Alors que la liste des engagés pour le Masters s’est encore affinée avec un total de 474 judokas, en provenance de 69 pays, on a assisté à un véritable coup de théâtre ce week-end.
Saeid Mollaei (-81 kg) y apparaît, en effet, sous le drapeau mongol ! Le n°3 mondial, derrière l’Israélien Sagi Muki et… le Belge Matthias Casse, est venu s’ajouter à Uuganbaatar Otgonbaatar, n°17, et à Dagvasuren Nyamsuren, n°27.
Champion du monde 2018, Saeid Mollaei est ce judoka iranien de 27 ans qui avait révélé être obligé, par les autorités politiques de son pays, de perdre lors du Mondial, à Tokyo, pour ne pas avoir à combattre face à l’Israélien Muki. Ce qui n’était pas une première dans sa carrière…
Mais, au Japon, les menaces avaient dépassé les limites. Son entraîneur, d’abord, Mollaei, ensuite, avaient, en effet, été contactés par téléphone alors qu’ils se trouvaient dans la salle d’échauffement, le jour même de la compétition, pour que le judoka ne se présente pas sur le tatami, ce qu’il avait refusé.
Enchaînant les victoires face au Marocain Moutii, au Portugais Luz, au Russe Khalmurzaev et au Canadien Valois-Fortier, l’Iranien était parvenu en demi-finales, contre Matthias Casse, alors que Sagi Muki se qualifiait pour la finale. Expliquant, par après, avoir été contacté par ses parents, chez qui des policiers menaçants avaient débarqués en Iran, Mollaei livra un long (6’27) et beau combat face à l’Anversois, mais il révéla par la suite qu’il l’avait volontairement perdu, tout comme sa finale pour le bronze, face au Géorgien Maisuradze.
Et ce, pour ne pas avoir à monter sur le podium aux côtés de l’Israélien !
Toute cette histoire déboucha sur la suspension de la Fédération iranienne et donc sur l’interdiction de compétition de Saeid Mollaei qui, de Tokyo, prit un vol pour… l’Allemagne, où il obtint le statut de réfugié, politique et sportif. À partir de là, s’engagèrent les négociations pour savoir comment permettre à cet excellent judoka de poursuivre sa carrière.
Trois mois s’écoulèrent jusqu’au Grand Chelem d’Osaka où l’ex-Iranien s’aligna sous la bannière "IRT" pour "International Refugee Team".
Et beaucoup pensaient que Saeid Mollaei combattrait dorénavant avec ce statut, comme c’est le cas de certains Russes en athlétisme qui concourent sous le drapeau de la Fédération internationale.
Mais, alors qu’on lui promettait déjà la citoyenneté allemande, le judoka a reçu un passeport… mongol !
C’est donc sous cette nouvelle nationalité qu’il s’alignera au Masters, du 12 au 14 décembre, à Qingdao.
Et qu’il rencontrera peut-être l’Israélien Muki…
Si la question du passeport est résolue, la Mongolie étant habituée des départs (vers l’Azerbaïdjan, notamment…) et des arrivées, celle de la sélection pour les Jeux de Tokyo ne l’est pas (encore) !
Outre le fait qu’il y a déjà Otgonbaatar, n°17, et à Nyamsuren, n°27, dans la catégorie, le règlement de la Fédération internationale prévoit que le judoka changeant de nationalité perd tous ces points au ranking mondial et, donc, olympique.
Sauf nouvelle exception, avec ce transfert de l’année, Saeid Mollaei repartira donc vraiment de zéro !
Source DhNet
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