été plus loquace, indiquant que « décision a été prise de s’abstenir de déclarer quoi que ce soit avant que l’audience auprès du juge d’instruction ne soit fixée ». 
« Celle-ci devrait se tenir mardi (aujourd’hui) ou mercredi (demain) », se contente-t-elle d’ajouter à L’OLJ.
Une source judiciaire indique à L’OLJ que des éléments de l’enquête aurait fuité du parquet probablement pour nuire à la réputation de la militante et susciter l’hostilité de l’opinion publique, alors que toute enquête préliminaire doit être menée et clôturée dans le secret. 
Une divulgation d’informations que Ali Abbas, membre du groupe des avocats volontaires des manifestants du 17 octobre, juge également suspecte, sans toutefois trancher sur l’innocence ou la culpabilité de la militante. 
« Nous attendons la fin de l’enquête pour savoir si Kinda el-Khatib est coupable », dit-il, tout en espérant que « son dossier ne soit pas fabriqué sur le même modèle que celui de Ziad Itani » (l’acteur accusé à tort de collaboration avec Israël et arrêté en 2017 pendant plusieurs mois). 
« Pour nous, tout accusé est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire », ajoute M. Abbas, prônant « le droit à une enquête transparente et rapide ». « Au cas où la militante serait coupable de ce crime puni par la loi, nous ne la défendrons pas. 
Bien au contraire, nous la fustigerons pour avoir utilisé la révolution en vue de réaliser des objectifs cachés. 
Mais si les suspicions sont infondées, c’est la crédibilité de la justice qui en prendra un coup, d’autant que nous aurions alors assisté à une reproduction de l’affaire de Ziad Itani. 
Dans ce cas, nous accuserons la justice de vouloir saper la révolution à travers des stratagèmes », lance-t-il. 
S’exprimant sur ce cas, un ancien juge qui requiert l’anonymat souhaite que « cesse l’instrumentalisation de la justice par la politique », déplorant qu’ « on intimide souvent par ce moyen les opposants du pouvoir ». 
Pour ce qui est de la transparence des procédures judiciaires, il réclame une loi imposant la présence de l’avocat du suspect lors des enquêtes préliminaires menées par la police judiciaire et le parquet afin d’éviter que des aveux soient extorqués aux détenus interrogés seuls.

Source L'Orient le jour
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