En 2018-2019, Paul a très activement participé à la conception de l'exposition itinérante « De l'Ardèche à Auschwitz » réalisée par des élèves du lycée Gabriel-Faure à Tournon, qui retrace les événements liés au sauvetage des enfants et des familles juives, accueillis clandestinement en Ardèche.
Pour Paul, la mémoire collective de ces événements doit rester vive : « le risque, c'est que les jeunes s'en foutent, quand on voit ce qui se passe, c'est inquiétant... »
Samuel et Noémie Dejour ont accueilli en 1942 Jean Baumel, âgé de 9 ans, raflé et interné au camp de Vénissieux, sauvé de la déportation.
Paul évoque son père comme un homme « énergique, autoritaire, avec une vie pas facile... Pour accueillir Jean, il ne s'est pas posé de question. C'était un homme courageux.
Pour lui, protestant convaincu, la persécution du peuple juif, c'était impensable, inadmissible. Il avait une aversion pour tout cela. Ma mère Noémie était totalement d'accord avec lui. Et Jean a été accueilli du jour au lendemain comme un enfant de la famille. »
Les deux enfants nouent alors une amitié fraternelle qui se poursuit aujourd'hui encore. « On ne m'a rien expliqué. Moi, ça me paraissait normal, c'était un enfant comme un autre.
Chez nous, Jean se sentait à l'abri, il ne me parlait pas vraiment de son histoire, il m'a dit le nom de ses parents mais c'est tout ». En 1944, Jean partira à Romans, puis dans d'autres structures d'aide aux enfants juifs. Adulte, il s'installera à Prelles, avec son épouse Claudine.
Paul Dejour connaît en profondeur l'histoire locale, et son esprit de résistance. « Il y avait aussi des réfractaires qui se cachaient dans le secteur. Cette protection du persécuté, c'est vraiment l'état d'esprit protestant. Evidemment, c'était dangereux tout cela, il y a eu des dénonciations, des représailles... » souligne Paul Dejour.
Il s'est également fortement impliqué dans la vie locale : il sera secrétaire de mairie à Saint-Sauveur pendant 15 ans, puis conseiller municipal à Chalencon de 1995 à 2020.
« ils ne voulaient pas me laisser partir, je m'occupe de la trésorerie, personne ne veut s'en charger » dit-il en souriant.
Aujourd'hui, Paul et Yvonne savourent leurs promenades quotidiennes, cultivent leur jardin... et la mémoire des Justes.
Source Hebdo L'Ardeche
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