Année 1970. La Guerre d’usure fait rage depuis 1967 entre Israël et une coalition réunissant l’Égypte, la Jordanie, Cuba, l’OLP et l’Union soviétique, autour de la péninsule du Sinaï.
En juin de cette même année, le colonel Rami Harpaz, pilote au sein de l’armée de l’air israélienne, est fait prisonnier en Égypte après le crash de son avion.
Il se retrouve avec 9 autres Israéliens, eux aussi faits prisonniers au sein de la prison militaire d’Abbasiya, au Caire.
La Guerre d’usure durait depuis plusieurs mois déjà et, malgré un cessez-le-feu signé en août 1970, les tensions entre les pays, Israël et Égypte en tête, perdurent pour de nombreux mois encore.
Les prisonniers israéliens, pour passer le temps, avaient heureusement accès à une importante bibliothèque d’ouvrages, en anglais, fournie par la Croix-Rouge, mais aussi à des livres envoyés par leurs proches.
Yitzchak Fir, un autre pilote fait prisonnier, reçut un jour une édition américaine du Hobbit, de JRR Tolkien, paru pour la première fois en 1937.
« Quand nous avons lu Le Hobbit, c’était tellement beau que nous avons décidé que nous devions impérativement le traduire pour les lecteurs qui ne connaissaient pas l’anglais », se rappelle Harpaz.
Le groupe de prisonniers se met alors au travail : quatre d’entre eux, dont Harpaz et Fir, lisent l’anglais.
Malgré le nombre de pages réduit du roman, certains passages leur donnent du fil à retordre, notamment les différents poèmes cités dans le livre.
Harpaz reconnait aujourd’hui que le séjour en prison aura été plutôt constructif pour chacun d’entre eux, et ne garde d’ailleurs aucune rancune à l’encontre des soldats égyptiens, qu’il considère comme « de gentilles personnes, qui faisait simplement leur boulot ».
Les liens créés avec les autres prisonniers, tant à travers les mois de détention que par le travail sur la traduction du Hobbit, restent une expérience incomparable, pour lui.
Et la traduction en hébreu des prisonniers de guerre reste encore aujourd’hui particulièrement appréciée des lecteurs israéliens, pas seulement en raison de son histoire :
« Parce que nous n’étions pas des traducteurs professionnels, cette version a son propre charme. Elle s’autorisait des moments de folie », souligne Rami Harpaz.
Les hommes ne furent libérés qu’en 1973, après la Guerre du Kippour : en 1977, Zmora Bitan Publishers s’empare de leur traduction et la publie, permettant à de nombreux lecteurs de découvrir ou redécouvrir le récit de Tolkien.
Aujourd’hui, trois traductions en hébreu coexistent, mais celle des prisonniers garde une place spéciale dans le cœur des lecteurs et amateurs de Tolkien…
Source Actualitte
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