Artiste hors normes, à la fois dessinateur, écrivain, poète, metteur en scène et chansonnier, Roland Topor est décédé en 1997, laissant derrière lui une oeuvre foisonnante.
C'est le Topor dessinateur que le Musée de l’illustration jeunesse de Moulins (Allier) met en lumière jusqu'au 2 février 2020 dans une exposition intitulée "Le monde selon Topor".
Affiches de cinéma, dessins de commande, illustrations de romans (notamment ceux de Marcel Aymé, Georges Sand, Boris Vian), illustrations des contes de Grimm ou du Pinocchio de Collodi, dessins autour de la série Téléchat...
Au total, ce sont 160 œuvres que Nicolas Topor, le fils de Roland, a prêté au musée départemental.
Univers particulier
Le visiteur replonge dans l'univers de Topor, tour à tour fantastique, réaliste dans le trait, absurde, souvent sombre et grinçant.
Preuve en est avec Le Voyageur immobile, une lithographie datant de 1968 que décrit Guy Jutard :
"Lorsque l’on regarde d’un peu plus près le détail du dessin, il y a une énorme pince, un clou dans le sol, qui ficelle le pied gauche du personnage. Il ne peut pas partir. Il ne peut partir que dans un voyage rêvé".
Roland Topor - Le Voyageur immobile -1968 -lithographie - BnF- département des estampes et photographies Roland Topor
Enfance cachée
Ce voyage rêvé résonne avec une enfance qui ne le fut pas. Fils d'émigrés juifs polonais arrivés en France dans l'entre-deux-guerres, Roland Topor est né à Paris en 1938.
Pendant la Seconde guerre mondiale, son père est interné au camp de Pithiviers dont il réussit à s'évader. La famille se cache en Savoie pour échapper aux persécutions.
Topor écrira : "Cette période historique m’a insufflé la panique. J’ai conservé le dégoût de la foule et des gourous, de l’ennui et du sacré, de la poésie sucrée".
Touche-à-tout
Plus tard, Topor étudie aux Beaux-arts, puis travaille comme illustrateur dans la revue Bizarre puis pour le magazine satirique Hara-Kiri jusqu'en 1965.
Co-créateur du mouvement Panique, sorte de prolongation du dadaïsme, Roland Topor se fait aussi connaître comme écrivain notamment avec Le Locataire chimérique.
Paru en 1964, il sera adapté au cinéma par Roman Polanski dans Le Locataire. Pièces de théâtre, recueils de nouvelles, film d'animation (La planète sauvage, avec René Laloux, Prix spécial du jury à Cannes en 1973, qui est projeté au Musée de l'illustration jeunesse accompagné des dessins préparatoires), émissions sur France Culture... Roland Topor touche à tout. Y compris à la télévision.
La saga Téléchat
En octobre 1983, les petits Français et leurs parents découvrent Téléchat, une série télévisée franco-belge en 234 épisodes de 5 minutes, créée par Roland Topor et Henri Xhonneux.
Diffusée sur France 2 dans l'émission Récré A2, cette série parodie le journal télévisé en faisant parler animaux (une autruche, Lola, et un chat, Groucha, avec un bras dans le plâtre) et objets (Albert, le dictionnaire en deux volumes ; Durallô, le téléphone du studio ou encore Jane, une tasse de thé anglaise). "Il y a un aspect Topor à faire parler un fer à repasser.
Il y a un ton de folie qui est de l’ordre de l’imaginaire de Roland Topor" souligne Guy Jutard.
L'exposition présente des vidéos et des dessins tirés de cette série qui a marqué toute une génération, à l'image de ce visiteur : "J’aimais bien, surtout le côté absurde et décalé. Il y avait aussi la qualité de la musique."
Dessinateur engagé
Autre aspect de la créativité insatiable de Rolant Topor, ces dessins souvent engagés et "décapants" pour le Monde, Libération, le New York Times ou Die Zeit.
Mais également cette affiche devenue célèbre, réalisée en 1977 pour l’ONG Amnesty International.
Une dénonciation de la torture qui rabaisse les hommes au rang d’objets.
La liberté d'opinion est-elle mortelle, affiche de Roland Topor pour Amnesty International-Musée de l’illustration jeunesse de Moulins
Roland Topor est dédédé en 1997 à la suite d'un accident cardio-vasculaire. Il avait 59 ans.
"Le monde selon Topor"
jusqu'au 2 février 2020
Musée de l’illustration jeunesse
26 rue Voltaire
03000 Moulins
04 70 35 72 58
Du mardi au samedi : de 10h à 12h et de 14h à 18h
Dimanches et jours fériés : ouvert après-midi uniquement
Tarifs : de 2 à 5 €
Source France TV Info
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