À la suite d'un reportage tourné dans un bastion de la rébellion en Syrie par deux journalistes israéliens, des chaînes de télévision proche de Damas accusent les insurgés de sympathiser avec "l'ennemi".
En 2012, 17 journalistes ont perdu la vie en Syrie, selon plusieurs ONG. Depuis le début du soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad, en mars 2011, la Syrie est un terrain miné pour les médias. A fortiori pour des journalistes israéliens, vu l’antagonisme existant entre ces deux pays voisins, toujours officiellement en guerre. Ces élements n’ont pas dissuadé Itay Angel et Amir Tivon, deux journalistes de la chaîne israélienne Channel 2, de se rendre sur place via la Turquie. Une première. Leur reportage tourné dans la région d’Idlib, un bastion rebelle, et réalisé dans le cadre du programme d’investigation "Uvda", a été diffusé lundi soir.
La simple révélation de leur nationalité aurait pu leur causer de sérieux ennuis non seulement avec les forces du régime, mais aussi avec les rebelles. Contacté par FRANCE 24, Itay Angel a assuré que l’ensemble des intervenants dans le reportage, des insurgés et des habitants de la région, ignoraient totalement que les deux journalistes étaient israéliens.
"Nous sommes exclusivement contre Bachar el-Assad et son régime. (…) Si Sharon l’Israélien [l’ancien Premier ministre de l’État hébreu Ariel Sharon, NDLR] vient chez moi et me dit qu’il est contre Bachar, il aura ma confiance", a notamment répondu un chef rebelle, à l’une de leurs questions.
Les médias pro-syriens crient au scandale
L’évocation par un rebelle d’Ariel Sharon, perçu généralement comme un criminel de guerre dans les pays arabes, a fortiori au micro d’un journaliste israélien, a provoqué l’ire des médias proches de Damas qui ont déclenché une polémique et rediffusé le reportage. Notamment la télévision libanaise Al-Manar, qui n’est autre que la chaîne du Hezbollah, dont le chef Hassan Nasrallah est l’ennemi public numéro un d’Israël.
"Une nouvelle fois, des journalistes israéliens sont les invités des insurgés syriens, et une nouvelle fois, ces derniers affichent ne rien avoir contre Israël", écrit Al-Manar sur son site web. Contrairement aux déclarations d’Itay Angel, le média du parti chiite affirme que les rebelles syriens étaient bel et bien au courant de la nationalité des deux journalistes.
Source France24
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