Née à Paris de parents lorientais, Hélène Le Gal, 51 ans, ambassadeur de France en Israël, revient tous les étés en Bretagne. Cette fois-ci, ce sont les Bretons qui sont venus à elle à Tel Aviv, avec la visite d’une délégation de 185 patrons rennais........Interview.........
Vous venez de recevoir à la Résidence de France à Tel Aviv une délégation de l’Union des entreprises 35. Aviez-vous déjà accueilli autant de chefs d’entreprises ?
J’ai eu de très grosses délégations d’entreprises, qu’on appelle des « learning expedition ».
En début de semaine dernière, on a eu par exemple 120 personnes de Groupama. Mais autant de chefs d’entreprises, non jamais.
Avez-vous le sentiment que ces entrepreneurs ont une carte à jouer en Israël ?
Le côté innovation d’Israël est connu. C’est la «start-up nation». Mais le côté marché import-export est peu connu alors qu’il y a des choses à faire. La France n’est pas si mal mais on est dépassé par plusieurs pays européens.
Or c’est un pays où les PME peuvent faire des affaires. Il faut trouver les bons partenaires.
Et quand ça marche, ça marche. Celles qui sont installées ici sont plutôt contentes. Yves Rocher a racheté par exemple Sabon, qui est une très grosse société de cosmétiques israélienne.
40 % du commerce extérieur d’Israël se fait avec l’Union européenne.
Les entreprises bretonnes ont-elles des atouts que les autres n’ont pas pour réussir en Israël ?
La Bretagne est entreprenante. Cela correspond un peu à l’esprit d’ici. Et puis la Bretagne est simple.
Avec les Israéliens il faut aller très vite. Ils sont très cash. Quand les relations s’inscrivent un peu trop dans la durée, ils s’impatientent. Avec des Bretons qui vont aussi droit au but, ça peut bien marcher.
Et pour l’instant il y a peu de Bretons. Il y a 150 000 Français en Israël. C’est la communauté juive, qui ne vit pas tellement en Bretagne. La Bretagne n’est donc pas très présente.
Les chefs d’entreprises bretons de l’Union des entreprises sont donc des pionniers. Ça peut être le début de coopérations, de liens et ensuite d’affaires.
Un poste d’ambassadeur en Israël est-il plus difficile qu’ailleurs ?
C’est considéré comme difficile pour les aspects politiques. La relation entre la France et Israël est toujours un peu sur le fil du rasoir. C’est une relation très forte depuis toujours.
On les a beaucoup soutenus, après on est passé au désamour complet, ensuite à une forme de normalité. Mais c’est toujours un peu tendu. Nous avons voulu jouer un rôle et préconiser la solution à deux Etats entre Israël et la Palestine. Ça provoque des crispations selon les moments.
Donc c’est difficile. Ici, il faut être à la fois ferme sur les positions françaises quand elles sont différentes de celles du gouvernement israélien, mais sans pour autant mettre en jeu tous nos liens.
Votre ancien rôle de conseillère Afrique auprès du président Hollande vous aide-t-il à mieux appréhender ce pays ?
Les relations avec l’Afrique, ce sont avant tout des relations humaines, des liens concrets avec des personnes. Je pense que c’est très transposable ici.
Comment jugez-vous le déménagement très symbolique de l’Ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem ?
C’est une mauvaise décision. Les Américains ont braqué les Palestiniens alors qu’ils disaient vouloir s’engager dans une voie pour régler le conflit.
Un négociateur doit rester central, or ils ont généré beaucoup de tensions à Gaza.
Source Le Telegramme
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