La menace imminente de guerre chimique qui guette les civils syriens et leurs voisins vient de prendre une tournure spectaculaire avec l’annonce du ministre des affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, le samedi 22 décembre, déclarant que « le gouvernement syrien a » consolidé ses armes chimiques dans une ou deux locations à la suite d’une attaque de rebelles, et sont sous contrôle pour l’instant ». La Russie ajouta-t-il, « qui a des conseillers militaires qui entrainent les soldats syriens, veille étroitement sur cet arsenal chimique. »
Lavrov ne fournit aucun détail au sujet de la façon dont cet arsenal a été démonté ni son emplacement. Mais sa référence « des conseillers militaires russes qui entrainent les soldats syriens », indique clairement que les forces russes participaient directement au transfert des armes de destruction massive, les mettant hors de la portée des terroristes Jabhat al-Nusra.
Son affirmation qu'elles se trouvent « sous contrôle » indique que la Russie participe également à leur sauvegarde.
Les sources de Moscou de DEBKAfile ajoutent : l’intervention militaire russe dans la guerre civile syrienne touche quatre objectifs :
1. La prévention d'une action militaire occidentale ou israélienne pour prendre le contrôle de l’arsenal d’armes chimiques et biologiques syrien ;
2. La prévention d’une intervention militaire occidentale dans la guerre civile derrière les forces vouées à la destitution de Bashar Assad. L'armée russe est maintenant engagée dans la double mission de surveiller son arsenal d'armes de destruction massive et son régime ;
3. La présence militaire russe en Syrie livre une gifle retentissante aux rebelles ;
4. L’intervention russe et sa présence militaire déposent des jalons à Moscou et Washington pour collaborer consciemment sur un accord qui mettra fin à la guerre civile syrienne.
DEBKAfile rapportait le vendredi 21 décembre :
L’armée de l'Air syrienne a tiré à nouveau ses missiles Scud, cette fois pour bloquer l’offensive générale des forces de l'opposition syrienne, renfermant des djihadistes, déclenchée le vendredi 21 décembre, pour la saisie du complexe militaro-industriel de l'armée syrienne à Al Safira avec son gros stock d'armes chimiques et biologiques jouxtant l'établissement. C'est là, où sont positionnés les missiles Scud D, prêts à être tirés avec leurs charges chimiques.
Les forces rebelles de l’est, de l’ouest et du sud, convergent vers Al Safira. Parmi elles figurent les brigades de Jabhat al-Nusra, désignées par les USA comme une filiale d'Al-Qaïda en Iraq.
Les sources militaires de DEBKAfile soulignent l’extrême violence des combats. Les rebelles sont parvenus à des points situés à un et deux kilomètres des murs d'enceinte des magasins d'armes chimiques d’Al Safira, et sont pilonnés par des avions de combat et des hélicoptères d’assaut syriens ainsi que des Scud, dans un effort désespéré de stopper leur avance.
Parvenir à s’emparer de ces magasins basculerait à nouveau l'équilibre de la guerre en leur faveur et conduirait le président Bashar Assad face à la décision cruciale d'aborder l’étendue périlleuse d’une guerre chimique contre les rebelles ou même contre des cibles de l'OTAN ou des États-Unis au-delà de la Syrie.
Un facteur principal dans sa décision proviendra de l'information reçue de Moscou et Téhéran - et sans doute transmise au dirigeant syrien – que les rebelles prenant part à l'offensive ont été formés au cours des dernières semaines en Jordanie du Nord par les USA, les tchèque et des officiers en tactique polonais pour la capture des caches chimiques ou biologiques et leur démantèlement.
Les observateurs en intelligence militaire russes et iraniens soupçonnent la présence dans la force d'assaut de rebelles d’éléments des trois armées ainsi que des jordaniens, afin d'être sur place lorsque les armes de destruction massive seront prises et remises aux forces de l'OTAN. Pour atteindre ce but, ils doivent combattre les brigades Jabhat al-Nusra, bien qu’à cet instant, ceux sont les djihadistes qui sont en tête de course.
La bataille pour Al Safira a contraint les États-Unis et l'OTAN à intervenir directement au sein des hostilités syriennes. Les services de renseignement occidentaux estiment que, même si Assad est destitué, de grandes quantités de quelques unes de ces armes interdites resteront dans ce complexe, qu’il faudra empêcher qu’elles ne choient entre de mauvaises mains.