L'objectif est de contourner le président de la commission électorale, le juge de la Cour suprême Hanan Meltzer, qui s'oppose à une telle mesure.
Durant la discussion, en réunion du gouvernement, le conseiller juridique, Avichaï Mendelblit, qui, exceptionnellement, était présent, a fait part de ses objections.
Il considère que, du point de vue juridique, le projet est problématique. Sans compter, dit-il, que l'installation improvisée de caméras risque de créer le chaos le jour du scrutin.
Pour lui, une telle initiative ne doit pas être prise dans l'urgence, mais selon une procédure juridique et législative normale.
Benjamin Netanyahu a d'emblée rejeté cette position : « Je ne comprends pas pourquoi les institutions juridiques avancent des arguments techniques ridicules et exagérés, au lieu de faire leur travail en préservant l'intégrité du vote. »
Centaines de plaintes
Aux yeux du Premier ministre, « point n'est besoin d'une formation particulière et de dispositifs spéciaux. Chaque observateur peut filmer avec son téléphone cellulaire. C'est ce qui a lieu partout dans l'espace public. Chaque épicerie a ses caméras de surveillance. »
Enfin, Benjamin Netanyahu a repris l'accusation qu'il développe depuis plusieurs jours : « Je comprends pourquoi Lapid et Gantz [les deux chefs de Bleu-Blanc, NDLR] et Lieberman [La Maison juive, NDLR] sont d'accord avec la Liste arabe unifiée pour empêcher un contrôle par caméras des bureaux de vote. C'est pour permettre la fraude et nous voler l'élection. »
Plusieurs ministres ont attaqué le conseiller juridique du gouvernement en l'accusant de ne pas les défendre suffisamment devant la Cour suprême et de ne pas lutter assez contre la fraude électorale.
Sortant de nouveau de sa réserve, le président de l'État Reuven Rivlin a pris position en faveur du conseiller juridique du gouvernement et du président de la commission électorale, qu'il soutient :
« Face aux attaques infondées et irresponsables qu'ils subissent ces derniers jours, je rejette totalement les tentatives visant à ébranler la confiance du public envers ces institutions et le professionnalisme avec lequel ils préparent l'élection. »
Il faut rappeler que c'est ce même Avichaï Mendelblit qui, en sa qualité de procureur général, auditionnera, début octobre prochain, les avocats de Netanyahu, avant de décider s'il le traduit ou non en justice pour corruption.
Depuis des mois, le Premier ministre et son parti, le Likoud, attribuent leur échec à former le gouvernement à une fraude qui, disent-ils, « a eu lieu, en avril dernier, dans les bureaux de vote du secteur arabe ».
Ils ont déposé une centaine de plaintes auprès de la commission électorale. Aujourd'hui, la directrice de cette commission, Orly Hadass, révèle qu'après leur examen aucune irrégularité n'y a été constatée.
Quant à l'enquête en cours de la police, elle se concentre sur deux bureaux de vote où la fraude aurait profité à Shas, le parti ultraorthodoxe, et au Likoud.
Le fils Netanyahu déclenche la polémique
Au sein de l'opposition, les réactions au vote du gouvernement sont très vives. Nitzan Horowitz, le numéro un du Camp démocratique – l'alliance entre Meretz, les Verts et le nouveau parti d'Ehoud Barak –, a tweeté :
« Cette affaire des caméras est destinée à détruire le processus électoral. Si le projet de loi est voté par la Knesset, ce sera le chaos dans les bureaux de vote. Et s'il n'y a pas de caméras, Benjamin Netanyahu dira qu'il y a fraude et que les résultats du scrutin sont faux.
C'est une forme de putsch. Nous avons atteint la ligne rouge de la démocratie. »
Même ton alarmiste de la part de Benny Gantz, le dirigeant de la liste Bleu-Blanc :
« Netanyahu veut porter atteinte à la légitimité du prochain scrutin. Il prépare le terrain au chaos qui aura lieu le jour de l'élection et le lendemain. Bleu-Blanc soutiendra toute décision prise par la commission électorale et le conseiller juridique du gouvernement. »
Quant au Parti travailliste, il a décidé de mobiliser des milliers de volontaires pour les déployer dans les centres de vote du secteur arabe. Leur mission : « Contrecarrer les provocations du Likoud ».
Comme si cela ne suffisait pas, Yaïr, le fils aîné de Sarah et Benjamin, a refait parler de lui, avec un tweet dans lequel il accuse Yitzhak Rabin « d'avoir assassiné des survivants de la Shoah dans l'Altalena [le bateau coulé au large de Tel-Aviv en 1948 sur les ordres de Ben Gourion, NDLR] et d'avoir provoqué la mort de 2 000 Israéliens en faisant revenir de Tunis Yasser Arafat et des dizaines de milliers de terroristes ».
Parmi les réactions scandalisées, celle du fils du Premier ministre assassiné, Youval Rabin, qui espère que, « cette fois, le conseiller juridique du gouvernement agira contre ceux qui incitent à la violence. »
Benjamin Netanyahu a, pour sa part, exprimé son désaccord avec les propos de son fils « qui, a-t-il dit, n'engagent que lui-même ».
Source Le Point
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