lundi 31 décembre 2012

2012 : une année perdue pour l’ économie israélienne ?



Comme chaque année, l’heure est aux comptes pour l’économie israélienne. En ce début 2013, l’approche des législatives transforme le bilan de 2012 en argument de campagne électorale. Certes, l’économie d’Israël s’en sort mieux que celle de la plupart des pays occidentaux: avec 3,3% de croissance du PIB en 2012, Israël fait figure d’exception dans la morosité internationale. Mais l’augmentation de la richesse nationale ne signifie pas que tous les Israéliens vivent mieux, notamment parce que de nombreuses promesses du gouvernement n’ont pas été tenues: la cherté de la vie ne s’est pas atténuée, la pénurie de l’immobilier ne s’est pas résorbée, la pauvreté n’a pas diminué, les exportations sont menacées par le renforcement du shekel, et la paix économique avec les Palestiniens n’est plus à l’ordre du jour.
Contrairement aux apparences, de nombreux baromètres montrent que 2012 aura été une année perdue pour l’économie israélienne. En voici les principaux symptômes.

Une année perdue pour la contestation sociale. La protestation populaire contre la vie chère, déclenchée à l’été 2011, n’aura pas eu l’effet à long terme escompté. Après une légère pause, les prix des produits courants sont repartis à la hausse dans le courant de 2012: la facture d’électricité s’est alourdie de 10%, le litre d’essence a franchi la barre symbolique des 8 shekels (1,6 euro), le prix du pain subventionné a renchéri de 6,5%, les taxes sur les cigarettes et essence ont fait un bond de 20%, et même le prix du fromage blanc “cottage” a repris 5% en 2012.

Une année perdue pour les pauvres. 1.8 million d’Israéliens vivent encore en dessous du seuil de pauvreté et ce chiffre ne diminue pas: désormais, un Israélien sur quatre (19,9%) vit dans la pauvreté. Parmi les enfants, la situation s’est encore aggravée l’an passé: près de 900.000 petits israéliens vivent dans des familles pauvres, soit un enfant sur trois est pauvre.

Une année perdue pour la construction de logements. A l’origine de la “révolte des tentes” de l’été 2011, la cherté du logement s’est poursuivie sans relâche: en 2012 aussi, le prix moyen du logement a augmenté de 4%. Contrairement à la promesse du gouvernement, le boom de la construction n’a pas eu lieu et les mises en chantier ont même reculé: de janvier à septembre 2012, 28.130 logements ont été mis en chantier, soit 19% de moins que l’année précédente. La pénurie de constructions ne permet toujours pas de resserrer l’écart entre la demande croissante et l’offre stagnante.

Une année perdue pour la Bourse de Tel Aviv. En 2012, le volume des transactions réalisées à la bourse de Tel Aviv a reculé de 38% par rapport à 2011, et de 50% par rapport à 2010. Cet assèchement| des capitaux à la Bourse trouverait sa source dans la faiblesse des cours qui décourage les investisseurs. Certes, l’indice TA-25 a rebondi 8% en 2012, mais cela ne compense pas la chute de 18% de 2011. Sans compter que les petits actionnaires ont été priés de mettre la main à leur portefeuille pour sauver de la faillite les grands “Tycoons” israéliens, comme Itzhak Techouva (immobilier et énergie), Nohi Dankner (consortium IDB), qui ont accumulé d’importantes dettes.

Une année perdue pour le shekel. Après avoir reculé en 2011, le shekel a fait du sur-place pendant quelques mois pour reprendre son envolée à la fin de 2012: au 30 décembre 2012, le dollar était coté à 3,72 shekels soit une baisse de 6,5% en deux mois. Les industriels, qui craignent pour la rentabilité de leurs exportations, réclament une intervention immédiate de la Banque centrale pour soutenir le cours du billet vert. Le renforcement du shekel est observé aussi vis-à-vis de l’euro qui est coté à 4,95 shekels en fin 2012.

Une année perdue pour la paix économique avec les Palestiniens. Lancée en 2009 par Benyamin Netanyahou, la stratégie de “paix économique” avec les Palestiniens ne s’est pas accompagnée de négociations de paix avec l’Autorité palestinienne. Résultat: les Palestiniens se sont tournés vers l’ONU pour obtenir la reconnaissance unilatérale de l’Etat de Palestine. La diplomatie israélienne est mise en difficulté et ce ne sont pas les mesures israéliennes de rétorsion qui vont faciliter le retour à une table de négociations.


Source IsraelValley