dimanche 8 septembre 2019

En Israël, les cueilleurs de plantes aromatiques ne veulent plus être criminalisés


L’origan, la sauge et le cardon pourront à nouveau être ramassés en Israël. Au début de l’été, l’Etat hébreu s’est dit prêt à revenir sur quatre décennies de politique répressive à l’égard des cueilleurs, jusqu’alors considérés comme des délinquants.......Détails........



L’autorité israélienne de la nature et des parcs envisage d’assouplir la stricte interdiction de la cueillette sauvage d’herbes aromatiques, sous prétexte d’espèces protégées. 
La nouvelle concerne directement les arabes d’Israël et les Druzes, une minorité arabophone du nord d’Israël, pour lesquels il s’agit d’une tradition locale.
L’interdiction de cueillir du zaatar (désignation arabe d’une variété d’origan) et de la sauge remonte à 1977 lorsque, avec plusieurs dizaines de plantes, ces deux herbes aromatiques sont déclarées « espèces sauvages protégées » par le ministère israélien de l’agriculture. 
Dès lors, conformément aux lois sur la protection de la nature, en cueillir, en posséder ou en vendre est illégal et peut valoir trois ans de prison au contrevenant. 
Le cardon, une plante voisine de l’artichaut, est ajouté à la liste en 2005.

Résister par la cueillette

Deux ans plus tard, la cueillette de ces « espèces sauvages protégées » devient illégale dans la zone C de la Judée Samarie, administrée par l’armée israélienne. Face à l’interdit, deux postures s’offrent aux cueilleurs : résister en continuant de ramasser ces herbes dans la nature, au risque de se faire prendre, ou bien céder en achetant des variétés cultivées. Samir et Nadia Naamneh ont choisi la première option.
« On ne va pas arrêter d’y aller même si on a toujours peur d’être attrapés. Il n’y a aucune raison de nous interdire cette pratique. » 
Au printemps, ils s’en vont chaque jour récolter le cardon dans les collines autour de leur village d’Arabeh, dans le nord d’Israël. 
« La tradition, c’est de partir au petit matin pour commencer la cueillette vers 6 heures, raconte Samir Naamneh. 
On redescend à midi avec deux à trois sacs pleins. » Son épouse le cuisine ensuite pour la famille et les proches. 
En quinze ans, le sexagénaire s’est fait surprendre trois fois : il a dû payer des amendes allant de 3 000 à 5 000 shekels (765 à 1 270 euros) d’amende. « On ne va pas arrêter d’y aller même si on a toujours peur d’être attrapés, poursuit-il. Il n’y a aucune raison de nous interdire cette pratique. »
Après avoir recueilli de nombreuses plaintes, le centre Adalah, association qui milite pour les droits de la minorité arabe en Israël, décide de s’y intéresser de plus près. 
Un de ses avocats, Rabea Eghbariah, recense des centaines d’amendes ainsi que 61 cas portés au tribunal de première instance, sur les six dernières années en Israël. 
« La seule fois où le suspect a été acquitté, c’est parce que le juge était arabe, observe-t-il. Cela en dit long sur le sens de cette interdiction. » 
L’avocat dénonce la « criminalisation de pratiques quotidiennes associées à la culture des Palestiniens », en interdisant la cueillette de ces plantes nourricières.

Vers la fin de la criminalisation

Les cueilleurs n’ont pas le profil attendu pour des criminels : la plupart sont des personnes âgées, principalement des femmes. 
« Ce ne sont pas des activistes, souligne Rabea Eghbariah. En général, elles ignorent leurs droits et n’ont aucune manière de se défendre. Beaucoup se rendent au tribunal sans avocat. »
En janvier 2019, l’équipe d’Adalah adresse donc une lettre au ministre de la protection de l’environnement, Zeev Elkin, ainsi qu’au procureur général, Avichaï Mandelblit, pour réclamer l’arrêt de la criminalisation de la cueillette et la fin des poursuites judiciaires. 
En guise de réponse, le ministre et l’autorité israélienne de la nature et des parcs ont annoncé que la cueillette du zaatar, de la sauge et du cardon sera désormais autorisée en Israël, uniquement dans le cadre d’un usage personnel, donc en quantités réduites. 
Le changement n’a cependant pas encore été inscrit dans les textes. Rabea Eghbariah espère que ce sera chose faite au printemps prochain, à la saison de la cueillette. 
Samir Naamneh, lui, en doute. Peu lui importe, il ira de toute façon ramasser du cardon.

Source Le Monde
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