Au cours de mon travail de recherche, j’ai découvert dans les archives du quotidien Le Petit Parisien du 11 acril 1944 une interview du Grand Mufti de Jérusalem, en Français (qu’il parlait couramment), alors qu’il séjournait en France. Vous constaterez de ses déclaration que le Grand Mufti de Jérusalem ne connaissait pas l’existence d’un peuple palestinien mais d’une « unité arabe », et ne réclamait pas la création d’un Etat palestinien, mais d’un « rattachement à l’unité arabe recherchée »...
« La nation arabe réalisera son unité malgré tous les obstacles » déclare au Petit Parisien le Granfe Muphti de Jérusalem
Photo inédite : Le Grand Mufti de Jérusalem lors d’une visite aux volontaires bosniaques combattants aux de l’Allemagne
Le Grand Muphti de Jérusalem est sans conteste une des figures les plus marquantes du mouvement d’unification arabe.
La lutte qu’il mène depuis des années pour libérer le monde arabe et islamique de la tutelle britannique est connue du monde entier.
Mohamed Haminul Husseini, appartenant à la famille illustre des Husseini, qui sont, héréditairement, Grands Muphtis de Jérusalem, naquit en 1895 dans la capitale de la Palestine. Tout jeune, Haminul Husseini montra une intelligence lumineuse dans une âme volontaire.
Dès qu’il grandit, se révéla mieux encore chez lui cet art de commander sans faiblesse, quoi que sans brutalité, qui est la marque des vrais meneurs de foules.
Les qualités naturelles d’Haminul Husseini furent en quelques sorte exaltées par une instruction très vaste, où les études classiques, scientifiques et littéraires traditionnelles s’accompagnèrent de la connaissance profonde du droit coranique, de la philologie arabe et ensuite de l’art militaire.
Haminul Husseini a poursuivi inlassablement avec une activité prodigieuse un idéal dont quelques faits marquent ici les étapes : arrestation d’Ahminul, à l’âge de vingt-cinq ans, par les autorités britanniques ; évasion et retour à Jérusalem, où le jeune chef est élevé à la dignité de Grand Muphti ; mission en Angleterre près du gouvernement britannique et refus d’y accepter les propositions anglaises ; Présidence, en 1931, à Jérusalem, du grand congrès mahométan d’indépendance ;
En 1933, voyage de propagande aux Indes, en Afghanistan, en Iran et en Irak ;
En 1934, intervention heureuse de médiation et de réconciliation entre Ibn Seoud et l’iman Yahia de Yémen.
Haminul Husseini prend la direction du mouvement de grève générale de protestation antisioniste à Jérusalem, à l’occasion d’une arrivée massive de juifs.
On sait comment, peu avant la guerre actuelle, les Anglais tentèrent d’empoisonner leur vieil adversaire qui se réfugia au Liban, puis en Irak et enfin en Europe, où il réside à l’heure actuelle. Polyglotte, Haminu Husseini parle le turc et le français d’une façon très pure. L’autorité de sa parole est donc considérable.
C’est par conséquent à bon droit que le Petit Parisien a tenu à la recueillir au moment où le rêve de l’unité arabe fait tressaillir tout l’islam.
« L’unité arabe est une nécessité inéluctable »La lutte qu’il mène depuis des années pour libérer le monde arabe et islamique de la tutelle britannique est connue du monde entier.
Mohamed Haminul Husseini, appartenant à la famille illustre des Husseini, qui sont, héréditairement, Grands Muphtis de Jérusalem, naquit en 1895 dans la capitale de la Palestine. Tout jeune, Haminul Husseini montra une intelligence lumineuse dans une âme volontaire.
Dès qu’il grandit, se révéla mieux encore chez lui cet art de commander sans faiblesse, quoi que sans brutalité, qui est la marque des vrais meneurs de foules.
