Trois ans après son rachat par un groupe russe, la Chocolaterie de Provence double ses ventes à chaque exercice. L’usine marseillaise se développe principalement sur le marché du chocolat casher qui mobilise trois de ses quatre lignes de production...
Rachetée en 2012 par les groupes russes Dar (5 M€ de chiffre d’affaires) et UEM (30 M€ de CA) qui en détiennent chacun 50% des parts, la Chocolaterie de Provence poursuit un plan ambitieux de développement.
Malgré l’échec précédent, Yulia Serykh a pris les commandes de l’ancienne usine de Net Cacao en faillite à la barre du tribunal de commerce de Marseille. La jeune directrice générale, également actionnaire mais aussi membre du Conseil d’administration du distributeur et producteur Ivory Coast Cacao (ICC), croit en sa résurrection. Elle règne désormais sur un site de 4,5 hectares aux bâtiments signés par l’architecte Ferdinand Pouillon et occupé de 1952 à 2006 par Nestlé. Et elle se donne les moyens pour réussir avec 17 M€ d’investis contre 12 M€ promis lors de la reprise.
Yulia Serykh a tout repensé. “Net Cacao vendait du chocolat sous marque distributeur, sans profit ! Nous préférons proposer des tablettes sous notre marque en prenant le temps d’investir pour en faire une marque internationale.” L’usine commercialise également sa production dans l’industrie agroalimentaire.
Pour remettre sa chocolaterie en ordre de marche, Yulia Serykh a sorti de sa manche un atout de taille : le marché du chocolat casher. "Pendant six mois, nous avons été obligé de nettoyer toutes les lignes avant de redémarrer la production.
Nous avons fait d’une contrainte, une opportunité : celle de travailler sur le casher." Installé sur cette “bonne niche car ,peu d’entreprise proposent du chocolat casher”, la société russo-provençale a obtenu une cashrout, un rabbin vient régulièrement contrôlé les installations. “Tous les ingrédients achetés doivent être casher.
Le cacao bien entendu mais aussi la poudre de lait, les noisettes… Nous maîtrisons tout, de la fève de cacao à la tablette, un point essentiel pour réussir cette diversification” souligne Philippe Scano, directeur d’établissement et salarié depuis seize ans de la chocolaterie.
À Marseille, le chocolat casher a représenté, en 2014, une production de 600 tonnes (200 références) sur les 2 000 sorties de l’usine. En 2015, la montée en puissance permettra d’atteindre les 2 000 tonnes en casher sur les 5 500 tonnes en prévision.
Les tablettes casher de la Chocolaterie provençale, mais aussi du chocolat solide casher pour l’industrie (sous la marque Gross Shufra du britannique J.D. Gross), sont commercialisées principalement en Israël mais aussi en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Sur les quatre lignes dont dispose l’usine, trois tournent exclusivement en casher et fabriquent sept différentes tablettes et cinq qualités de drops (pépites chocolat). “Nous sommes la seule usine en Europe à pouvoir produire du chocolat casher toute l’année” s’enorgueillit la directrice général. Les restrictions demeurent draconiennes. “Nous devons notamment dédier une ligne aux produits préparés avec du lait, totalement séparée des autres” explique Philippe Scano.
Source Econostrum