lundi 1 juin 2020

MIke Brant : 45 ans déjà !


Le 25 avril 1975, le chanteur israélien se féfenestrait à l'âge de 28 ans. Une étoile filante, disparue en pleine gloire... Mais aujourd'hui encore, Mike Brant reste toujours dans nos coeurs......Portrait........


Yeux de velours, sourire enjôleur, chemises satinées et échancrées sur toison arrogante… 
De 1969 à avril 1975, avec ses allures d'Apollon oriental, Mike Brant tombe les filles et aligne les tubes avec plus de 15 millions de disques vendus. Mais, dépressif, terrorisé par l'hystérie qu'il déclenche, déçu par un entourage qu'il soupçonne de vouloir profiter de sa notoriété, le crooner israélien à la gueule d'ange et à la voix puissante se défenestre le 25 avril 1975 d'un appartement parisien du XVIe  arrondissement. Il n'a que 28 ans. 
Cette étoile filante, qui apprenait ses chansons en phonétique, laisse dans son sillage une foule d'admiratrices éplorées.

FILS DE RESCAPÉS

Mike Brant est le fils de deux Polonais durement touchés par la Seconde Guerre mondiale qui vient de s'achever. Sa mère, Bronia, est une rescapée du camp d'Auschwitz-Birkenau, tandis que son père, Fishel, a été résistant sur le front de l'Est. 
Comme de nombreux juifs européens, ils sont alors en route pour la Palestine. Bloqués sur l'île de Chypre par l'armée anglaise, ils attendent dans un camp de réfugiés, à Famagouste. C'est là que, le 1er  février 1947, Moshé Brand voit le jour, dans un hôpital de fortune.
En 1950, Bronia et Fischel Brand avec leurs fils : Moshé (debout), à 3 ans, et Zvi.
Quelques mois plus tard, la famille parvient à s'installer à Haïfa, sur le sol du futur État d'Israël, où le jeune Moshé fait ses premiers pas. Un deuxième garçon, Zvi, naît en janvier 1950. Durant ses quatre ou cinq premières années, le petit Moshé reste muet. 
Puis, comme pour rattraper le temps perdu, il intègre la chorale d'enfants d'une synagogue où il est le seul garçon. 
Ne goûtant guère les airs qu'on lui fait interpréter, il finit par monter un groupe, Les Chocolates, avec son frère Zvi. Ils se produisent dans les hôtels et boîtes de nuit, reprenant des standards que Moshé interprète phonétiquement car il maîtrise mal l'anglais !
Suite à l'accident de voiture du chanteur, en février 1971, son producteur s'arrange pour dramatiser les blessures de Mike afin de faire parler de lui.
Afin d'être crédible en vedette américaine, il adopte le prénom plus glamour de Mike. Pris de passion pour ce métier, il décrète à sa famille qu'il sera « vedette ou clochard ». 
Il fait alors sa première rencontre décisive : Jonathan Karmon, le pape du music-hall israélien, qui l'embarque avec sa troupe pour une grande tournée aux États-Unis et en Afrique du Sud. Puis, en 1969, c'est à Téhéran, en Iran, qu'il est repéré dans un cabaret par Carlos et Sylvie Vartan. C'est elle qui lui donne le rendez-vous de la chance pour se faire une place au soleil de la chanson populaire, à Paris. 
Monique Le Marcis, alors chargée de la programmation musicale sur RTL, croira aussi en lui et ne sera pas la seule ! Compositeurs, paroliers, agents lorgnent désormais sur le jeune prodige, dont Jean Renard, le directeur artistique de nombreuses vedettes.
Au fil de sa courte carrière, le beau crooner a multiplié les unes de la presse jeunesse de l'époque.
En seulement cinq ans, le chanteur a enregistré près de cinquante titres…
Ce dernier change son nom en Brant (Brand rappelant trop une marque d'électroménager !) et le relooke à la mode seventies (pantalon pattes d'éléphant et chemise de satin entrouverte). 
Peu familier de la langue française, il faut à Mike 260 séances pour parvenir à enregistrer son premier succès Laisse-moi t'aimer, en 1970 ! Il enchaîne avec deux autres 45-tours, Un grand bonheur et Mais dans la lumière, avec lequel il remporte le grand prix RTL international. 
Il fait la une de Podium, Mademoiselle Âge Tendre, Salut les Copains, et devient, lui aussi, une « idole des jeunes ». En Israël, les disques de l'enfant du pays se vendent comme des petits pains.
Après avoir partagé la scène de l'Olympia en 1971, Dalida et Mike Brant sont restés de proches amis.

