Installé à Tel Aviv, comptant plus de 100 000 clients dans le monde, Check Point est le premier fournisseur mondial de solutions de cybersécurité. Et pour son vice-président Europe, Bruno Darmont, les entreprises ne savent pas encore faire face aux nouvelles générations d’attaques.......Analyse..........
Aucune enseigne sur le bâtiment. Juste une façade végétalisée. Pourtant, c’est bien ici, au Sud de Tel Aviv, en Israël, que se trouve le siège de Check Point, leader mondial en solutions de cybersécurité.
Cette entreprise israélienne a été créée en en 1993, par Gil Shwed, à l’âge de 25 ans, avec deux de ses amis ingénieurs, et un financement du groupe BRM, spécialisé dans les logiciels de protection informatique, dont un des fondateurs, Nir Barkat, est aujourd’hui maire de Jérusalem.
« 2 017 a été un réveil »
« Il y a 20 ans, on était une cinquantaine. Aujourd’hui, on est environ 4 700 dans le monde » , explique Bruno Darmont, vice-président Europe de Check Point, à l’occasion de la visite d’une délégation de partons bretons.
L’homme, né à Paris, a quitté la France en 1999 pour s’installer dans l’État hébreu.
Il a participé à la réussite de ce fleuron de l’innovation israélienne, affichant un chiffre d’affaires insolent en 2017 : près de deux milliards de dollars.
C’est que le marché de la cybersécurité est en plein boom et Israël y règne en maître, avec plus de 400 start-up représentant à elles seules 16 % de l’activité mondiale dans le domaine. « 2 017 a été un réveil, raconte Bruno Darmont. Des milliers d’entreprises ont été touchées dans 99 pays. On a enfin pris conscience que tout le monde est vulnérable.
La cyberattaque est aujourd’hui dans le top 4 des risques de catastrophe planétaire, au même titre que les pandémies ou le réchauffement climatique. »
Scénarios de films catastrophe
Check Point travaille sur des scénarios dignes de films catastrophe : prises de contrôles de centrales nucléaires, du réseau électrique de villes entières, d’hôpitaux, d’aéroports… « Nous en sommes à la cinquième génération d’attaques, précise Bruno Darmont. Mais les protections de la plupart des entreprises en sont encore à la deuxième ou à la troisième génération, elles ne peuvent pas faire face aux attaques globales qui existent aujourd’hui. Elles sont très en retard en matière de cybersécurité. »
Si bon nombre de hackers ont des objectifs financiers, « certains sont aussi missionnés par des états » pour des raisons politiques, rappelle Bruno Darmont. Avec la force de frappe qui va avec.
Les PME peuvent-elles être visées ? Indirectement, en tant qu’hébergeur involontaire, poursuit le vice-président de Check Point : « Les hackers peuvent s’introduire dans de petites entreprises pour faire partir des attaques massives à partir de milliers de postes en même temps, afin que personne ne puisse déterminer d’où elles viennent. »
« Usines, banques, hôpitaux, tout est connecté »
C’est un monde angoissant que décrit Bruno Darmont. D’autant plus que la 6e génération d’attaques, favorisée par le développement des outils connectées à Internet, arrive : « Bâtiments intelligents, voitures autonomes, maisons remplies de domotique… Aujourd’hui, usines, banques, hôpitaux, tout est connecté et peut devenir la cible de hackers. »
Check Point, pionnier de la cybersécurité il y a 25 ans en inventant le premier firewall contre les virus, développe aujourd’hui des solutions qui semblent relever de la science-fiction, mais sont pourtant bien réelles, avec notamment des nano-agents patrouillant dans les appareils.
Mais la force de l’entreprise israélienne, selon Bruno Darmont, c’est son travail en collaboration avec ses 100 000 clients et partenaires dans le monde.
« Toutes nos technologies sont basées sur la prévention, pas la détection… car si on se contentait de détecter, ça voudrait dire intervenir quand les attaques ont déjà eu lieu.
Surtout, on s’appuie sur l’expertise locale. Si vous avez la technologie, mais pas l’intelligence pour la piloter, ça ne sert à rien. »
« Le premier qui trouve le vaccin le communique aux autres »
En 2008, Check Point a ainsi lancé le threatCloud, une protection qui empêche les infections venues notamment des fichiers téléchargés et e-mails de se propager, en repérant à l’avance les comportements malveillants et en partageant les informations entre tous les clients avant qu’ils ne puissent pénétrer dans les réseaux.
« En clair, le premier qui trouve le vaccin le communique aux autres » , souligne le vice-président Europe de l’entreprise israélienne.
En France, Check Point travaille avec une soixantaine de clients et partenaires, SFR, mais aussi Orange (notamment avec son centre de cybersécurité implanté à Rennes), BNP Paribas, les journaux Le Monde et Le Figaro, TF1, le logisticien Stef ou encore l’université de Rennes 1.
Sa leçon ? Le monde est de plus en plus connecté. Une fragilité. Mais aussi une force.
Source Ouest France
Vous nous aimez, prouvez-le....