Ils étaient un peu plus d’une centaine de dirigeants d’associations, de bénévoles pour l’intégration, de spécialistes de l’alya française et de journalistes à participer le 18 mars dernier à la Knesset à la présentation du plan d’encouragement à l’alya des Juifs de France, concocté en commun par une équipe de spécialistes et les représentants du ministère de l’Intégration, de l’Agence juive, du Keren Hayessod et du ministère de la Diaspora...
C’est une ministre de l’alya et de l’Intégration très émue qui a entamé la présentation, rappelant que son ministère avait changé de nom et ne se contentait plus de se préoccuper de l’aspect « intégration » en Israël, mais aussi de l’encouragement à l’alya dans les pays d’origine. « Voici plusieurs mois que nous étudions le dossier de l’alya de France et nous avons découvert qu’il y avait certes une nette augmentation de l’immigration française, mais aussi que bon nombre de Juifs français voulaient quitter l’Hexagone, mais ne choisissaient pas forcément Israël. Nous devons tout faire pour que les Juifs ne choisissent pas d’autres pays qu’Israël. Nous avons une maison et si nous devons changer les lois pour cela, nous le ferons », a affirmé Sofa Landver (Likoud-Israël Beiténou). La ministre faisait bien entendu allusion à la nécessité d’une reconnaissance des diplômes français concernant les professions médicales et paramédicales - optométristes, opticiens, physiothérapeutes - et celle de conseiller fiscal.
Le directeur du ministère, Oded Forer, a commencé sa présentation en expliquant les raisons pour lesquelles, pour la première fois de son histoire, Israël place l’alya des Juifs de France parmi ses priorités. Des chiffres tout d’abord : l’équipe qui a organisé ce programme estime que 200 000 Juifs français sont intimement liés à la communauté et à Israël. Parmi eux, 75 % se sont déjà rendus au moins une fois en Israël, 59 % ont des membres de leur famille en Israël et 36 % envisagent l’alya, soit près de 80 000 personnes.
Les raisons qui poussent les Juifs de France à monter en Israël sont principalement : la situation économique difficile en France face au développement économique fulgurant d’Israël, le taux de chômage important parmi les jeunes, mais aussi le regain d’antisémitisme enregistré ces dernières années. « L’antisémitisme a toujours existé, mais je ne le considèrerais pas comme le principal facteur de l’augmentation de l’alya. Il se greffe aux autres causes », a affirmé Forer.
Ceux qui envisagent l’alya veulent s’assurer d’une vie juive active pour eux et leurs enfants. Ils sont en contact avec leurs amis et les membres de leur famille qui ont déjà franchi le pas et les rassurent, mais, déplore Forer, « nous avons malheureusement constaté qu’une bonne partie de la communauté ne connaissait pas les programmes d’aide aux olim qu’offre l’État d’Israël ».
Un département entièrement dédié à l’alya de France va donc être créé et gèrera le processus d’immigration du début jusqu’à la fin, en France comme en Israël. Sont prévus : une augmentation du personnel du Global Center (qui reçoit les demandes de renseignements concernant l’alya et gère l’aspect administratif), des chli’him de l’Agence juive, des responsables d’intégration dans les villes d’Israël. Les salons de l’alya devraient se multiplier, et une information complète devrait être accessible pas seulement dans les grandes villes, mais aussi parmi les petites communautés de province et le public ‘harédi.
Concernant la reconnaissance des diplômes, Forer affirme qu’il est « inconcevable qu’un Juif français ne puisse pas pratiquer son métier en Israël » et qu’il « renversera la table du gouvernement, s’il le faut, pour permettre que les diplômes français soient reconnus ». Selon lui, tous les ministères vont coopérer pour permettre à ce changement d’avoir lieu.
Répondant à une question du public, Forer a déclaré que 17.5 millions de shekels allaient être investis dans ce programme en 2014. Pour de nombreuses personnes présentes, ce chiffre est bien inférieur aux véritables besoins de l’alya française. Présent sur place, Sam Kadoch, qui dirige le Centre National des Étudiants francophones en Israël, a confié à Hamodia qu’il regrettait principalement deux lacunes dans ce programme : « La première, c’est que toute une partie de la communauté semble avoir été oubliée : il n’y a pas que des médecins et des dentistes parmi la communauté juive de France. On n’a pas suffisamment parlé de ceux qui sont en difficulté financière et qui ont besoin de beaucoup d’aide pour réussir leur intégration. Si on constate une augmentation de l’alya, il faudrait peut-être prévoir la construction d’HLM par exemple. Deuxième point : j’ai beaucoup apprécié le fait que les grands organismes publics et étatiques coopèrent dans le cadre de ce programme, mais le tissu associatif francophone y était absent alors qu’il doit faire partie intégrante du processus. Mais je reste positif et j’estime qu’in fine, la commission et ses experts ont réalisé ici un très beau travail qu’il faut reconnaître ».
Source Hamodia