CLOCLO DÉTRÔNÉ !

Le 14 février 1971, le chanteur est victime d'un accident de voiture. S'il s'en sort avec un traumatisme crânien, son producteur s'en sert, lui, pour accroître encore sa notoriété. 
En novembre, Mike, qui, jusque-là, préférait se produire en province ne se sentant pas prêt à affronter le public de la capitale, assure la première partie de Dalida à l'Olympia. La presse n'est pas tendre avec lui et ce passage à l'Olympia entraîne sa rupture professionnelle avec Jean Renard qui y était opposé. C'est le producteur artistique Charles Talar qui récupère l'idole.
Mike trouve aussi un nouvel équilibre professionnel avec le parolier Michel Jourdan. Ce dernier lui apporte, en 1972, la chanson Qui saura, adaptée du titre Che Sarà, de José Feliciano. Numéro 1 des ventes de disques, ce tube scelle définitivement sa gloire, éclipsant même Claude François au référendum annuel organisé par le magazine Hit ! 
Rien qu'une larme, C'est comme ça que je t'aime…, un succès en chasse alors un autre pour cette voix d'or de stentor qui chante les cœurs brisés et les désirs brûlants.

DESCENTE AUX ENFERS

En 1974, Mike Brant change à nouveau de producteur. En signant chez Polydor, il passe sous la houlette de Simon Wajntrob, personnage truculent, imprésario de Salvador Dalí. Mike est séduit par son bagou et le fait que Simon parle hébreu. 
C'est un peu de sa terre et de sa famille qu'il voit en lui. Mais cette année, riche en tournées et concerts (250 galas !), éreinte l'artiste. Un soir, épuisé, il quitte la scène et hurle en coulisses : « Je ne veux plus être Mike Brant ! »
Zvi Brant se recueille souvent sur la tombe de son frère Mike.
Quelques mois avant, son séjour en Israël, afin de soutenir les soldats lors de la guerre du Kippour, l'a traumatisé. 
Le chanteur est également affecté par son nouveau contrat qui ne répond pas à ses attentes. Son moral chancelle. Sa déprime se mue en dépression. Il fait un séjour en hôpital psychiatrique. 
Il a tout pour lui et il veut mourir. Le 22 novembre, harcelé par son nouveau manager, il regarde la mort en face et se jette par la fenêtre de l'hôtel de la Paix, à Genève, en Suisse. 
Il ne doit son salut qu'à sa chaussure, restée coincée à une balustrade, ralentissant sa chute. Mike s'en tire avec des fractures.
Toutefois, le métier n'attend pas. Il reprend donc le chemin des studios en travaillant à nouveau avec son producteur d'origine, Jean Renard, sur une adaptation de Feelings. Ravi, Mike Brant considère Dis-lui comme sa meilleure chanson.
Cela n'aura toutefois pas raison de ses tourments puisque, le 25 avril 1975, il ne rate pas son nouveau rendez-vous avec la mort, en se jetant de la terrasse de l'appartement d'une amie. Il est enterré auprès de son père, dans le petit cimetière d'Haïfa. 
On s'arrache sa dernière chanson Dis-lui, qui se vendra à plus d'un million d'exemplaires. Par sa carrière météorique, Mike Brant a laissé l'image de l'étoile filante absolue. 
Surgi de nulle part et vite disparu, devenu star dans un pays où il n'a jamais cessé de se sentir étranger et isolé. Sa tombe en pierre blanche a la forme d'un arbre brisé, comme pour tous les Israéliens morts jeunes.

Dominique PARRAVANO

Source France Dimanche
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