Le prévenu avait passé la soirée du 1er mars 2019 avec un groupe d’amis au R Club, place des Halles à Strasbourg.
Après les avoir ramenés en voiture au petit matin, il est revenu sur les lieux parce qu’une jeune femme avait oublié son sac à l’intérieur de la discothèque.
« J’ai pas tapé la stèle »
Le Citroën C5 est monté sur la petite esplanade bordant l’allée des Juste-parmi-les-Nations. Le conducteur en est descendu et a marché jusqu’à l’établissement de nuit, où il a récupéré le sac.
C’est au moment de repartir qu’il aurait effectué une marche arrière et heurté la stèle commémorative installée là où s’élevait la synagogue de Strasbourg, incendiée par les nazis en 1940.
« J’ai fait une marche arrière mais j’ai fait aucun accident. J’ai pas tapé la stèle », a assuré l’homme de 32 ans à la barre du tribunal correctionnel de Strasbourg.
Les caméras de vidéosurveillance n’ont pas filmé l’instant précis où le monolithe en granit a été percuté. Mais la femme qui se trouvait dans la voiture avec le prévenu a entendu « un gros boum ».
L’agent d’entretien de la Ville qui était en train de balayer la place des Halles a également parlé d’un grand bruit aux enquêteurs de la Sûreté départementale du Bas-Rhin, qui ont conclu à un acte accidentel.
"Conclusions hâtives"
Me Sendegul Aras a pointé les « conclusions hâtives » qui ont parsemé tout le dossier.
À commencer par l’empressement des autorités pour dénoncer un nouvel acte de vandalisme dans un contexte de recrudescence des actes antisémites dans le Bas-Rhin, dix jours seulement après la profanation du cimetière juif de Quatzenheim.
L’avocate de la défense a aussi relevé qu’un autre véhicule Citroën sombre avait été capté par les caméras du secteur, sans pourtant justifier de plus amples investigations.
D’après le spécialiste de la société qui a remis la stèle en place, l’impact n’a pas pu être causé par l’attache-caravane [du C5], a avancé Me Aras, en sollicitant la relaxe de son client au bénéfice du doute.
750 euros d'amende et deux mois de suspension de permis
« On n’est pas ici pour dire que Monsieur est antisémite, a pour sa part indiqué le procureur Vincent Tridon.
Le dossier aujourd’hui, c’est un bête délit de fuite, comme cela peut arriver à beaucoup de gens ».
Le représentant du parquet a requis 500 euros d’amende et deux mois de suspension du permis à l’encontre du prévenu jusque-là jamais condamné, ainsi qu’une amende contraventionnelle de 300 euros pour le défaut de maîtrise.
Le jugement a été mis en délibéré au 2 juillet 2019.
Le trentenaire a été condamné à 600 euros d'amende délictuelle et 150 euros d'amende contraventionnelle, ainsi qu'à deux mois de suspension du permis de conduire.
Il a indiqué avoir perdu son emploi de comptable à la suite de sa garde à vue.
Source L'Alsace
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