La tenniswoman israélienne Shahar Peer est au même titre que Yossi Benayoun au football ou qu’Arik Zeevi au judo, une légende du sport du pays. Choisie lors des festivités de Yom Haatsmaout en 2014 pour allumer l’une des vasques symbolisant les douze tribus d’Israël, l’octuple championne nationale de tennis a connu son heure de gloire en 2007 en atteignant les quarts de finale de l’Open d’Australie battue seulement par l’Américaine Serena Williams...Interview...
Il s’en est fallu d’un jeu pour que la carrière de Shahar Peer bascule dans l’inoubliable. Or, depuis ses exploits de Melbourne, la 121e joueuse au classement WTA peine à retrouver son lustre d’antan. Passée son élimination au dernier tour des qualifications de ce Roland Garros 2015, Shahar Peer a accepté de revenir pour IsraPresse sur sa carrière et ses futures ambitions.
IsraPresse: Il y a quasiment un mois jour pour jour, vous remportiez le tournoi ITF d’Istanbul en Turquie. Qu’avez-vous ressenti ?
Shahar Peer : J’ai été très heureuse ! J’ai ressenti beaucoup de joie et une certaine libération. Cela faisait pas mal de temps que je ne m’étais pas imposée en tournoi. C’est toujours un plaisir de remporter une compétition. Peu importe son niveau d’importance. J’ai battu d’excellentes joueuses. J’étais vraiment satisfaite du niveau de mon tennis notamment en finale. (Shahar Peer a battu en finale la Tchèque Krystina Pliskova en trois sets 1/6 6/1 6/4)
IP : Comment expliquez-vous cette attente de près de deux ans entre vos deux victoires en tournoi?
S.P : Un peu moins de deux ans. J’y tiens (Rires). Il n’y a aucune explication logique. Je me prépare avant chaque tournoi pour le gagner. Je ne sais jamais jusqu’où je peux aller dans une compétition. Je prends les matchs comme ils viennent. Mais lorsque la victoire arrive, je suis tout simplement fière de moi et heureuse.
IP : À Istanbul, il s’agissait d’un tournoi ITF équivalent du circuit Challenger chez les hommes, une compétition loin du faste et des honneurs des tournois WTA que vous avez connus. Comment parvenez-vous à trouver la motivation lorsqu’on a atteint un quart de finale de Grand Chelem à l’Open d’Australie en 2007 et qu’on a été classée 11 e joueuse mondiale ?
S.P : Je suis pragmatique de ce point de vue et j’essaie de ne pas regarder en arrière. Mon classement actuel ne me permet pas pour le moment d’accéder dans les tableaux principaux des grands tournois. Je participe donc à des compétitions de moindre importance. Mais ces tournois me permettent d’accumuler des victoires et de la confiance. Je sens toujours en moi cette flamme et cette envie de continuer dans le tennis, de remonter au classement même s’il faut passer par des tournois de « seconde zone ».
ÏP : Vous avez obtenu vos meilleurs résultats à une période où la compétition faisait rage dans le tennis féminin entre Justine Hénin, Kim Clijsters, les sœurs Williams, Maria Sharapova ou Amélie Mauresmo. Aujourd’hui le tennis féminin a quelque peu baissé de niveau et vous obtenez de moins bons résultats…
S.P : (Elle coupe) Non, selon moi le tennis féminin n’a pas baissé d’intensité. Le niveau est toujours aussi élevé et je parle en connaissance de cause. Les filles sont peut-être moins charismatiques et ont moins de personnalités que les joueuses que vous avez citées mais elles n’en sont pas moins fortes. Je dirais me concernant et en toute franchise que mon niveau a baissé au fil des ans et c’est la raison pour laquelle j’obtiens de moins bons résultats.
IP : Qu’est-ce qu’il vous manquait pour remporter un Grand Chelem ?
S.P : Déjà ma carrière n’est pas terminée donc tant que je suis sur le circuit je garde espoir de remporter un tournoi du Grand Chelem (Rires). Plus sérieusement, pour gagner l’un des quatre tournois majeurs du Tennis c’est un ensemble de plusieurs facteurs. Il faut être au sommet de son jeu, de son physique et de son mental. La chance entre aussi en ligne de compte. C’est selon moi ce qui m’a manqué pour gagner un Grand Chelem.
IP : Éprouvez-vous des regrets concernant votre carrière ?
S.P : Absolument aucun ! Je ne changerais rien à ma carrière. Je pense que tout ce que j’ai vécu dans le tennis, les bons comme les mauvais moments, m’ont forgée en tant qu’être humain et en tant que joueuse. J’ai appris sur moi. Je me suis endurcie.
IP : Avez-vous encore l’envie de continuer à jouer ?
S.P : Oui et trois fois oui. Aussi longtemps que mon physique me le permettra. J’éprouve une motivation sans bornes pour continuer à voyager et à jouer sur le circuit. J’ai toujours faim de victoires.
Propos recueillis par Jonathan SERERO
Source IsraPresse