jeudi 26 décembre 2019

«Arnys & moi», Russes et costumes


En parallèle de l’histoire de la très chic boutique de mode rive gauche, Philippe Trétiack évoque non sans humour sa saga familiale, autrement plus modeste et vouée à l’échec........Détails........  


A voir l’image d’«une maison anglaise» et très française à la fois, usant du velours côtelé, du tweed et de la flanelle sans oublier les tissus italiens : Arnys, dédié au chic masculin, depuis 1933 à l’angle de la rue de Sèvres et de l’impasse Récamier, aura réussi cet exploit, avant que Berluti, du groupe LVMH, rachète la marque en 2012. 
Habiller les bourgeois de gauche, puiser dans le vestiaire populaire, c’était cela aussi, Arnys. Une palette esthétique et sociale évoluant avec le temps, que Philippe Trétiack analyse dans Arnys & moi.
Pourquoi «et moi» ? Parce que le récit met en parallèle deux trajectoires. La trajectoire montante est celle de la lignée de Jankel Grünberg, juif russe issu d’«une famille de lettrés». 
Ses six frères ont émigré aux Etats-Unis, où ils ont fait fortune grâce à son aide. Jankel a choisi la France. 
Une chemiserie, puis cinq, son affaire fut reprise par ses fils, Léon et Albert, lui-même mourant à Auschwitz avec sa femme. 
Les fils de Léon, Michel et Jean Grimbert, héros malicieux et discrets du livre de Trétiack, ont à leur tour travaillé ensemble et fait d’Arnys le rendez-vous le plus smart de la rive gauche.
Pendant que Jankel exerçait son sens du commerce, les deux grands-pères de l’auteur, juifs «ukraino-russo-roumains» partant de plus bas, s’exilent en France, rive droite. Ils sont dans l’ébénisterie. 
Côté Trétiackov, on ouvre un magasin de confection pour dames. C’est le faubourg Saint-Antoine et non le faubourg Saint-Germain. 
Quand elle décide de travailler, la mère du petit Philippe reprend la boutique de son beau-père et, aux yeux de son fils, cette erreur va lui gâcher la vie. Elle emploie une de ses sœurs, c’est un désastre. 
Avec un humour désolé, mais avec le sourire quand même, Trétiack écrit : «Nous aussi nous avions un étage», quand il évoque le salon d’essayage d’Arnys.
Les trente costumes annuels de Pierre Bergé, l’alpaga noir de Claude Sautet : la saga d’Arnys est très people. 
La veste la plus célèbre, «la Forestière» (Serge Moati en a dix-neuf), confortable et doublée de jaune ou de rouge, a fait de François Fillon en 2000 un homme original, avant qu’il raccroche les gants en 2017 à cause de quelques costumes offerts. 
Ce n’était plus une audace mais une faute de goût.

Philippe Trétiack - Arnys & moi - Edition Plein Jour - 164 pp - 17 €


Source Liberation
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