Les qualités naturelles d’Haminul Husseini furent en quelques sorte exaltées par une instruction très vaste, où les études classiques, scientifiques et littéraires traditionnelles s’accompagnèrent de la connaissance profonde du droit coranique, de la philologie arabe et ensuite de l’art militaire.
Haminul Husseini a poursuivi inlassablement avec une activité prodigieuse un idéal dont quelques faits marquent ici les étapes : arrestation d’Ahminul, à l’âge de vingt-cinq ans, par les autorités britanniques ; évasion et retour à Jérusalem, où le jeune chef est élevé à la dignité de Grand Muphti ; mission en Angleterre près du gouvernement britannique et refus d’y accepter les propositions anglaises ; Présidence, en 1931, à Jérusalem, du grand congrès mahométan d’indépendance ;
En 1933, voyage de propagande aux Indes, en Afghanistan, en Iran et en Irak ;
En 1934, intervention heureuse de médiation et de réconciliation entre Ibn Seoud et l’iman Yahia de Yémen.
Haminul Husseini prend la direction du mouvement de grève générale de protestation antisioniste à Jérusalem, à l’occasion d’une arrivée massive de juifs.
On sait comment, peu avant la guerre actuelle, les Anglais tentèrent d’empoisonner leur vieil adversaire qui se réfugia au Liban, puis en Irak et enfin en Europe, où il réside à l’heure actuelle. Polyglotte, Haminu Husseini parle le turc et le français d’une façon très pure. L’autorité de sa parole est donc considérable.
C’est par conséquent à bon droit que le Petit Parisien a tenu à la recueillir au moment où le rêve de l’unité arabe fait tressaillir tout l’islam.
Interrogé par notre collaborateur, M. Abd el Kader Boulakber, sur la question de l’unité arabe, le Grand Muphti répondit :
– L’unité arabe est, pour le monde arabe, une nécessité ineluctable et, pour chaque Arabe, le fondement de ses revendications. Les Arabes, dont le nombre varie entre 70 et 80 millions, ne peuvent, à moins d’être unis, occuper une place digne d’eux, exploiter leurs ressources naturelles, participer aux progrès de la civilisation et assurer leur liberté et leur indépendance.
– Certains observateurs, Eminence, croient remarquer une dislocation de la communauté musulmane semblable à la dislocation des Etat d’Europe depuis le moyen âge et donc l’impossibilité de l’union arabe.
– L’union des Arabes n’est pas impossible, car nombreux sont les facteurs de cette unité : le sang, la langue, la religion, les coutumes, les traditions, la configuration géographique, l’héritage commun, les vœux, les espérances. La nation arabe était unie dans le passé, même lorsqu’elle faisait partie de l’Empire ottoman. Depuis la Grande Guerre, les Arabes ont senti que leur unité est une nécessité fondamentale. C’est pourquoi je suis certain que la nation arabe réalisera son unité au mépris de tous les obstacles qui l’entravent.
– Comment vous représentez-vous cette unité ?
– Ce qui importe le plus, ce n’est pas la forme de l’unité, mais cette unité elle-même, car l’accord entre les toutes les régions peut se faire sur la forme, tandis que l’unité ne peut être complète que si elle comprend – condition essentielle – l’union de tous les pays arabes.
– L’unité arabe ne peut se faire sans la Palestine, ni sans tout autre pays arabe. La Palestine, outre sa position géographique exceptionnelle, ses ressources naturelles importantes et sa qualité de « Terre sainte », est le lien entre les Arabes d’Asie et leurs frères d’Afrique.
– Quelle est l’importance de l’attention apportée par le monde arabe musulmans à l’affaire de Palestine ? demande encore notre collaborateur.
– Tous les Arabes n’accepteront en aucune façon de voir la Palestine devenir une patrie pour les juifs, affirme pour terminer le Grand Muphti, de même qu’ils n’épargneront rien pour son indépendance et son rattachement à l’unité arabe recherchée.
Par Jean-Patrick Grumberg
Source JerusalemPlus